Sutras – Sanghata Sutta

Sanghata Sutta
(Arya Sanghata shastradharmma paryaya)

Sutra de la grande purification

Hommage à tous les Éveilles et bodhisattvas !

Ainsi ai-je entendu en une occasion : le Vainqueur transcendant se trouvait à Rajagriha, au Pic des Vautours, en compagnie d’une vaste assemblée de trente-deux mille moines, parmi lesquels le vénérable omniscient Kaundinya, le grand et vénérable Maudgalyana, le vénérable Shariputra, le grand et vénérable Kashyapa, le vénérable Rahula, le vénérable Bakkula, le vénérable Bhadrapala, le vénérable Bhadrashri, le vénérable Chandanashri, le vénérable Jangula, le vénérable Subhuti, le vénérable Revata, le vénérable Nandasena, le vénérable Ananda ; ainsi que de soixante-deux mille bodhisattvas, parmi lesquels le bodhisattva, le grand être Maitreya, le bodhisattva, le grand être Sarvashura, le bodhisattva, le grand être Kumarashri, le bodhisattva, le grand être Kumaravasin, le bodhisattva, le grand être Kumarabhadra, le bodhisattva, le grand être Anuna, le bodhisattva, le grand être Manjushri, le bodhisattva, le grand être Samantabhadra, le bodhisattva, le grand être Sudarshana, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, le bodhisattva, le grand être Vajrasana ; ainsi que de douze mille fils de dieux, parmi lesquels le fils divin Arjuna, le fils divin Bhadra, le fils divin Subhadra, le fils divin Dharmaruci, le fils divin Chandanagarbha, le fils divin Chandanavasin, le fils divin Chandana ; ainsi que de huit mille filles de dieux, parmi lesquelles la fille divine Mrdamgini, la fille divine Prasadavati, la fille divine Mahatmasamprayukta, la fille divine OEil de Gloire, la fille divine Prajapati Vasini, la fille divine Balini, la fille divine Glorieuse Richesse, la fille divine Subahuyukta ; ainsi que de huit mille rois nagas, parmi lesquels le roi naga Apalala, le roi naga Elapatra, le roi naga Trimimgila, le roi naga Khumbasara, le roi naga Kumbhashirsha, le roi naga Cause de Vertu, le roi naga Sunanda, le roi naga Sushakha, le roi naga Gavashirsha.

Tous se dirigèrent alors à Rajagriha, au Pic des Vautours, où se trouvait le Vainqueur transcendant. Sitôt arrivés, ils s’inclinèrent et, de leur tête, honorèrent les pieds du Vainqueur transcendant, puis effectuèrent trois circumambulations autour du Vainqueur transcendant et prirent place devant lui.

Le Vainqueur transcendant les accueillit en silence.

Alors, le grand bodhisattva, le grand être Sarvashura se leva, remonta sa robe supérieure sur une épaule, plaça le genou droit au sol et, s’inclinant les mains jointes devant le Vainqueur transcendant, s’adressa à lui :

– Vainqueur transcendant, un million de dieux, autant d’enfants de dieux, des millions de bodhisattvas se sont rassemblés. Vainqueur transcendant, des millions d’auditeurs, de rois nagas se sont aussi regroupés et installés pour écouter la doctrine. Aussi, puisse l’Ainsi allé, le Destructeur de l’ennemi, l’Eveillé parfaitement accompli, expliquer cette entrée dans la méthode de la doctrine dont la simple écoute purifie instantanément les vieux êtres de tous leurs voiles karmiques, incite les jeunes êtres à pratiquer diligemment la doctrine vertueuse et à acquérir ainsi la noblesse ; de ce fait, leurs actions vertueuses ne dégénéreront pas, ne dégénérerontaucunement, ne dégénéreront jamais.

Le Vainqueur transcendant répondit alors au bodhisattva, le grand être Sarvashura :

– Sarvashura, que tu aies pensé à interroger l’Ainsi-allé sur ce sujet est excellent ! Vraiment excellent ! Aussi, Sarvashura, écoute attentivement et retiens bien ce que je vais expliquer.

– Il en sera ainsi, répondit-il au Vainqueur transcendant.

Puis, le bodhisattva, le grand être Sarvashura écouta le Vainqueur transcendant.

– Sarvashura, dit le Vainqueur transcendant, il est une instruction appelée Sanghata qui s’applique à Jambudvipa. Quiconque entendra cette instruction de Sanghata sera purifié de ses cinq actes aux conséquences immédiates ; il ne se détournera jamais de l’éveil insurpassable et pleinement accompli. Sarvashura, si tu t’interroges sur le pourquoi de ceci et penses que ceux qui entendent ce Discours de Sanghata créent un aussi grand mérite que celui accumulé par un seul Ainsi-allé, Sarvashura, ce n’est pas ainsi qu’il faut le voir.

– Comment doit-on le voir ? s’enquit Sarvashura.

– Sarvashura, ces bodhisattvas engendrent une masse de mérites égale à celle d’Ainsi-allés, Destructeurs- de-l’ennemi, Eveillés pleinement accomplis, égaux en nombre aux grains de sable du Gange. Sarvashura, tous ceux qui entendent cette instruction de Sanghata ne reviendront jamais enarrière. Ils verront l’Ainsi-allé, ils ne seront jamais séparés de la vision de l’Ainsi-allé. Ils s’éveilleront pleinement à l’éveil insurpassable et pleinement accompli. Les phénomènes vertueux qu’ils réaliseront ne seront pas détruits par les maléfiques maras. Sarvashura, tous ceux qui entendent cette instruction de Sanghata comprendront la naissance et la cessation.

A cet instant même, tous les bodhisattvas se levèrent de leur siège, remontèrent leur robe supérieure sur une épaule, placèrent le genou droit au sol et demandèrent au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, quelle est la masse de mérites d’un Ainsi-allé ?

– Fils de la lignée, écoutez ! La mesure de la masse de mérites d’un Eveillé équivaut à ceci. Si par exemple, la nombre de gouttes d’eau dans le grand océan, de particules de poussière dans le monde et de grains de sable dans le Gange est égal à la masse de mérites d’un bodhisattva qui demeure à la dixième terre, la masse de mérites d’un Eveillé est bien supérieure à cela. Quant aux êtres qui entendront l’instruction de Sanghata, la masse de mérites qu’ils produiront sera aussi bien supérieure à cela. Il est inconcevable d’envisager la limite de cette masse de mérites en la mesurant. Sarvashura, ceux qui, à ce moment-là, à cet instant même, ressentent une grande inspiration en entendant ces mots, créeront une incommensurable masse de mérites.

Puis le bodhisattva, le grand être Sarvashura demanda au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, qui sont ces êtres qui aspirent si intensément à la doctrine ?

Le Vainqueur transcendant répondit alors au bodhisattva, le grand être Sarvashura :

– Sarvashura, ces êtres ont une aspiration aussi intense sont au nombre de deux. Qui sont ces deux ?

Sarvashura, les voici : l’un a un esprit égal envers tous les êtres, le deuxième, après avoir entendu la doctrine, la transmet parfaitement à tous les êtres de façon égale.

– Vainqueur transcendant, qui après avoir entendu la doctrine, la transmet parfaitement à tous les êtres de façon égale ? demanda le bodhisattva, le grand être Sarvashura.

– Sarvashura, l’un dédie pleinement à l’éveil ce qu’il a entendu. L’ayant pleinement dédié à l’éveil pour le bien de tous les êtres, il aspire intensément à la doctrine. Sarvashura, le deuxième inclut quiconque entre dans le Grand Véhicule ; celui-là a toujours une aspiration intense pour la doctrine.

Alors, les myriades de dieux, esprits-serpents, hommes, fils et filles de dieux se levèrent et, joignant les mains vers le Vainqueur transcendant, s’adressèrent à lui :

– Vainqueur transcendant, nous qui avons aussi une aspiration intense pour la doctrine, prions le Vainqueur transcendant de pleinement exaucer nos voeux et ceux de tous les êtres.

Alors, à cet instant, le Vainqueur transcendant sourit. Puis le bodhisattva, le grand être Sarvashura se leva et, les mains jointes, s’inclinant devant le Vainqueur transcendant, s’adressa à lui :

– Vainqueur transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison de votre sourire ?

Le Vainqueur transcendant dit alors au bodhisattva, le grand être Sarvashura :

– Sarvashura, les êtres qui sont arrivés jusqu’ici seront pleinement éveillés dans l’insurpassable éveil pleinement accompli. Tous accompliront parfaitement les domaines d’activités des Ainsi-allés.

Le bodhisattva, le grand être Sarvashura demanda :

– Par quelle cause, par quelle condition, les êtres arrivés jusqu’ici seront-ils pleinement éveillés dans l’insurpassable éveil parfaitement accompli ?

– Sarvashura, il est excellent, vraiment excellent, que tu interroges l’Ainsiallé sur ce sujet. Sarvashura, écoute donc quels sont les attributs de la dédicace.

Sarvashura, jadis, à une époque très ancienne, voici d’innombrables périodes cosmiques, vint en ce monde un Vainqueur transcendant, Ainsi-allé, Destructeur-de-l’ennemi, Eveillé pleinement accompli, nommé Ratnashri, pourvu de sagesse et d’une noble conduite, allé en félicité, connaisseur du monde, inégalable convoyeur des êtres à guider, maître des dieux et des hommes.

Sarvashura, en ce temps-là, à ce moment-là, j’étais un jeune brahmane.Tous les êtres que je menais à la sagesse primordiale d’Eveillé étaient alors des animaux sauvages.

En ce temps-là, à ce moment-là, je fis cette prière : “Que tous les animaux sauvages actuellement tourmentés par la souffrance renaissent dans mon champ d’Eveillé. Puissé-je aussi les mener à la sagesse primordiale d’Eveillé.” Et tous les animaux qui entendirent ces mots, acquiescèrent :

“Puisse-t-il en être ainsi !”

Sarvashura, par cette racine de bien, ces êtres se retrouvent ici et seront pleinement éveillés dans l’insurpassable éveil pleinement accompli.

Ayant entendu l’Eveillé annoncer cette chose des plus joyeuses, le bodhisattva, le grand être Sarvashura demanda au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, quelle est la durée de vie possible pour ces êtres ?

– Ces êtres peuvent avoir une durée de vie de quatre-vingt mille périodes cosmiques.

Le bodhisattva, le grand être Sarvashura demanda alors :

– Vainqueur transcendant, combien mesure une période cosmique ?

– Fils de la lignée, écoute ! Il en est ainsi : imagine qu’un homme érige une enclos de douze yojanas de circonférence et de trois yojanas de haut, dont l’intérieur serait exclusivement rempli de grains de sésame. Au terme d’une période de mille ans, cet homme enlèverait un seul grain de cet enclos totalement empli de grains de sésame. Et bien, même lorsque cet homme aurait puisé tous ces grains de sésame et que les fondations et la base de cet enclos auraient disparu, une période cosmique ne se serait pas encore écoulée.

De plus Sarvashura, il en est ainsi. Imagine qu’il se trouve une montagne de cinquante yojanas de profondeur et de dix yojanas de haut. Si un homme bâtissait une maison sur le flanc de cette montagne et que, longtemps après, une fois tous les cent ans, l’essuyait avec un tissu de soie ; la montagne serait-elle effacée qu’une période cosmique ne se serait toujours pas écoulée. Sarvashura, telle est la durée d’une période cosmique.

Alors, le bodhisattva, le grand être Sarvashura se leva de son siège et s’adressa au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, si une seule dédicace produit une masse de mérites telle qu’il en résulte quatre- vingts périodes cosmiques de vie heureuse, que dire alors d’une personne qui a une grande vénération pour les enseignements de l’Ainsi-allé ?

– Fils de la lignée, écoute ! Si quiconque entendant l’instruction du Discours de Sanghata peut gagner une durée de vie de quatre-vingt-quatre mille périodes cosmiques, que dire de celui qui entreprend de copier le Discours de Sanghata et le lit ? Sarvashura, cette personne crée unemasse de mérites extrêmement vaste.

Sarvashura, quiconque, avec confiance et sincérité, rend hommage au Discours de Sanghata se souviendra de quatre-vingt-dix-neuf vies antérieures.

Cette personne deviendra un monarque universel pendant soixante périodes cosmiques. Pendant cette vie-là, tout le monde l’aimera également. Sarvashura, cette personne ne mourra pas par les armes.

Cette personne ne mourra pas par le poison. Cette personne ne sera pas victime de la magie noire. Même à l’heure du trépas, cette personne percevra clairement quatre-vingt-dix-neuf millions d’Eveillés.

Sarvashura, ces Eveillés, ces Vainqueurs transcendants diront alors à cette personne :

“Saint être, puisque tu as entendu précisément la grande instruction de Sanghata, cette masse de mérites est apparue.”

Et si ces quatre-vingt-dix-neuf millions d’Eveillés, de Vainqueur transcendants, prédisent individuellement son domaine, Sarvashura, que dire alors d’une écoute de cette grande Instruction de Sanghata au long, de façon complète et vaste ?

Cette personne sera réconfortée et ils lui diront : “Ne crains rien !”

Ensuite, le grand bodhisattva, le grand être Sarvashura, demanda au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, si moi aussi j’écoute la grande instruction de Sanghata, Vainqueur transcendant, quelle masse de mérites produirai-je ?

– Sarvashura, répondit le Vainqueur transcendant, ces êtres créeront une masse de mérites égale à celle d’Eveillés, Ainsi-allés aussi nombreux queles grains de sable du Gange.

– Vainqueur transcendant, lorsque j’écoute la grande instruction de Sanghata, je ne m’en lasse pas.

– Sarvashura, répondit le Vainqueur transcendant, il est excellent, vraiment excellent que tu ne te lasses pas des enseignements. Sarvashura, puisque moi non plus, je ne me lasse pas des enseignements, Sarvashura, que dire alors des êtres ordinaires qui ne s’en lassent pas ? Sarvashura, un fils ou une fille de la lignée, ou quiconque a confiance dans le Grand Véhicule, ne se dirigera pas vers de mauvaises destinées pendant mille périodes cosmiques, ne renaîtra pas comme animal pendant cinq mille périodes cosmiques, ne sera pas malveillant pendant douze mille périodes cosmiques, ne renaîtra pas dans une contrée isolée pendant dix-huit mille périodes cosmiques, sera un grand bienfaiteur de la doctrine pendant vingt mille périodes cosmiques, renaîtra dans le monde des dieux pendant vingt-cinq mille périodes cosmiques, vivra avec pureté pendant trente-cinq mille périodes cosmiques, renoncera à la vie de chef de famille pendant quarantemille périodes cosmiques, soutiendra la doctrine pendant cinquante mille périodes cosmiques, méditera sur le souvenir des vies antérieures pendant soixante-cinq mille périodes cosmiques.

Sarvashura, aucun karma négatif, même le plus petit, ne pourra échoir à ce fils ou à cette fille de la lignée.

Les maras malveillants ne trouveront pas la moindre occasion de leur nuire. Ils ne renaîtront jamais dans la matrice d’une mère. Sarvashura, quiconque entend cette instruction de Sanghata, où qu’il renaisse, pendant quatre-vingt-quinze mille périodes cosmiques immesurables, ne chutera pas dans une mauvaise destinée.

Pendant huit mille périodes cosmiques, il retiendra ce qu’il a entendu. Pendant mille périodes cosmiques, il cessera de tuer. Pendant quatre-vingt-dixneuf mille périodes cosmiques, il cessera de mentir. Pendant treize mille périodes cosmiques, il abandonnera la calomnie.

Sarvashura, les êtres qui ont entendu cette instruction de Sanghata sont rares.

Puis, le bodhisattva, le grand être Sarvashura se leva de son siège, remonta sa robe supérieure sur une épaule, plaça le genou droit au sol et, joignant les mains devant le Vainqueur transcendant, s’adressa à lui :

– Vainqueur transcendant, quelle est la masse de karma négatif créée par la personne qui abandonne cette instruction ?

– Elle sera grande, Sarvashura !

– Vainqueur transcendant, quelle est la masse de karma négatif créée par la personne qui abandonne cette instruction ?

– Ne parle pas ainsi, Sarvashura ! Ne m’interroge pas sur toutes ces masses de karma négatif. Sarvashura, comparée à la malveillance engendrée envers autant d’Ainsi-allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Eveillés parfaitement accomplis qu’il y a de grains de sable dans douze Gange, ceux qui dénigrent le Discours de Sanghata créent une masse de non-vertus bien plusgrande.

Sarvashura, ceux qui dénigrent le mahayana créent aussi une masse de non-vertus bien supérieure à celle- là. Sarvashura, ces êtres sont brûlés. Ils sont tout simplement brûlés.

– Vainqueur transcendant, demanda Sarvashura, ces êtres ne peuvent-ils être libérés ?

–En effet Sarvashura, répondit le Vainqueur transcendant, ils ne peuvent être libérés. Sarvashura, il en est ainsi. Suppose qu’un homme ait la tête coupée. En lui appliquant un cataplasme de miel, de sucre, de mélasse, de beurre ou toute autre pommade, crois-tu, Sarvashura, que cette personne pourrait se relever ?

– Non, Vainqueur transcendant, répondit Sarvashura, elle ne le pourrait pas.

– De plus Sarvashura, dit le Vainqueur transcendant, si quelqu’un devait asséner un coup à un être vivant avec une lame tranchante, même si cela ne lui ôtait pas la vie, Sarvashura, une blessure en résulterait. En appliquant un remède, cette blessure guérirait. Si, alors qu’il a survécu, cet homme se souvenait de la souffrance et pensait : “Maintenant je comprends et je ne commettrai plus jamais de faute, d’action négative.” Réfléchissant ainsi, Sarvashura, et se remémorant sa souffrance, cet homme abandonnera toute action négative. A ce moment, il réalisera toutes les doctrines. Ayant réalisé toutes les doctrines, à ce moment, il parachèvera toutes les qualités vertueuses.

Sarvashura, il en est ainsi : suppose que des parents se lamentent, pleurant une personne décédée, bien qu’ils n’aient eu aucune capacité de la protéger. Pareillement, Sarvashura, les êtres ordinaires sont incapables d’apporter une aide quelconque à eux-mêmes ou aux autres. Comme les parents dont les espoirs sont brisés, au moment de la mort, ces êtres aussi verront leurs espoirs brisés.

Sarvashura, on distingue deux êtres dont les espoirs sont brisés. Qui sont-ils ?

L’un est un être ordinaire qui fait du mal ou en fait commettre. L’autre est celui qui rejette la sainte doctrine. Au moment de la mort, ces deux êtres voient leurs espoirs brisés.

Le bodhisattva, le grand être Sarvashura demanda :

– Vainqueur transcendant, quelle sera la destinée de ces êtres ? Quelle sera leur vie suivante ?

– Sarvashura, répondit le Vainqueur transcendant, les destinées des êtres qui dénigrent la doctrine seront illimitées. Leurs vies futures seront illimitées.

Sarvashura, les êtres qui rejettent la doctrine connaîtront les expériences du grand Enfer des Lamentations pendant toute une période cosmique, celles de l’Enfer de la Destruction en Masse pendant toute une période cosmique, celles de l’Enfer Brûlant pendant toute une période cosmique, celles de l’Enfer d’Extrême Chaleur pendant toute une période cosmique, celles du grand Enfer des Lignes Noires pendant toute une période cosmique, celles du grand Enfer d’Avici pendant toute une période cosmique, celles du grand Enfer appelé “Poils Hérissés” pendant toute une période cosmique, celles du grand enfer appelé “kyé hu” pendant toute une période cosmique.

Sarvashura, ils devront connaître les souffrances des damnés de ces huit grands enfers pendant huit périodes cosmiques. Alors, le bodhisattva, le grand être Sarvashura dit au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, cela est souffrance ! Allé en félicité, cela souffrance.

Cela n’est pas plaisant à entendre.

A ce moment-là, le Vainqueur transcendant prononça ces versets :

La façon dont les êtres des enfers Éprouvent de telles souffrances, La simple écoute de ces mots des plus terrifiants Te prive de joie.

Qui crée des actions positives Rencontrera le bonheur Qui crée des actions négatives Ne rencontrera que souffrance.

Qui ignore la cause du bonheur, Après la naissance, souffrira plus encore. Les puérils toujours souffriront, Tourmentés par la mort et les liens du chagrin.

Ceux qui se rappellent la supériorité de l’Eveillé Ces sages-là sont heureux.

Ainsi, qui a confiance dans le Grand Véhicule N’ira pas vers les renaissances inférieures.

Ainsi, Sarvashura, poussé par le karma antérieur, Créer un acte infime produira des effets infinis.

Dans le champ d’Eveillé, champ suprême, Une graine plantée produira de grands fruits, De même qu’en plantant quelques graines seulement, De nombreux fruits seront obtenus.

Ainsi, ceux qui se réjouissent des enseignements du Vainqueur, Ces sages-là seront heureux.

Ils écarteront les fautes, Accumulant aussi nombre de vertus.

Celui qui, en offrande à mes enseignements, Fait don d’un simple cheveu, Pendant quatre-vingt mille périodes cosmiques, Jouira de nombreux biens et richesses.

Où qu’il naisse, Il sera toujours généreux.

Ainsi, l’Éveillé, ce profond support de générosité, A de grands effets.

Le bodhisattva, le grand être Sarvashura demanda alors au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, comment faut-il quérir la doctrine enseignée par le Vainqueur transcendant ? Vainqueur transcendant, après avoir entendu l’instruction du Discours de Sanghata, comment garder fermement les racines de bien ?

– Sarvashura, répondit le Vainqueur transcendant, il faut savoir que la masse de mérites d’une personne qui écoute l’instruction du Discours de Sanghata est égale à celle d’une personne qui adore autant d’Ainsi-allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Éveillés pleinement accomplis qu’il y a de grains de sable dans douze fleuves Gange, fournissant tout ce qui est nécessaire à leur bonheur.

Le bodhisattva, le grand être Sarvashura, demanda :

– Vainqueur transcendant, comment parachever ces racines de bien ?

Le Vainqueur transcendant répondit alors au bodhisattva, le grand être Sarvashura :

– Il faut savoir que ces racines de bien sont égales à un Ainsi-allé.

– Ces racines de bien égales à un Ainsi-allé, quelles sont-elles ?

– Sarvashura, il faut savoir que le propagateur de la doctrine est égal à un Ainsi-allé.

Le bodhisattva, le grand être Sarvashura, demanda :

– Vainqueur transcendant, qui est un propagateur de la doctrine ?

– Quiconque proclame le Discours de Sanghata est un propagateur de la doctrine.

Le bodhisattva, le grand être Sarvashura, dit :

– Vainqueur transcendant, si même ceux qui entendent l’instruction du Discours de Sanghata créent une telle masse de mérites, alors que dire de ceux qui l’écrivent et le lisent. Quelle masse de mérites créeront-ils ?

– Ecoute, Sarvashura, il en est ainsi : imagine que, dans chacune desquatre directions, autant d’Ainsi- allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Eveillés pleinement accomplis qu’il y a de grains de sable dans douze fleuves Gange, demeurent pendant douze périodes cosmiques et enseignent la doctrine. Même s’ils voulaient exprimer la masse de mérites que recueille celui qui rédige le Discours de Sanghata, ils ne pourraient en concevoir les limites ni en parler avec des mots. Si autant d’Eveillés, Vainqueur transcendants qu’il y a de grains de sable dans quarante-huit fleuves Gange ne parviennent pas à exprimer la masse de mérites de celui qui l’écrit, il ne fait aucun doute que celui qui le copie, le contemple ou le récite devienne un trésor de doctrine.

Le bodhisattva, le grand être Sarvashura, demanda :

– Quelle masse de mérites produira celui qui le récite ?

Le Vainqueur transcendant répondit alors par ces versets :

– Bien qu’exprimant sans trêve les mérites
De celui qui a lu même une seule strophe de quatre vers,
Les Vainqueurs aussi nombreux que les grains de sable
De quatre-vingt-quatre Gange
N’épuiseront pas les mérites
Obtenus par celui qui a lu le Sanghata soutra.
La doctrine enseignée par les Éveillés
Est à la fois rare et sans limite.

A ce moment-là, quatre-vingt-quatre mille milliards de millions de dieux,joignant les mains, s’inclinèrent devant le lieu où était donné l’instruction du Discours de Sanghata et s’adressèrent au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, quelle que soit la raison pour laquelle le Vainqueur transcendant a placé ce trésor de doctrine en ce monde, cela est excellent, vraiment excellent !

Dix-huit milliards de jaïns arrivèrent de surcroît sur le lieu où se trouvait le Vainqueur transcendant, lui disant :

– O Gautama l’Ascète, puisses-tu être victorieux !

Le Vainqueur transcendant répondit :

– L’Ainsi-allé est toujours victorieux. O Passeurs qui allez nus, comment pourriez-vous être victorieux ?

– Sois vainqueur, Gautama l’Ascète, sois vainqueur! dirent-ils.

– Je ne vois aucun vainqueur en vous ! dit le Vainqueur transcendant.

Si vous demeurez dans l’erreur, Comment triompherez-vous ?

Ecoutez-moi ascètes, Laissez-moi vous dire quelque chose de bénéfique. L’esprit d’un enfant n’a rien d’heureux. Comment pouvez-vous être victorieux ?

Ainsi, avec l’oeil de l’Eveillé, j’enseignerai la voie profonde A quiconque doit la recevoir. Les jaïns (auparavant) exaspérés à l’égard du Vainqueur transcendant développèrent la foi. A ce moment même, Indra, le maître des dieux, brandit son diamant-foudre. L’Ainsi-allé ayant aussi fait disparaître son corps, les dix-huit milliards d’ascètes, emplis de terreur, entrevirent une grande souffrance et se répandirent en larmes. Sanglotant, le visage noyé de larmes, en ne voyant plus le Vainqueur transcendant, ils prononcèrent ces versets :

Désormais, personne ne peut nous protéger Ni père, ni mère. Ici, tout n’est que désolation :

Aucune maison disponible où habiter, Aucune eau non plus, Aucun arbre, aucun oiseau, Personne en vue.

Sans protecteur, nous souffrons, Sans voir l’Ainsi-allé, Notre souffrance est grande, illimitée.

Alors à ce moment précis, les dix-huit milliards de jaïns se levèrent et, plaçant les deux genoux au sol, ils entonnèrent ce chant :

Compatissant Ainsi-allé, Parfait Eveillé, suprême parmi les hommes, Aidez-nous !

Soyez le refuge des désespérés.

Alors, le Vainqueur transcendant sourit et dit au bodhisattva, le grand être Sarvashura :

– Sarvashura, va enseigner la doctrine aux ascètes qui vont nus.

Le bodhisattva, le grand être Sarvashura répondit au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, si la Montagne Noire érode sa roche en rendant hommage de sa cime au Mont Sumeru, la reine des montagnes, comment pourrais-je enseigner la doctrine tant que l’Ainsi-allé est présent ?

Le Vainqueur transcendant répondit :

– Silence, fils de la lignée ! Grâce aux moyens habiles des Ainsi-allés, vaSarvashura. Parcours les univers des dix directions et vois les lieux où des Ainsi-allés apparaissent et où des sièges sont érigés. Et moi, Sarvashura, j’ enseignerai la doctrine aux ascètes qui vont nus.

Le bodhisattva Sarvashura demanda :

– Vainqueur transcendant, au moyen de quels pouvoirs magiques dois-je me déplacer ? Les miens ou ceux de l’Ainsi-allé ?

– Sarvashura, béni par la force de tes propres pouvoirs magiques, va. Et, par les pouvoirs miraculeux de l’Ainsi-allé, reviens.

Alors, le bodhisattva Sarvashura se leva, circumambula le Vainqueur transcendant et, sur le champ, devint invisible.

Le Vainqueur transcendant enseigna alors la doctrine aux Passeurs qui vont nus :

– Amis, la naissance est souffrance. La naissance en elle-même est souffrance.

Après la naissance, maintes peurs de souffrir apparaissent. Après la naissance, naissent les peurs de la maladie. De la maladie naissent les peurs du vieillissement. De la vieillesse, naît la peur de la mort.

– Vainqueur transcendant, que veut dire “de la naissance naît la peur de naître” ?

– Suite à une naissance humaine, de nombreuses peurs surviennent. La peur du roi survient. La peur des voleurs survient. La peur du feu survient.

La peur du poison survient. La peur de l’eau survient. La peur du vent survient. La peur des tourbillons survient. La peur des actions que l’on a commise survient.

Le Vainqueur transcendant enseigna la doctrine sous de nombreux aspects, dont celui de la naissance.

A cet instant précis, les jaïns furent totalement gagnés par la terreur et dirent:

“Désormais, nous refusons à jamais la naissance !”

Lorsque le Vainqueur transcendant donna cette instruction du Discours deSanghata, les dix-huit millions de jaïns réalisèrent pleinement l’insurpassable éveil parfaitement achevé. Dix-huit mille bodhisattvas de son entourage, demeurant à la dixième terre, déployèrent aussi des émanations magiques. Certains manifestèrent la forme d’un cheval, la forme d’un éléphant, la forme d’un tigre, la forme d’un garouda, la forme du Mont Sumeru et des formes de svastika, d’arbre ou autre. Tous étaient assis, jambes croisées, sur des trônes de lotus. Neuf milliards de bodhisattvas, s’assirent à la droite du Vainqueur transcendant, neuf milliards de bodhisattvas, s’assirent à la gauche du Vainqueur transcendant, tandis que lui-même demeurait tout ce temps, absorbé en méditation, enseignant la doctrine à l’aide de ses moyens habiles.

Le septième jour, le Vainqueur transcendant étira la paume de la main et sut que le bodhisattva, le grand être Sarvashura arrivait de l’univers Lotus Sublime. Lorsque, béni par la force de ses pouvoirs miraculeux, le bodhisattva, le grand être Sarvashura, se rendait en différents lieux, il lui fallut sept jours pour se rendre dans l’univers Lotus Sublime. Dès que le Vainqueur transcendant ouvrit la main, le bodhisattva Sarvashura se trouva en sa présence.

Après avoir accompli trois circumambulations autour du Vainqueur transcendant, son esprit fut gagné par la confiance envers celui-ci.

Il joignit respectueusement les mains en direction du Vainqueur transcendant

et s’adressa à lui :

– Vainqueur transcendant, j’ai visité les univers des dix directions ; grâce à un de mes pouvoirs miraculeux, j’ai vu quatre-vingt-dix-neuf milliards de champs d’Eveillés et grâce à deux de mes pouvoirs miraculeux, j’ai vu un milliard d’Ainsi-allés. Le septième jour, en me rendant dans l’univers Lotus Sublime, j’ai vu aussi des centaines de milliards de champs d’Eveillés inébranlables.

Vainqueur transcendant, les Eveillés, Vainqueurs transcendants, déploient des émanations magiques, et, dans quatre-vingt douze milliards de champs d’Eveillés, des Ainsi-allés enseignent la doctrine. Ce jour même, j’ai vu, dans quatre-vingt milliards de champs d’Eveillés, quatre-vingt milliards d’Ainsi-allés, Destructeurs-de- l’ennemi, Eveillés parfaitement éveillés apparaître dans le monde. Après m’être incliné devant tous ces Ainsi-allés, j’ai poursuivi ma route.

Vainqueur transcendant, ce jour même je suis passé par trente-neuf milliards de champs d’Eveillés, et dans ces trente-neuf milliards de champs d’Eveillés, trente-neuf milliards de bodhisattvas sont apparus. Ce jour même, ils s’éveillèrent pleinement à l’éveil insurpassable et parfaitement accompli. J’effectuai trois circumambulations autour de ces Vainqueur transcendants, Ainsi-allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Eveillés parfaitement accomplis, et grâce aux pouvoirs miraculeux, je devins invisible.

Vainqueur transcendant, dans soixante millions de champs d’Eveillés, j’ai vu aussi des Eveillés, des Vainqueurs transcendants. Vainqueur transcendant, je me suis incliné devant les champs d’Eveillés, devant les Eveillés, les vainqueurs transcendants, puis j’ai poursuivi ma route. Vainqueur transcendant, j’ai vu dans d’autres huit millions de champs d’Eveillés, des Ainsi-allés accomplir l’acte de passer au-delà des peines. Après m’être également prosterné devant ces vainqueurs transcendants, j’ai repris ma route. Vainqueur transcendant, dans quatre-vingt-quinze million de champs d’Eveillés, j’ai aussi assisté à la disparition de la sainte doctrine. Vainqueur transcendant, un sentiment de détresse m’a envahi, et j’ai fondu en larmes. J’ai également vu des dieux, des esprits-serpents, des yakshas, des rakshasas et de nombreux êtres incarnés qui pleuraient, transpercés par d’immenses et atroces douleurs.

Vainqueur transcendant, je me suis également incliné devant ces champs d’Eveillés avec leur océan, leur Mont Sumeru et leurs terres ; tout était complètement brûlé. Puis, perdant tout espoir, j’ai repris ma route.

Vainqueur transcendant, jusqu’à mon arrivée dans l’univers Lotus Sublime, Vainqueur transcendant, j’ai vu aussi cinq cent milliards de trônes érigés. Au sud, je vis cent milliards de trônes érigés ; au nord, je vis cent milliards de trônes érigés ; à l’est, je vis cent milliards de trônes érigés ; à l’ouest, je vis cent milliards de trônes érigés ; au zénith, je vis cent milliards de trônes érigés. Vainqueur transcendant, ces trônes érigés étaient exclusivement constitués des sept substances précieuses. Et, sur tous ces trônes étaient assis des Ainsi-allés qui enseignaient la doctrine. Emerveillé par ces Vainqueurs transcendants, je demandai à ces Ainsi-allés :

– Cet univers d’Eveillés, comment s’appelle-t-il ?

– Enfant de la lignée, cet univers s’appelle Padmottara (Sublime Lotus).

Vainqueur transcendant, puis après avoir circumambulé ces Ainsi-allés, je demandai :

– L’Ainsi-allé de ce champ d’Eveillé, comment se nomme-t-il ?

– L’Ainsi-allé, Destructeur-de-l’ennemi, Eveillé parfaitement accompli nommé Padmagarbha (Essence du Lotus) effectue les activités d’un Eveillé dans ce champ d’Eveillé.

– Il y a des centaines de milliards d’Eveillés et je n’ai pas rencontré l’Ainsi allé, Destructeur-de-l’ennemi, Eveillé parfaitement accompli nommé Padmagarbha. Qui est-il ?

– Enfant de la lignée, répondirent les Vainqueur transcendants, je vais te montrer l’Ainsi-allé, Destructeur-de-l’ennemi, Eveillé parfaitement accompli nommé Padmagarbha.

Soudain, les corps saints de tous ces Ainsi-allés disparurent pour demeurer seulement sous l’aspect de bodhisattvas. Comme il ne restait qu’un seul Ainsi-allé, j’inclinai ma tête aux pieds saints de cet Ainsi-allé. Lorsque je m’approchai, un trône apparut. Je me dirigeai alors vers ce trône et, Vainqueur transcendant, à ce moment-là, de nombreux trônes surgirent. Ne voyant personne se diriger vers ces trônes, je m’adressai à cet Ainsi-allé :

– Vainqueur transcendant, je ne vois aucun être sur ces trônes.

– Les êtres qui n’ont pas créé de racine de bien, ne peuvent siéger sur ces trônes.

– Vainqueur transcendant, demandai-je, quelle sorte de racine de bien faut-il créer pour siéger sur ces trônes ?

– Fils de la lignée, écoute ! Si les êtres qui ont entendu l’instruction du Discours de Sanghata ont créé la racine de bien pour siéger sur ces trônes, que dire alors de ceux qui l’ont écrit ou lu. Sarvashura, tu as entendu l’instruction du Discours de Sanghata et tu es maintenant assis sur ce siège. Sinon, comment aurais-tu pu entrer dans ce champ d’Éveillé ?

– Vainqueur transcendant, demandai-je, quelle masse de mérites produira celui qui entend l’instruction du Discours de Sanghata ?

Alors le Vainqueur transcendant, l’Ainsi-allé Padmagarbha, sourit ; et j’interrogeai ce Vainqueur transcendant sur le motif de son sourire :

– Vainqueur transcendant, pour quelle raison et dans quel dessein, l’Ainsi-allé a-t-il laissé paraître ce sourire ?

– Enfant de la lignée, bodhisattva, grand être Sarvashura qui a obtenu le grand pouvoir, écoute, il en est ainsi : imagine qu’un monarque universel contrôle les quatre continents. S’il plante du sésame dans les champs des quatre continents, Sarvashura, penses-tu que de nombreuses graines germeront ?

– Oui Vainqueur transcendant ! Oui Allé en félicité ! De nombreuses graines germeront.

– Sarvashura, imagine qu’un être rassemble un tas des grains de sésame et qu’un autre prenne un à un chaque grain de sésame de cette masse et les mettent à côté. Sarvashura, penses-tu que cet être pourra dénombrer

les grains de sésame ou en évoquer le nombre par une analogie ?

– Non, Vainqueur transcendant, répondit le bodhisattva, le grand être Sarvashura, il ne pourra pas dénombrer les grains de sésame ni en évoquer le nombre par une analogie ?

– De même, Sarvashura, à l’exception de l’Ainsi-allé, personne ne peut donner une analogie de la masse de mérites produite par cette instruction du Discours de Sanghata. Sarvashura, c’est ainsi : si autant d’Ainsi-allés qu’il y a de grains de sésame proclamaient tous, même en s’aidant d’une analogie, les mérites des racines de bien produites par l’écoute du Discours de Sanghata, ce mérite serait inépuisable. Que dire alors de celui qui l’écrit, le récite ou le fait copier ?

– Quelle masse de mérites produira sa rédaction ? demanda le bodhisattva, le grand être Sarvashura.

– Fils de la lignée, écoute deux autres analogies : imagine que quelqu’un coupe l’herbe ou le bois d’un million d’univers à la taille d’un doigt. Si autant de pierres, de précipices, de terre ou de particules de poussière d’un million d’univers devaient devenir des monarques universels qui contrôlent les quatre continents, serait-il possible de donner une analogie de leur mérite ?

– Non, Vainqueur transcendant, cela ne serait pas possible. Sauf si l’on n’inclue pas les Ainsi-allés.

– De même, Sarvashura, il est tout aussi impossible de donner une analogie de la masse de mérites produite par le fait d’écrire l’instruction du Discours de Sanghata. Comparée à la masse de mérites d’autant de monarques universels, celui qui écrit une seule syllabe de cette instruction produira une masse de mérites beaucoup plus grande. Bien que les mérites de ces monarques universels soient extrêmement grands, ils ne les égalent pas. Sarvashura, tout comme un monarque universel ne peut rivaliser en mérite avec un bodhisattva, un grand être qui détient la sainte doctrine du Grand Véhicule et continue à la mettre en pratique. Pareillement, on ne peut établir d’analogie pour la masse de mérites produite par l’écriture de l’instruction du Discours de Sanghata. Sarvashura, ce Discours de Sanghata révèle un trésor de mérites. Il apaise toutes les perturbations mentales. Il fait briller le flambeau de tous les enseignements. Il triomphe de tous les démons malveillants. Il illumine tous les lieux de résidence des bodhisattvas. Il actualise le parfait accomplissement de tous les enseignements.

Le bodhisattva, le grand être Sarvashura, dit alors au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, ici, vivre purement est une pratique très difficile. Quelle en est la raison, s’interroge-t-on ? Vainqueur transcendant, si la pratique d’un Ainsi-allé est rare, la pratique de la pureté l’est aussi. En s’engageant dans la pratique de la pureté, on verra le Vainqueur transcendant directement. On verra le Vainqueur transcendant jour et nuit. En voyant le Vainqueur transcendant directement et en le regardant jour et nuit, on verra le champ d’Eveillé. Lorsqu’on voit le champ d’Eveillé, on voit tous les trésors. Au moment de mourir, la terreur ne surviendra pas. On ne naîtra jamais de la matrice d’une mère. On ne sombrera pas davantage dans le chagrin. On ne sera pas étranglé par le noeud de l’avidité.

S’adressant au bodhisattva, au grand être Sarvashura, le Vainqueur transcendant dit :

– Sarvashura, la présence des Ainsi-allés est difficile à trouver.

– Oui, Vainqueur transcendant, elle est difficile à trouver. Oui, Allé en félicité, elle est difficile à trouver.

– Sarvashura, de même, cette instruction de Sanghata est également difficile à trouver. Sarvashura, ceux dont les oreilles entendent cette instruction de Sanghata se souviendront des vies antérieures pendant quatre- vingts périodes cosmiques. Pendant soixante mille périodes cosmiques, ils atteindront le statut de monarques universels. Pendant huit mille périodes cosmiques, ils accéderont au rang d’Indra. Pendant vingt mille périodes cosmiques, ils renaîtront aussi fortunés que les dieux des domaines purs. Pendant trente-huit mille périodes cosmiques, ils deviendront le grand Brahma. Pendant quatre-vingtdix-neuf mille périodes cosmiques, ils n’iront pas dans de mauvaises destinées. Pendant cent mille périodes cosmiques, ils ne renaîtront pas parmi les esprits avides. Pendant vingt-huit mille périodes cosmiques, ils ne renaîtront pas parmi les animaux. Pendant treize mille périodes cosmiques, ils ne renaîtront pas dans le royaume des dieux jaloux. Le moment de leur mort ne viendra pas des armes. Pendant vingt-cinq mille périodes cosmiques, leur sagesse ne sera pas pervertie. Pendant sept mille périodes cosmiques, ils seront intelligents. Pendant neuf mille périodes cosmiques, ils seront beaux et considérés comme séduisants. Tout comme les corps de forme de l’Ainsi-allé ont été accomplis, ils deviendront de même. Pendant quinze mille périodes cosmiques, ils ne renaîtront pas comme femmes. Pendant seize mille périodes cosmiques, ils ne contracteront aucune maladie physique. Pendant trente-cinq mille périodes cosmiques, ils seront pourvus de l’oeil divin.

Pendant dix-neuf mille périodes cosmiques, ils ne renaîtront pas dans les lieux de naissance des esprits-serpents. Pendant soixante mille périodes cosmiques, ils ne seront pas dominés par la colère. Pendant sept mille périodes cosmiques, ils ne renaîtront pas comme indigents. Pendant quatrevingt mille périodes cosmiques, ils habiteront les deux continents. Même s’ils renaissent indigents, ils goûteront à des plaisirs semblables à ceux-ci : pendant douze mille périodes cosmiques, ils ne renaîtront pas dans le lieu de naissance d’un aveugle ; pendant treize mille périodes cosmiques, ils ne renaîtront pas dans les mauvaises migrations ; pendant onze mille périodes cosmiques, ils professeront la patience.

Et, au moment de la mort, lorsque la dernière conscience cessera, ils n’auront pas de perceptions erronées. Ils ne seront pas emportés par la colère. A l’est, ils verront des Eveillés, Ainsi-allés, en nombre égal aux grains de sable de douze fleuves Gange. Au sud, ils verront directement des Eveillés, Ainsi-allés, en nombre égal aux grains de sable de vingt millions de fleuves Gange. A l’ouest, ils verront des Eveillés, Ainsi-allés, en nombre égal aux grains de sable de vingt-cinq fleuves Gange. Au nord, ils verront directement des Eveillés, Ainsi-allés, en nombre égal aux grains de sable de quatre-vingts fleuves Gange. Au zénith, ils verront directement quatrevingt-dix millions d’Eveillés, Vainqueur transcendants. Au nadir, ils verront directement des Eveillés, Ainsi- allés, en nombre égal aux grains de sable de cent millions de fleuves Gange, et, pour le rassurer, ils diront à cet enfant de la lignée : “Enfant de la lignée, tu as entendu l’instruction de Sanghata, aussi, dans d’autres vies, auras- tu des qualités, des bienfaits et un bonheur semblables. Sois donc sans crainte !”

– O enfant de la lignée, as-tu vu des Ainsi-allés en nombre égal aux grains de sable de centaines de milliards de millions de fleuves Gange ?

– Oui, Vainqueur transcendant, je les ai vus. Oui, Allé en félicité, je les ai vus.

– O enfant de la lignée, ces Ainsi-allés sont venus te voir.

– Quelle sorte d’action vertueuse ai-je créée pour que tous ces Ainsi-allés viennent me voir en ce lieu ?

– Enfant de la lignée, écoute ! Tu as obtenu un corps humain, l’instruction de Sanghata est arrivée à ton oreille ; c’est grâce à cela que tu as produit cette grande masse de mérites.

– Vainqueur transcendant, si la masse de mérites que j’ai produite est telle, alors que dire de la personne qui entend (cette instruction) au long jusqu’à la fin !

– Silence, silence ! O enfant de la lignée, écoute la description des mérites d’une strophe de quatre lignes. Enfant de la lignée, c’est ainsi : par exemple, même comparée à la masse des mérites d’Ainsi-allés, Destructeurs- de-l’ennemi, Eveillés parfaitement accomplis en nombre égal aux grains de sable de treize fleuves Gange, cela produit une masse de mérites beaucoup plus grande. Comparé à la personne qui vénère des Ainsi-allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Eveillés parfaitement accomplis en nombre égal aux grains de sable de treize fleuves Gange, quiconque entend une simple strophe de quatre lignes de cette instruction de Sanghata produit aussi une masse de mérites beaucoup plus grande, alors que dire de quiconque l’entend au long jusqu’à la fin ?

Enfant de la lignée, écoute ce qu’il en est de quiconque entend l’instruction de Sanghata au long jusqu’à la fin.

Si quelqu’un devait planter des graines de sésame dans les millions d’univers et qu’il y ait autant de monarques universels que toutes ces graines de sésame, comparé à une personne riche qui donnerait ses nombreux biens et ses immenses possessions à tous ces monarques universels, quiconque donne à celui qui entre dans le courant produit une masse de mérites beaucoup plus vaste. Si tous les êtres des milliers d’univers entraient dans le courant, comparée à la masse de mérites produite par quiconque donne à tous ces êtres, la masse de mérites produite par la personne qui donne à celui qui ne revient qu’une fois est bien plus vaste.

Si tous les êtres des milliers d’univers ne revenaient qu’une fois, comparée à la masse de mérites produite par quiconque donne à tous ces êtres, la masse de mérites produite par la personne qui donne à celui qui ne revient pas est beaucoup plus grande. Si tous les êtres des milliers d’univers ne revenaient pas, comparée à la masse de mérites produite par quiconque donne à tous ces êtres, la masse de mérites produite par la personne qui donne à un seul Destructeur-de-l’ennemi est beaucoup plus grande. Si tous les êtres des milliers d’univers devenaient Destructeurs-de-l’ennemi, comparée à la masse de mérites produite par quiconque donne à tous ces êtres, la masse de mérites produite par la personne qui donne à un seul Éveillé pour soi serait beaucoup plus grande.

Si tous les êtres des millions d’univers devenaient Éveillés pour eux-mêmes, comparée à la masse de mérites produite par quiconque donnait à tous ces êtres, la masse de mérites produite par la personne qui donne à un seul bodhisattva est beaucoup plus grande. Si tous les êtres des millions d’univers devenaient bodhisattvas, comparée à la masse de mérites produite par quiconque donne à tous ces êtres, si la masse de mérites produite par une personne qui leur fait éprouver un sentiment de confiance envers un seul Ainsi-allé, et par une personne qui leur fait éprouver un sentiment de confiance envers un million d’univers complètement emplis d’Ainsi-allés, et par une personne qui entend cette instruction de Sanghata est beaucoup plus grande, Sarvashura, que dire alors de quiconque porte cette instruction de Sanghata par écrit, la mémorise, la récite ou la comprend ? Sarvashura, que dire alors de quiconque, l’esprit empli de foi, rend hommage à cette instruction de Sanghata ?

– Sarvashura, que penses-tu de ceci ? Si quelqu’un se demande : “Tous les êtres ordinaires sont-ils à même d’entendre cela ? ” Quand bien même ils l’entendraient, la confiance ne naîtrait pas en eux. Sarvashura, écoute ! Parmi les êtres ordinaires, existe-t-il quelqu’un capable d’atteindre le fond du grand océan ?

– Non, Vainqueur transcendant, personne n’en est capable.

– Quelqu’un peut-il vider l’océan avec la paume de la main ?

– Non, Vainqueur transcendant personne ne le peut. Non, Allé en félicité, personne ne le peut.

– Sarvashura, si aucun être ne peut assécher le grand océan, Sarvashura, de même, aucun être qui aspire au médiocre ne peut entendre cette instruction. Sarvashura, ceux qui n’ont pas vu des millions d’Ainsi-allés en nombre égal aux grains de sable de quatre-vingts fleuves Gange, ne sont pas à même de mettre par écrit cette instruction de Sanghata. Ceux qui n’ont pas vu des millions d’Ainsi-allés en nombre égal aux grains de sable de quatre-vingt-dix fleuves Gange, ne sont pas à même d’entendre cette instruction.

Ceux qui n’ont pas vu cent millions de myriades d’Ainsi-allés, rejetteront cette instruction après l’avoir entendue. Ceux qui, ayant vu cent millions d’Ainsi-allés en nombre égal aux grains de sable du fleuve Gange, développeront un sentiment de confiance après avoir entendu cette instruction. Ils seront  contents. Ils connaîtront la vérité telle qu’elle est. Ils auront foi en cette instruction de Sanghata et ne la rejetteront pas. Sarvashura, écoute ! Ceux qui écrivent une simple strophe de quatre lignes de ce Discours de Sanghata, après avoir franchi quatre-vingt-quinze milliards d’univers, auront un champ d’Eveillé semblable à l’univers de Sukhavati.

Sarvashura, la durée de vie de ces êtres pourra atteindre quatre-vingtquatre mille périodes cosmiques.

Sarvashura, écoute ! Quant aux bodhisattvas, aux grands êtres, qui n’entendent qu’une strophe de quatre lignes de cette instruction de Sanghata, il en est ainsi : par exemple, ils sont comme un être qui a commis les cinq actes aux conséquences immédiates les a fait commettre, ou s’en est réjoui ; s’ils entendent une simple strophe de quatre lignes de cette instruction de Sanghata, ils purifieront les karmas négatifs des cinq actes aux conséquences immédiates.

Sarvashura, écoute ! Je vais encore t’expliquer une autre qualité positive. Imagine un être qui ait détruit des stoupas, créé le schisme dans la communauté monastique, perturbé un bodhisattva en absorption méditative, gêné la sagesse d’un Eveillé et tué un être humain. Ensuite, pris de remords et de chagrin, cet être pense : “Dans ce corps, je suis perdu ! Dans le monde prochain, je serai aussi perdu ! Je suis condamné !” En proie à un grand désarroi, il souffre, il ressent une souffrance insurmontable. Sarvashura, cette personne sera rejetée par tous les êtres. Elle sera méprisée. Cette personne se sent brûlée et condamnée. Pour elle, les enseignements mondains et supramondains sont désormais hors de portée. Pendant de nombreuses périodes cosmiques, elle sera pareille à une bûche réduite en  charbon.

Comme les piliers ou les poutres d’une belle maison qui, brûlés, ont perdu tout attrait, il en sera de même pour cet homme. Dans ce monde, il n’aura aucune beauté. Où qu’il aille, en tous lieux, il sera rabaissé et battu. Affamé et assoiffé, il ne trouvera pas la moindre nourriture ou boisson. De ce fait, il souffre. La faim et la soif, les mauvais traitements qu’il reçoit, lui rappellent qu’il a détruit des stoupas et commis les cinq actes aux conséquences  immédiates. Se souvenant de ce karma, il pense : “Où dois-je aller ? Qui peut me protéger ?”

Déprimé, il se dit :

“Puisqu’ici je n’ai aucun protecteur, je vais aller au sommet d’une montagne ou au fond d’un ravin pour mettre fin à mes jours. Puisque j’ai commis de mauvaises actions, Toujours, je serai comme un tronc calciné. Point de beauté dans ce monde, Et dans l’autre, point non plus. A l’intérieur du foyer, point de beauté, A l’extérieur, point non plus. Les erreurs commises, en raison des souillures, Me conduiront vers de mauvaises destinées. Dans d’autres vies, je devrai souffrir aussi, Quelle que soit le mauvais lieu où j’habite.”

Alors qu’il sanglotait étranglé par les larmes, Même les dieux l’entendirent gémir :

– Hélas ! l’autre monde est sans espoir, Vers une mauvaise destinée, je me dirige.

Les dieux lui dirent :

– Sot qui pense ainsi, Laisse tomber ta peine et va !

– J’ai tué père, j’ai tué mère, J’ai commis les cinq actes illimités ; Pour moi donc, ni refuge, ni compagnie, La souffrance est mon avenir. Je vais au sommet de la montagne Me débarrasser de mon corps.

– Sot, ne pars pas !

Avec cet esprit porté au mal Tu as commis de nombreuses fautes. Ne commets pas celle-là ! Qui se fait du mal à soi-même Ira dans les enfers de souffrance.

Se lamentant et pleurant de chagrin, Au sol, il s’effondrera.

Par cet effort, il ne sera pas Eveillé, Ni ne deviendra un bodhisattva.

Il n’accèdera même pas à l’état d’auditeur.

Cultive un autre effort, Va sur cette montagne où vit un sage.

Après y être allé et avoir vu la grandeur de ce sage, Il s’inclina à ses pieds.

– Saint être, soyez mon refuge ! Je suis poursuivi par la peur, par le malheur. Sage, essence des êtres, je vous en prie, écoutez mes paroles ! Asseyez-vous, accordez-moi une pensée. Expliquez la sainte doctrine, au moins un instant. Je suis accablé par la peur et la douleur, Je vous en prie, asseyez-vous un moment. Laissez-moi confesser mes nombreuses fautes. Sage, je vous en prie, parlez-moi !

Le sage déclara :

– Tu pleures de douleur, tu es accablé de chagrin, Tu souffres de la faim et de la soif, Sans espoir, tu erres dans les trois mondes, Aussi, mange la nourriture qui t’est donnée. Et pour rassasier son corps, Le sage lui donna à manger.

– Après avoir goûté à cet met délicieux, Tout être en serait réjoui. Je t’expliquerai ensuite, La doctrine qui efface toutes les fautes.

En un instant l’homme avala ce met succulent. Après avoir mangé, il se lava les mains Et marcha autour du sage. Puis il s’assit jambes croisées Et révéla les fautes qu’il avait commises.

– J’ai tué père, j’ai tué mère, J’ai détruit des stoupas. J’ai gêné un bodhisattva Dans son accession vers l’éveil.

Après avoir entendu ces paroles, Le sage dit à cet homme :

– Si tu as commis des fautes, Malheureux, tu n’es pas vertueux. Confesse les actions nuisibles Que tu as commises ou suscitées. Alors, à ce moment, torturé par d’atroces douleurs, annihilé par la peur, il dit au sage :

– Qui sera mon protecteur ? Puisque j’ai commis des fautes, Je devrai endurer des souffrances.

Il plaça alors les deux genoux au sol et dit au sage :

– Je confesse toutes les fautes Que j’ai commises ou suscitées. Puissent-elles ne pas produire de mauvais effets. Puissé-je ne pas endurer de souffrances. Sage, puisque je suis à vos côtés, Vous êtes devenu mon refuge. Eliminez mon karma négatif, Pour que je sois repenti et pacifié.

Le sage dit à alors cet homme pour le réconforter :

– Homme, je serai ton refuge. Je serai ton support. Je serai ton soutien.

Aussi, écoute la doctrine en ma présence, ne crains rien. Aurais-tu déjà entendu au moins quelques mots d’une instruction appelée Sanghata ?

– Non, sage, je n’en ai rien entendu.

– Seul celui qui enseigne la doctrine aux êtres demeurant dans la compassion, enseignera la doctrine a un homme brûlé.

Enfant de la lignée, écoute encore ! Jadis, il y a immensément longtemps, voici d’innombrables périodes cosmiques, vivait un roi de la doctrine, détenteur de la doctrine nommé Vimalachandra. Enfant de la lignée, un fils naquit dans la maisonnée du roi Vimalachandra. Aussi, le grand roi Vimalachandra réunit les brahmanes devins et leur demanda :

– Brahmanes, quels signes voyez-vous chez cet enfant ?

– Grand roi, ils ne sont pas positifs, répondirent les brahmanes devins. Cet enfant qui vient de naître n’est pas vertueux.

– Brahmanes, qu’adviendra-t-il de lui ? demanda le roi.

– O Roi, dirent les devins, si cet enfant atteint l’âge de sept ans, il nuira au corps de son père et de sa mère.

– Qu’importe, fit le roi. Même s’il est un obstacle à ma vie, je ne tuerai pas mon fils ! La naissance d’une vie humaine dans ce monde est rarement acquise, aussi ne nuirai-je pas au corps d’un être humain, quel qu’il soit.

L’enfant grandit rapidement. A l’âge d’un mois, il était aussi grand qu’un enfant de deux ans. Par la suite, le roi Vimalachandra comprit que le karma qu’il avait lui-même accumulé favorisait la croissance de cet enfant.

Le roi remit alors sa couronne à l’enfant et lui dit :

– Deviens un roi célèbre, doté d’un grand royaume. Exerce ton pouvoir selon la doctrine, pas selon ce qui ne l’est pas.

Après lui avoir remis sa couronne, il lui conféra donc le titre de “roi”. Et, le roi Vimalachandra cessa de gouverner son propre pays. Des millions de ministres se rendirent alors sur le lieu où résidait le roi Vimalachandra et s’adressèrent à lui :

– O grand roi, comment se fait-il que vous ne gouverniez plus votre propre pays ?

– Malgré les innombrables périodes cosmiques pendant lesquelles j’ai gouverné en roi riche et puissant, je n’ai jamais connu la moindre satisfaction. Alors, à ce moment-là, avant que grand temps ne s’écoule, l’enfant tua père et mère, accumulant ainsi le karma des cinq actes aux conséquences immédiates.

– Homme, je me rappelle aussi l’époque où la souffrance envahit ce roi. Pris de remords, il sanglotait, étranglé par les larmes. Je développai des pensées de grande compassion pour lui et, me rendant sur les lieux, je lui enseignai la doctrine. Après avoir, lui aussi, entendu la doctrine, il fut rapidement purifié de ces cinq actes aux conséquences immédiates, sans résidu aucun. Ces grands ascètes qui entendent l’instruction de Sanghata, le roi des soutras, atteindront la source sans égale de la doctrine, la purification de toute faute et l’apaisement de toute passion.

– Ecoute bien ! Je vais exposer Les instructions qui libèrent rapidement. En expliquant une seule strophe de quatre lignes Dans un flot continu, Quiconque s’étant purifié de toutes les fautes, Entrera dans le courant Et sera libéré de toute faute. En disant cela, en prononçant ces aphorismes, L’esprit (délivré) des chaînes des enfers, Les êtres se libéreront de la souffrance.

Puis l’homme se leva de son siège Et, les mains jointes, Inclina la tête Et approuva en disant : “Excellent !

– Excellents, les amis spirituels, Excellents, ceux qui enseignent la grande méthode, Le Discours de Sanghata qui annihile toute peur, Excellents également, ceux qui l’entendent.”

A ce moment même, à cet instant, dans l’espace supérieur, douze mille fils de dieux, les mains jointes, arrivèrent devant le sage et se prosternèrent à ses pieds, disant :

– Vainqueur transcendant, grand ascète, jusqu’à quand remonte votre connaissance ?

Quatre millions de rois nagas et dix-huit mille rois yakshas, les mains jointes apparurent aussi devant le sage et, s’inclinant avec respect, demandèrent à leur tour :

– Grand être, jusqu’à quand remonte votre connaissance ?

– A des milliards de millions de périodes cosmiques immesurables.

– Quelle est l’action vertueuse capable d’annihiler instantanément ce karma négatif ?

– Le fait d’entendre l’instruction de Sanghata. Parmi les êtres ici assemblés, il est prédit que tous ceux qui éprouvèrent de la confiance en entendant cette instruction, obtiendront l’éveil insurpassable et parfaitement accompli. Par la simple audition de cette instruction appelée Sanghata, les personnes qui ont commis les cinq actes aux conséquences immédiates, épuiseront instantanément tout le karma lié à ces cinq actes, ils en seront totalement purifiés. Pendant des milliards de millions de périodes cosmiques immesurables, les portes des mauvaises destinées seront fermées, les trente-deux portes des mondes des dieux seront ouvertes.

S’il en est ainsi pour les racines de bien de quiconque entend une simple strophe de quatre lignes de cette instruction de Sanghata, que dire alors de quiconque l’honore et la vénère en offrant fleurs, encens, parfums, guirlandes de fleurs, onguents, poudres aromatiques, robes, ombrelles, bannières, drapeaux, battements de cymbales, ou l’approuve et s’en réjouit une seule fois en disant : “Excellent, excellent est cet exposé.” ?

Alors, s’adressant au Vainqueur transcendant, le bodhisattva, le grand être Sarvashura demanda :

– Vainqueur transcendant, et si quelqu’un joint les mains lorsque l’instruction de Sanghata est donnée, quelle masse de mérites produit celui qui s’incline simplement en joignant les mains ?

– Enfant de la lignée, écoute ! Si, quelqu’un qui a commis les cinq actes aux conséquences immédiates, les a suscités ou s’en est réjoui, purifie entièrement le karma négatif de ces cinq actes en joignant les mains et en se prosternant lorsqu’il entend une simple strophe de quatre lignes de l’instruction de Sanghata, Sarvashura, que dire alors de celui qui entend cette instruction de Sanghata au long jusqu’à la fin ? Il produira une masse de mérites bien plus grande que le précédent. Enfant de la lignée, pour rendre le sens de ce Discours de Sanghata plus explicite, je vais te donner un exemple. Sarvashura, c’est ainsi :

imagine depuis Anavatapta – le palais du roi naga, où le soleil ne brille jamais

– que coulent cinq grands fleuves. Si un être humain comptait les gouttes d’eau de ces cinq grands fleuves, Sarvashura, pourrait-il aboutir ?

– Non, Vainqueur transcendant, il ne le pourrait.

– De même, Sarvashura, il est impossible d’aboutir en comptant les racines de bien de l’instruction de Sanghata durant cent périodes cosmiques, voire des milliers de périodes cosmiques. Sarvashura, si tu te demandes pourquoi il en est ainsi, celui qui dispense cette instruction de Sanghata même un instant, affronte-t-il des épreuves ?

– Oui, Vainqueur transcendant, il affronte des épreuves.

– Sarvashura, quiconque sera à même de dispenser cette instruction de Sanghata affronte des épreuves bien plus grandes. Il en est ainsi : par

exemple, il est impossible d’aboutir en comptant les gouttes des cinq grands fleuves provenant du lac d’Anavatapta.

– Vainqueur transcendant, quels sont ces cinq grands fleuves ?

– Le Gange, le Sita, le Vakshu, le Yamuna et le Chandrabhaga sont les cinq grands fleuves qui se jettent dans l’océan. Chacun de ces cinq grands fleuves est accompagné de cinq cents rivières. Sarvashura, chacun de ces cinq grands fleuves arrive du ciel en compagnie de mille rivières et, grâce à elles, les êtres sont satisfaits.

– Quelles sont ces mille rivières qui les accompagnent ?

– Mille rivières qui les accompagnent sont appelées Sundari, mille rivières qui les accompagnent sont appelées Shamkha, mille rivières qui les accompagnent sont appelées Vahanti, mille rivières qui les accompagnent sont appelées Chitrasena, et mille rivières qui les accompagnent sont appelées Dharmavritta. Ainsi, Sarvashura, ces grands fleuves sont chacun dotés de mille rivières qui les accompagnent et se déversent sur Jambudvipa en une ondée continuelle. Sarvashura, chaque fois que coulent ces flots d’eau de pluie, ils font pousser les fleurs, les fruits et les récoltes. Chaque fois que les flots de pluie se déversent sur Jambudvipa, ils produisent de l’eau. Grâce à cette production d’eau, tous les champs et les jardins regorgent d’eau et baignent dans le bonheur.

Sarvashura, c’est ainsi par exemple : comme le seigneur des êtres fait régner le bonheur sur tout Jambudvipa, de façon analogue, Sarvashura, cette instruction de Sanghata est dispensée sur Jambudvipa pour le bien et le bonheur de nombreux êtres. La durée de vie humaine n’égale pas la longévité des dieux Trente-trois.

Sarvashura, si tu t’interroges qui sont les dieux Trente-trois, sache que sont appelés les dieux Trente-trois ceux qui demeurent avec Indra, le seigneur des dieux. Sarvashura, quiconque s’applique à une bonne conduite verbale y demeure aussi, et on ne peut davantage exprimer leur masse de mérites au moyen d’une analogie. Il est aussi des êtres qui s’engagent dans la mauvaise conduite verbale, et leurs renaissances infernales ou animales ne peuvent s’exprimer en termes d’analogie. Ces êtres qui vont endurer les souffrances des créatures infernales, des animaux et des esprits avides n’ont aucun refuge. Tous leurs espoirs brisés, ils se répandent en lamentations et chutent dans les enfers ; ils sont sous l’influence d’amis non vertueux. Quant aux êtres qui ont cultivé la bonne conduite verbale et dont la masse de mérites ne peut s’exprimer par une analogie, ils sont sous l’influence d’amis vertueux. Voyant un ami vertueux, on voit un Ainsi-allé. Et voyant un Ainsi-allé, toutes fautes seront purifiées. Lorsque le seigneur des êtres fait régner la joie sur Jambudvipa, le bonheur des êtres ne peut s’exprimer au moyen d’une analogie.

De même, Sarvashura, cette instruction de Sanghata joue le rôle d’un Eveillé pour les êtres de Jambudvipa. Ceux qui n’entendent pas cette instruction de Sanghata ne peuvent s’éveiller à la plénitude parfaite et inégalable. Ils ne peuvent tourner la roue de l’enseignement. Ils ne peuvent faire retentir le tambour de la doctrine. Ils ne peuvent s’asseoir sur le trône des lions du dharma. Ils ne peuvent entrer dans la sphère de l’au- delà des peines. Ils ne peuvent illuminer d’une infinité de rayons lumineux. Sarvashura, de façon analogue, ceux qui n’entendent pas cette instruction de Sanghata ne peuvent pas davantage siéger au coeur de l’éveil.

– Vainqueur transcendant, puis-je vous interroger sur une certaine merveille ? Allé en félicité, puis-je vous interroger sur une certaine merveille ?

– Sarvashura, interroge-moi sur ce qui te plaira et je dissiperai tes doutes.

– Ce sage, grâce auquel ces êtres ont été libérés du karma des cinq actes aux conséquences immédiates, puis placés un à un au stade du non-retour, qui est-il ?

Le Vainqueur transcendant répondit :

– Les mots des Eveillés sont profonds, Sarvashura, écoute-moi ! Le maître du Discours de Sanghata expose la doctrine En prenant la forme d’un sage. Par compassion, il enseigne (Au moyen) des corps des Eveillés. Il révèle des formes égalant en nombre Les grains de sable du Gange. Les Eveillés montrent des formes, Qui, elles-mêmes, révèlent la doctrine. Pour qui désire voir un Eveillé Le Sanghata équivaut à un Eveillé. Là où est le Sanghata Se trouve toujours l’Eveillé.

– Enfant de la lignée, écoute ! Sarvashura, il y a bien longtemps, quatrevingt-dix-neuf périodes cosmiques auparavant, apparurent douze millions d’Eveillés. Lorsqu’apparut l’Ainsi-allé nommé Ratnottama, je devins un important donateur et je vénérai ces douze millions d’Eveillés nommés Chandra en leur présentant nourritures, boissons, parfums, guirlandes de fleurs et onguents excellents, tout ce qu’ils aimaient et favorisait leur bien-être. Après les avoir ainsi honorés, je me souviens avoir entendu une prophétie sur l’éveil insurpassable et parfaitement accompli. Sarvashura, je me souviens qu’apparurent dix-huit millions d’Eveillés nommés Ratnavabhasa. A cette époque-là aussi, j’étais devenu un important donateur et j’adorai ces dix-huit millions d’Ainsi-allés nommés Garbhasena avec des fleurs, des onguents, des ornements et des parures adaptés à chacun. Puis, je me souviens avoir entendu une prophétie sur l’éveil insurpassable et parfaitement accompli. Sarvashura, je me souviens de vingt millions d’Eveillés, et chacun de ces Ainsi-allés, Destructeurs-de- l’ennemi, Eveillés parfaitement accomplis se nommait Shikhisambhava. Sarvashura, je me souviens de vingt millions d’Eveillés, et chacun de ces Ainsi-allés, Destructeurs-de- l’ennemi, Eveillés parfaitement accomplis se nommait Kashyapa. A cette époque-là aussi, j’étais devenu un important donateur et j‘adorai ces Ainsi-allés avec du parfum, des guirlandes de fleurs et des onguents, puis je les honorai comme on doit honorer les Ainsi-allés. Et, là encore, je fus prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli.

Sarvashura, apparurent ensuite seize millions d’Eveillés nommés Vimalaprabhasa. A cette époque-là, j’étais un maître de maison riche de biens et de possessions. Donnant généreusement tout ce que je possédais, j’adorai ces seize millions d’Eveillés avec des étoffes pour s’asseoir, des vêtements, des parfums, des guirlandes de fleurs, des onguents et des couvertures, comme on doit honorer les Ainsi-allés. A ce moment-là, je m’en souviens, je fus prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli. Toutefois le moment et les conditions de cette prédiction n’étaient pas encore apparus.

Sarvashura, écoute ! Quatre-vingt-quinze millions d’Eveillés apparurent dans le monde. Chacun de ces Ainsi-allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Eveillés parfaitement accomplis se nommait Shakyamuni. A cette époque- là, j’étais un roi de la doctrine, détenteur de la doctrine et j’adorai ces quatre-vingt-quinze millions d’Ainsi-allés nommés Shakyamuni avec des parfums, des guirlandes des fleurs, des étoffes pour s’asseoir, des vêtements, des encens, des bannières et des drapeaux. A cette époque-là, je m’en souviens, je fus prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli.

Sarvashura, dans le monde apparurent quatre-vingt-dix millions d’Ainsi-allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Eveillés parfaitement accomplis nommés Krakucchanda. A cette époque-là, j’étais un jeune et riche brahmanepourvu de nombreux biens et possessions. Donnant généreusement tout ce que je possédais, j’adorai tous ces Ainsi-allés avec des parfums, des guirlandes de fleurs, des onguents, des étoffes pour s’asseoir, des vêtements. Ayant respectueusement honoré ces Ainsi-allés, selon ce qui convient à chacun, à ce moment-là, je m’en souviens, je fus prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli.

Toutefois, je n’apparus pas au moment et selon les conditions de cette prédiction. Sarvashura, dix-huit millions d’Eveillés apparurent dans le monde, et chacun de ces Ainsi-allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Eveillés pleinement accomplis se nommait Kanakamuni. A cette époque-là, j’étais devenu un important donateur, j’adorai ous ces Ainsi-allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Eveillés parfaitement accomplis avec des parfums, des guirlandes de fleurs, des onguents, des étoffes pour s’asseoir et des ornements. Je les honorai comme on doit honorer les Ainsi-allés et, à ce moment-là, je m’en souviens, je fus prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli. Mais le moment et les conditions prédits n’étaient pas apparus. Sarvashura, treize millions d’Eveillés apparurent dans le monde, et tous ces Ainsi-allés, Destructeurs-de- l’ennemi, Eveillés pleinement accomplis se nommaient Avabhasashri. J’adorai ces Ainsi-allés, Destructeurs-del’ennemi, Eveillés pleinement accomplis avec des étoffes pour s’asseoir, des vêtements, des parfums, des guirlandes de fleurs, des onguents, des couvertures et des ornements. Je les honorai comme on doit honorer les Ainsi-allés. Ces Ainsi-allés exposèrent diverses approches de la doctrine définissant la discipline et le sens.

A ce moment-là aussi, je m’en souviens, je fus prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli. Mais là encore, le moment et les conditions prédits n’étaient pas apparus. Sarvashura, vingt-cinq millions d’Ainsi-allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Eveillés pleinement accomplis, nommés Pushya, apparurent dans le monde. En ce temps-là, j’étais un renonçant qui adora ces Ainsi-allés. Comme actuellement Ananda me vénère, je vénérai ces Ainsi-allés et fus prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli. Je m’en souviens mais, là encore, le moment prédit n’étais pas apparu. Sarvashura, douze millions d’Ainsi-allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Eveillés pleinement accomplis, nommés Vipashyin, apparurent dans le monde. J’adorai ces Ainsi-allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Eveillés pleinement accomplis avec des étoffes pour s’asseoir, des vêtements, des parfums, des guirlandes de fleurs et des onguents. Je les honorai comme on doit honorer les Ainsi-allés. De ce temps, j’étais un renonçant et je me souviens avoir alors obtenu une prophétie de l’éveil insurpassable et pleinement accompli.

Peu après, le dernier Vipashyin qui apparut expliqua cette instruction de Sanghata que je connaissais. Une pluie des sept substances précieuses se déversa alors sur Jambudvipa. Pour les habitants de Jambudvipa, la pauvreté disparut et, à ce moment-là, je fus prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli. Après cela, pendant longtemps, je ne fus plus prophétisé.

– Quelle période était-ce ? Quelle condition était-ce ?

– Sarvashura, écoute ! Une période cosmique immesurable plus tard, l’Ainsi-allé, Destructeur-de- l’ennemi, Eveillé pleinement accompli Dipamkara apparut dans le monde et, en ce temps-là, j’étais un enfant brahmane nommé Megha. A cette époque, lorsque l’Ainsi-allé Dipamkara apparut dans le monde, je m’entraînais à la pureté sous la forme d’un jeune brahmane. Après avoir vu l’Ainsi-allé Dipamkara, je lançai sept fleurs utpala en les dédiant à l’éveil insurpassable et pleinement accompli. L’Ainsi-allé me fit alors cette prédiction :

“Jeune brahmane, dans le futur, dans une période cosmique immesurable, tu apparaîtras en ce monde comme l’Ainsi- allé, Destructeur-de-l’ennemi, Eveillé pleinement accompli nommé Shakyamuni.” Sarvashura, après cela, je m’assis au milieu de l’espace, à une hauteur de douze arbres palmyra et obtins l’état de tolérance en rapport avec les phénomènes sans production. Comme si c’était hier ou aujourd’hui, je me souviens clairement de toutes ces racines de bien issues du temps où, pendant d’innombrables périodes cosmiques, je m’entraînais à la pureté et possédais les perfections.

Et, Sarvashura, si après cela j’ai conduit, un à un, d’innombrables milliards d’êtres à la sainte doctrine, Sarvashura, maintenant que je me suis directement éveillé à la plénitude insurpassable et parfaitement accomplie, est-il besoin de dire combien je désire oeuvrer au bien de tous les êtres ? Sarvashura, j’enseigne la doctrine aux êtres sous de nombreux aspects. Quelle que soit la forme (à adopter) pour les discipliner, j’enseigne la doctrine aux êtres sous cette forme. Dans le monde des dieux, j’enseigne la doctrine sous la forme d’un dieu. Dans le monde des esprits-serpents, j’enseigne la doctrine sous la forme d’un esprit-serpent.

Dans le monde des yakshas, j’enseigne la doctrine sous la forme d’un yaksha. Dans le monde des esprits avides, j’enseigne la doctrine sous la forme d’un esprit avide. Dans le monde humain, j’enseigne la doctrine sous une forme humaine. Aux êtres qui doivent être guidés par un Eveillé, j’enseigne la doctrine sous la forme d’un Eveillé. Aux êtres qui doivent être guidés par un bodhisattva, j’enseigne la doctrine sous la forme d’un bodhisattva. Quelle que soit la forme par laquelle les êtres doivent être guidés, j’enseigne la doctrine précisément sous la forme qui leur correspond. Ainsi, Sarvashura, j’enseigne la doctrine sous de nombreux aspects. Si l’on se demande quelle en est la raison, Sarvashura, sache que les êtres entendent la doctrine sous de nombreux aspects, produiront des racines de bien de diverses manières : pratiquant la générosité, créant des mérites, s’abstenant même de dormir pour leur propre bien, méditant aussi sur le souvenir de la mort. Ils ccompliront ainsi toutes sortes d’actions vertueuses qu’il convient d’accomplir. En entendant la doctrine, ils se souviendront des racines de bien antérieures. A long terme, cela servira les objectifs, le bien et le bonheur des dieux et des humains.

Sarvashura, ceci étant, dès que l’on entend l’instruction de Sanghata, les qualités et les bienfaits deviennent incommensurables. Alors, ces êtres se diront mutuellement la chose suivante : “Selon ce qui a été fait et accumulé, il doit y avoir d’autres fructifications de la vertueuse doctrine que de directement et complètement s’éveiller à la plénitude insurpassable et parfaitement accomplie, et vouloir le bien de tous les êtres.”

Pour ceux qui confiants dans la doctrine disent : “Il est une doctrine qui s’accorde parfaitement à la réalité des choses”, la grande fructification de leur bonheur sera le bonheur insurpassable de la doctrine. Pour les des êtres puérils et ignorants qui disent : “Il n’y a pas de doctrine, on ne peut pas aller aux profondeurs de la doctrine”, la grande fructification sera de se diriger vers de mauvaises destinées. Ils se destineront sans cesse aux mondes inférieurs. Pendant huit périodes cosmiques, ils connaîtront les sensations de souffrance des enfers des damnés. Pendant douze périodes cosmiques, ils connaîtront les sensations de souffrance dans les contrées des esprits avides. Pendant seize périodes cosmiques, ils renaîtront parmi les dieux jaloux. Pendant neuf mille périodes cosmiques, ils renaîtront parmi les esprits élémentaux et les ogres. Pendant quatorze mille périodes cosmiques, ils seront privés de langue. Pendant seize mille périodes cosmiques, ils mourront dans la matrice de leur mère. Pendant douze mille périodes cosmiques, ils deviendront des boules de chair. Pendant onze mille périodes cosmiques, ils connaîtront les sensations de souffrance de naître aveugles.

Leurs parents penseront : “Nous avons souffert en vain ! La naissance de notre fils était inutile ! Les neuf mois de gestation dans la matrice n’ont servi à rien !” Ils connaîtront les sensations de froid et de chaud et souffriront intensément de la faim et de la soif. Ils connaîtront également maintes souffrances au cours de cette vie. Même si les parents voient naître un fils dans leur foyer, ils ne connaîtront pas la joie et leurs espoirs seront totalement brisés.

Ainsi, Sarvashura, les êtres qui rejettent la sainte doctrine se destinent à des renaissances infernales et animales. Au moment de leur mort, les grandes flèches de la détresse les transperceront. Sarvashura, ceux qui profèrent des paroles telles que : “Il y a la doctrine. Il y en a qui vont aux profondeurs de la doctrine”, par cette racine de bien renaîtront au nord, à Uttarakuru, pendant vingt périodes cosmiques. Ils renaîtront dans la communauté des dieux Trente-trois, pendant vingt-cinq périodes cosmiques. Puis ils chuteront du ciel des dieux Trente-trois et renaîtront de nouveau à Uttarakuru. Ils ne renaîtront pas de la matrice d’une mère. Ils verront cent mille mondes. Percevant tous les champs d’Eveillés qui portent le nom de Sukhavati, il s’y établiront et s’éveilleront à la parfaite plénitude en ces lieux.

Sarvashura, la grande efficacité de cette instruction de Sanghata réside en ceci : ceux qui placent leur confiance en elle, ne mourront jamais d’un revers de fortune. Ils seront dotés d’une éthique pure. Sarvashura, il existe des êtres qui s’expriment ainsi : “Jour et nuit, l’Ainsi-allé libère de nombreux êtres. Pourtant, malgré cela, l’univers des êtres ne diminue pas. Nombreux sont ceux qui se dirigent vers l’éveil. Nombreux sont ceux qui renaissent dans le monde céleste. Nombreux sont ceux qui parviennent au bonheur. Pourquoi alors, les êtres ne diminuent-ils pas ?”

Les Passeurs, les ritualistes, les ascètes errants et les jaïns eurent alors cette pensée : “Et si nous allions débattre avec l’ascète Gautama !” Sur ce, les quatre-vingt-quatre mille Passeurs, ritualistes, ascètes errants et des centaines de jaïns se dirigèrent là-bas, dans la grande cité de Rajagriha. Alors, à ce moment-là, le Vainqueur transcendant sourit. Le bodhisattva, le grand être Maitreya se leva de son siège, remonta sa robe supérieure sur une épaule, plaça le genou droit au sol et, s’inclinant les mains jointes devant le Vainqueur transcendant, s’adressa à lui :

– Vainqueur transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison de votre sourire ? Les Ainsi-allés, Destructeurs-de-l’ennemi, Eveillés pleinement accomplis ne montrent pas un sourire sans cause ni sans raison.

– Fils de la lignée, écoute ! Aujourd’hui un important rassemblement aura lieu dans cette grande cité de Rajagriha.

– Vainqueur transcendant, qui y viendra ? Des dieux, des esprits-serpents, des yakshas ? Des êtres humains ou non humains ?

– Maitreya, tous – dieux, esprits-serpents, yakshas, humains, non-humains

– arriveront aujourd’hui. Quatre-vingt-quatre mille brahmanes viendront aussi, ainsi que neuf milliards de Passeurs, de ritualistes, d’ascètes errants et de jaïns. Tous viendront débattre avec moi et j’exposerai la doctrine pour faire taire tous les débats. Tous les brahmanes engendreront la pensée de l’éveil suprême et parfaitement accompli. Les neuf milliards de sectaires, d’ascètes errants, d’adeptes mendiants et d’incroyants obtiendront le fruit de l’entrée dans le courant. Dix huit milliards de rois nagas viendront et entendront la doctrine par moi révélée. L’ayant entendue, tous produiront la pensée de l’éveil suprême et parfaitement accompli. Soixante milliards de fils de dieux célestes viendront. Mara le malveillant viendra aussi avec trente-deux milliards de servants. Douze milliards de rois asuras viendront. Des rois, au nombre de cinq cents, viendront avec leur suite afin d’écouter la doctrine.

Après l’avoir entendue en ma présence, ils produiront tous la pensée de l’éveil suprême et parfaitement accompli. Puis, le bodhisattva, le grand être Maitreya, après avoir, de sa tête, honoré les pieds du Vainqueur transcendant, et circumambulé par trois fois, disparut sur le champ. Alors, le bodhisattva, le grand être Sarvashura, se leva de son siège, remonta sa robe supérieure sur une épaule, plaça le genou droit au sol et, s’inclinant les mains jointes en direction du Vainqueur transcendant,

s’adressa à lui :

– Vainqueur transcendant, les rois au nombre de cinq cents, comment se nomment-ils ?

– Sarvashura, écoute ! Il y a le roi nommé Nanda, le roi nommé Sunanda, le roi nommé Upananda, le roi nommé Jinarsabha, le roi nommé Brahmasena, le roi nommé Brahmaghosha, le roi nommé Sudarshana, le roi nommé Jayasena, le roi nommé Nandasena, le roi nommé Bimbisara, le roi nommé Prasenajit, et le roi nommé Virudhaka.

A leur suite, se trouvent les rois au nombre de cinq cents. Chacun d’eux est accompagné d’un billion de servants. Tous, à l’exception du roi Virudhaka, se sont mis en route vers l’éveil insurpassable et pleinement accompli.

Trente milliards de bodhisattvas viennent de l’est. Cinquante milliards de bodhisattvas viennent du sud. Soixante milliards de bodhisattvas viennent de l’ouest. Quatre milliards de bodhisattvas viennent du nord. Quatre-vingt-dix milliards de bodhisattvas viennent du nadir. Cent milliards de bodhisattvas viennent du zénith. Tous sont établis dans les dix terres.

Puis, afin de voir le Vainqueur transcendant, tous ces bodhisattvas approchèrent de la grande cité de Rajagriha, où se trouvait le Vainqueur transcendant. Tous ces bodhisattvas s’étaient mis en route vers l’éveil insurpassable et pleinement accompli. Ensuite, le Vainqueur transcendant s’adressa au bodhisattva, le grand être

Sarvashura :

– Sarvashura, va dans les mondes des dix directions et parle ainsi à tous les bodhisattvas : “Aujourd’hui, le Vainqueur transcendant, enseigne la doctrine dans la grande cité de Rajagriha. Par conséquent, vous tous, qui demeurez dans les mondes des dix directions, rendez-lui hommage les mains jointes.” Lance cet appel brièvement et reviens aussitôt écouter la doctrine. Sur ce, le bodhisattva, le grand être Sarvashura, se leva de son siège, honora de la tête les pieds du Vainqueur transcendant, marcha par trois fois autour du Vainqueur transcendant et disparut au moyen de ses pouvoirs miraculeux. Le bodhisattva, le grand être Sarvashura se rendit ensuite dans les mondes des directions pour annoncer aux bodhisattvas :

“Aujourd’hui, l’Ainsi-allé Shakyamuni, le Destructeur-de-l’ennemi, l’Eveillé parfaitement accompli expose la doctrine dans la grande cité de Rajagriha. Aussi, manifestez tous votre approbation et, aujourd’hui même, vous en retirerez un grand bienfait et un grand bonheur.”

Après être allé dans les mondes des dix directions, avoir vénéré tous les Eveillés et s’être adressé aux bodhisattvas, comme en un claquement de doigt d’homme puissant, le bodhisattva, le grand être Sarvashura revint en cet instant dans la grande cité de Rajagriha pour se présenter devant le Vainqueur transcendant. Tous les brahmanes, Passeurs, ritualistes, ascètes errants et jaïns étaient assemblés. De nombreux dieux, espritsserpents, yakshas, humains, et des rois au nombre de cinq cents, y étaient aussi avec leurs adeptes. Trente-trois milliards de maras, de malfaisants, y étaient aussi avec leurs servants. A ce moment-là, la grande cité de Rajagriha se mit à trembler. Dans les mondes des dix directions une poudre de santal céleste se déversa et une pluie de fleurs célestes tomba, formant un pavillon sur l’interstice de la tête du Vainqueur transcendant. A cet instant, Indra, le chef des dieux, frappa un diamant foudre devant l’Ainsi- allé.

A ce moment, quatre grands vents violents soufflèrent dans les quatre directions. Ils balayèrent de la grande cité de Rajagriha les saletés, la poussière et le sable qui s’y trouvaient. Une pluie parfumée se répandit dans les mondes des dix directions. Une pluie de lotus utpala, kumuda, pundarika tomba dans les mondes des dix directions, et toutes ces fleurs, telles des ombrelles, demeurèrent au-dessus de la tête de ces êtres. Quatre-vingtquatre mille pavillons se formèrent dans le ciel, au-dessus de la tête de l’Ainsi-allé. Dans ces quatre-vingt-quatre mille pavillons de fleurs, se trouvaient quatre-vingt-quatre mille sièges faits des sept substances précieuses. Sur chacun des sièges, un Ainsi-allé exposait la doctrine. Alors, le trichilio mégachiliocosme trembla six fois. Puis, le bodhisattva, le grand être Sarvashura, joignant respectueusement les mains devant le Vainqueur transcendant, s’adressa à lui :

– Vainqueur transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison pour que tels prodiges aient lieu dans la grande cité de Rajagriha ?

Le Vainqueur transcendant répondit :

– Imagine un homme instable, fluctuant, orgueilleux, égoïste et très pauvre, qui se présente avec arrogance aux grilles du palais royal et veut entrer de force, désirant une onction du roi sur la tête. Les ministres et intendants du roi saisissent alors cet homme et le rouent de coups. Apprenant que ce pauvre homme désirait pénétrer en force, le roi a cette pensée : “Cet individu avait manifestement l’intention de me tuer.”

En colère, le roi s’adresse ainsi à ses intendants : “Allez, emmenez cet homme au bord d’un précipice et tuez-le !” Eliminez tout son entourage : père, mère, fils, filles, servants, servantes et ouvriers. Ainsi, tous sont assassinés. Tous les membres de sa famille et de son entourage sont transpercés par les flèches de l’extrême douleur.

De façon analogue, Sarvashura, l’Ainsi-allé, Destructeur-de-l’ennemi, Eveillé pleinement accompli enseigne la doctrine aux êtres. A l’instar de cet homme orgueilleux, les êtres ordinaires et sots appréhendent le physique, la complexion, le nom, la silhouette, les marques de l’Ainsi-allé et en concluent qu’il s’agit du corps d’un Ainsi-allé. Ayant entendu de nombreuses doctrines, ils tombent dans l’orgueil supérieur, tiennent maints propos sans suite. Dominés par la saisie d’un “je” et la saisie d’un “mien”, ils n’écoutent ni ne dispensent de telles doctrines. Si quelqu’un leur explique un soutra, un verset, voire un simple exemple, ils ne le gardent ni ne l’écoutent avec attention, prétendant le connaître déjà. Pour quelle raison ? A cause de l’orgueil, ils sont infatués de ce savoir. Ainsi, ceux qui se lient à des gens ordinaires et puérils, n’entendant pas les paroles qui ont trait à l’enseignement, sont infatués de ce savoir. Les gens de cette sorte composent leurs propres poèmes, écrivent leurs propres récits et ouvrages littéraires. Ils abusent eux-mêmes et le monde entier. Inattentifs, ils consomment en abondance les aumônes des habitants et, après les avoir mangées, ils les digèrent mal.

Au moment de la mort, possédés par de grandes peurs, ces êtres diront alors :

– Nombreux sont ceux à qui vous avez enseigné l’apprentissage de métiers.

Comment se fait-il que vous ne puissiez vous y établir vous-même ?

Et il leur répondra :

– Mes amis, je ne peux m’y établir maintenant. Alors, ces êtres se lamenteront de bien des façons. Comme dans le cas de cette seule personne dont les actions ont entraîné la mort d’un grand nombre de parents innocents. De même, en se lamentant au moment de la mort, ces êtres se verront renaître dans les enfers ou comme animaux, et ce, à cause d’amis non-vertueux. Aussi, je m’adresse à vous, brahmanes, Passeurs, ritualistes, ascètes errants, ne soyez pas infatués. De même qu’un oiseau sans ailes ne peut s’envoler dans les airs pour atteindre le monde des dieux, de même vous ne pouvez accéder à l’au-delà des peines. Ce pouvoir miraculeux n’est pas en vous. Quel en est la raison ? Par les effets de vos actions, vous êtes semblables à ceux qui naissent dans le ventre des poules. Bientôt, votre corps, voué à la destruction, finira par mourir, et ce moment sera pénible et angoissant. “Pourquoi avons-nous pris soin de ce corps ? Nous qui ne connaîtrons ni le bonheur des dieux, ni celui du monde humain, et ne demeurerons pas dans l’au-delà des peines. Nous avons pris soin de ce corps inutilement. Quelle sera notre destinée future ? Qui sera notre protecteur ? Où sera notre lieu de naissance et de cessation ?

Le Vainqueur transcendant s’adressa alors aux brahmanes, aux Passeurs, aux ritualistes et aux ascètes errants :

– Ne désespérez pas de ce précieux Jambudvipa fait des sept choses précieuses. Ne vous excluez pas du joyau de la doctrine. O amis, interrogez l’Ainsi-allé selon votre désir. J’exaucerai tous vos souhaits.

Alors, brahmanes, Passeurs, ritualistes, ascètes errants et jaïns, se levèrent de leur siège, se couvrirent l’épaule de leur châle et, gardant les mains jointes, demandèrent au Vainqueur transcendant :

– Jour et nuit, l’Ainsi-allé libère de nombreux êtres du samsara, pourtant le monde des êtres ni ne diminue ni ne se remplit. Vainqueur transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison pour laquelle les êtres, tout en restant égaux, semblent naître et cesser ?

Le Vainqueur transcendant s’adressa alors au bodhisattva Bhaishajyasena :

– Afin de dissiper le grand regret et d’allumer le flambeau de la doctrine, les Passeurs ont revêtu la grande armure et posent de grandes questions. Ultérieurement, les êtres jeunes et vieux connaîtront la naissance et la destruction. Mais, Bhaishajyasena, il existe des êtres âgés qui, tels des jeunes, ne savent rien. Bhaishajyasena, c’est comme si un homme se lavait la tête, enfilait de nouveaux vêtements et sortait de chez lui. Les gens diraient en s’adressant à lui : “Tu portes bien tes nouveaux habits.” Si une autre personne se lavait la tête mais enfilait de vieux vêtements après les avoir lavés, ils diraient : “Ces vêtements sont usés et laids. Cet homme a la tête propre, mais sa tenue vestimentaire est négligée”. De façon analogue, Bhaishajyasena, certains êtres âgés n’embellissent pas Jambudvipa. Par contre, les jeunes manifestent la naissance et la cessation.

Brahmanes, Passeurs, ritualistes, ascètes errants et jaïns, se levèrent de leur siège et s’adressèrent au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, lesquels d’entre nous sont âgés ? Lesquels d’entre nous sont jeunes ?

–Agés sont ceux qui parmi vous ont maintes et maintes fois vu les pénibles souffrances qu’endurent les damnés des enfers, les animaux et les esprits avides, et ne sont toujours pas satisfaits.

Alors, les brahmanes, Passeurs ritualistes, ascètes errants, jaïns et tous les rois nagas dirent au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, nous n’endureront plus les cuisantes souffrances du samsara.

Et ils ajoutèrent :

– Aucun des jeunes ne peut réaliser la condition véritable.

Alors, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, s’adressa ainsi au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, voyez combien il est difficile de susciter l’intérêt de ces êtres.

– Bhaishajyasena, écoute ! Maintenant, l’Ainsi-allé appréhende le monde tout entier. Quatre-vingt-quatorze milliards de jeunes se tenaient devant l’Ainsi-allé ; ils ne le saluaient, ni ne lui adressaient la moindre parole.

Alors le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, demanda au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, ces êtres n’adressent aucune parole au Vainqueur transcendant, ils ne le saluent ni ne le questionnent ; quelle en est la cause, quelle en est la raison ?

– Bhaishajyasena, écoute ! Occupe-toi de ces jeunes qui ne peuvent soi disant réaliser la condition véritable.

– Vénérable Vainqueur transcendant, nous sommes les jeunes, répondirent ces êtres. Vénérable Allé en félicité, nous sommes les jeunes.

– Etres, dit le Vainqueur transcendant, comprenez correctement la réalité de ce monde et montrez-en l’étendue à partir de votre propre corps.

Quatre-vingt-quatorze milliards de jeunes s’étaient dressés dans le ciel et, lorsque leur corps se résorba, ils furent établis dans les dix terres.

Et le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, de dire au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, ces êtres qui persévèrent dans leurs pouvoirs ont bien mérité de gagner la cessation et l’épuisement du samsara. Vainqueur transcendant, le jour même où ces êtres sont nés, ce jour-là, ils furent libérés. Et on les a vus établis dans les dix terres.

Brahmanes, Passeurs, ritualistes, ascètes errants, jaïns, les rois esprits serpents et Mara le malveillant, accompagné de ses adeptes, étaient venus pour créer le trouble. S’adressant au Vainqueur transcendant, ils dirent :

– Vainqueur transcendant, nous étions venus ici, en présence du Vainqueur transcendant, pour créer le trouble. Vainqueur transcendant, après avoir entendu cette instruction, nous avons désormais confiance en l’Eveillé et en la doctrine. Aussi, Vainqueur transcendant, désirons-nous obtenir le même bonheur d’Eveillé que celui du Vainqueur transcendant. Dans le monde, nous voulons être semblables aux Ainsi-allés, Destructeurs-del’ennemi, Eveillés pleinement accomplis.

– Qu’il en soit ainsi, nobles êtres, qu’il en soit ainsi, répondit le Vainqueur transcendant. Puisque vous êtes venus en présence de l’Ainsi-allé, le Destructeur-de-l’ennemi, l’Eveillé pleinement accompli, que vous avez entendu l’instruction de Sanghata, vous avez développé des pensées tournées vers l’éveil insurpassable et parfaitement accompli. Grâce à cette racine de bien, nobles êtres, vous réaliserez rapidement l’éveil insurpassable et parfaitement accompli.

Dès que le Vainqueur transcendant eut prononcé ces mots, tous ces brahmanes, Passeurs, ritualistes, ascètes errants et jaïns obtinrent la tolérance envers les phénomènes non nés, et tous devinrent des bodhisattvas établis dans les dix terres. Tous ces bodhisattvas montèrent dans les airs à une hauteur de sept palmiers et offrirent à l’Ainsi-allé des pavillons composés des sept substances précieuses, et tous accomplirent des actes de transformation et de contrôle au moyen de leurs pouvoirs miraculeux. Puis, se tenant au-dessus de la tête du Vainqueur transcendant, ils l’honorèrent en lui lançant des fleurs variées. Ils contemplèrent tous les Ainsi-allés. Ils engendrèrent la notion d’Eveillé dans leur propre corps.

Egalement, des centaines de milliards de fils de dieux honorant l’Ainsi-allé, lui lancèrent des fleurs et prononcèrent des mots comme :

“Gautama l’ascète a une grande obtention, il est un grand champ, un sauveur du monde, il est parvenu à faire naître le pouvoir du samadhi, il a la connaissance, il sait comment délivrer les êtres du samsara, peu à peu, par l’expertise de ses ressources. Par la vertu de cette seule bonne parole, il libère quantité d’êtres du samsara.”

Alors, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena se leva de son siège, remonta sa robe supérieure sur une épaule, plaça le genou droit au sol et, s’inclinant les mains jointes devant le Vainqueur transcendant, il s’adressa à lui :

– Quelle est la cause, quelle est la raison pour laquelle ces fils célestes prononcent de telles paroles, accomplissent de tels miracles et louent le Vainqueur transcendant de tous ces hymnes vertueux ?

– Fils de la lignée, écoute ! Ils ne font pas mon éloge, mais celui de leur propre corps qu’ils installeront sur le trône sacré de la doctrine. Les rayons de la doctrine en émaneront et tous les Eveillés les soutiendront pour réaliser l’éveil insurpassable et pleinement accompli, puis pour exposer la doctrine. Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, s’adressa au Vainqueur transcendant :

– Quantité d’êtres, vénérable Vainqueur transcendant, quantité d’êtres, vénérable Allé en félicité, sont libérés nuit et jour. Pourtant, aujourd’hui même, il n’y a aucun épuisement des êtres.

– Excellent, Bhaishajyasena, il est excellent que tu penses qu’il est justifié de questionner l’Ainsi-allé sur ce point. Ecoute Bhaishajyasena, il en est ainsi : imagine un homme opulent qui possède de nombreux biens, une grande fortune, des richesses à profusion. Il possède aussi argent et grain, coffres et greniers, servantes, serviteurs, ouvriers et personnel en grande quantité. Il possède ainsi pléthore de ressources, des champs et des jardins qui regorgent de richesses en céréales – orge, blé, riz, sésame -, en fèves et haricots sauvages. Au printemps, cet homme sèmera toute ses réserves céréalières, qui mûriront au cours de la saison suivante. Une fois arrivée à pleine maturité, la récolte sera moissonnée. Ensuite, l’homme prendra les grains pour les stocker séparément et les garder en sa possession. Les ayant engrangés, il ressèmera ces grains au printemps suivant.

De façon analogue, Bhaishajyasena, après avoir accompli des actions vertueuses dans le passé, ces êtres n’ont de cesse, ces actions épuisées, de planter à nouveau les racines de bien dans les champs du mérite. Après les avoir engendrées, ils s’efforcent dans les qualités vertueuses, font croître toutes les qualités puis se réjouissent et s’enchantent. Bhaishajyasena, ces pensées de réjouissance et de ravissement font que, pour des dizaines de milliards d’âges, (les qualités vertueuses) ne se perdront pas. De même, Bhaishajyasena, pour le bodhisattva qui a engendré initialement l’aspiration, jamais ses racines de bien ne se perdront. En bref, il connaîtra toutes les qualités.

– Vainqueur transcendant, dans ses rêves, que perçoit le bodhisattva qui a engendré l’aspiration initiale ?

– Bhaishajyasena, le bodhisattva qui a engendré l’aspiration initiale perçoit de nombreuses peurs dans ses rêves. Pour quelle raison ? Parce qu’il purifie toutes les actions, Bhaishajyasena, un être qui a mal agi ne peut pas chasser les cuisantes souffrances, mais un mauvais rêve ne l’effraie pas.

– Vainqueur transcendant, quelles peurs le bodhisattva qui a engendré l’aspiration initiale perçoit-il dans ses rêves ?

– Bhaishajyasena, quand il voit un brasier, le bodhisattva doit penser :

“J’ai brûlé tous les désirs.” Deuxièmement, Bhaishajyasena, quand il voit des remous et des tourbillons dans l’eau, le bodhisattva qui a engendré l’aspiration initiale ne doit pas avoir peur. Pour quelle raison ? Parce qu’ayant défait tous les liens de l’ignorance, Bhaishajyasena, le bodhisattva s’est purifié de toutes les fautes. Troisièmement, Bhaishajyasena, le bodhisattva qui a engendré la résolution première, fait un rêve très effrayant ?

– Lequel, Vainqueur transcendant ?

– Il voit que la tête de son propre corps est rasée. Là encore, Bhaishajyasena, le bodhisattva qui a engendré l’aspiration initiale ne devrait pas avoir peur. Pour quelle raison ? Parce qu’il devrait penser : “Désir, aversion et ignorance ont été rasés. J’ai triomphé du samsara et de ses six destinées.” Ainsi, il ne demeurera plus dans l’un des enfers, ni dans les mondes des animaux, des esprits avides, des dieux jaloux, des espritsserpents et des dieux. Bhaishajyasena, le bodhisattva qui a engendré l’aspiration initiale renaît dans les champs purs d’Eveillés. Bhaishajyasena, plus tard, à une époque ultérieure, si une personne dédie sa pensée à l’éveil, on saura qu’elle est munie d’une grande résolution et, même critiquée, elle ne devra pas céder au découragement. Bhaishajyasena, j’ai donné de nombreux enseignements. Pendant cent mille milliards de périodes cosmiques, j’ai pratiqué les austérités. Bhaishajyasena, je n’ai pas enduré ces épreuves difficiles pour jouir de la souveraineté, pour savourer les plaisirs de la vie, ou goûter au pouvoir. Bhaishajyasena, j’ai enduré ces épreuves difficiles pour comprendre la nature de la réalité.

Je n’avais pas réalisé l’éveil insurpassable et parfaitement accompli, Bhaishajyasena, mais à partir du moment où j’ai entendu cette instruction de Sanghata, ce jour-là, j’ai réalisé l’éveil insurpassable et parfaitement accompli. Bhaishajyasena, profonde est cette instruction. Difficile à entendre est cette instruction. Même quand apparaissent les Ainsi-allés, elle est extrêmement difficile à obtenir. Bhaishajyasena, très difficiles à trouver sont ceux qui gardent cette instruction en mémoire. Tous ceux qui entendront cette instruction réaliseront l’éveil insurpassable et parfaitement accompli. Bhaishajyasena. Ils dépasseront le samsara pendant cent mille milliards de périodes cosmiques et ils accéderont au champ pur d’Eveillés. Ils réaliseront aussi la cessation et la voie. Ils seront à même de réaliser le support. Ils seront à même de réaliser le support du bien. Ils seront à même de réaliser le support du bien dans la connaissance intuitive. Ils seront à même de réaliser la cessation du support du bien. Bhaishajyasena, qu’est-ce que “la cessation” ?

– Vainqueur transcendant, c’est “le support de la doctrine”.

– Bhaishajyasena, qu’est-ce que “le support de la doctrine” ?

– Vainqueur transcendant, ce qu’on appelle doctrine est “activité persévérante”, “garde de l’éthique”, “possession de l’éthique”, “trésor de la doctrine”. Vainqueur transcendant, voilà en quoi consiste le trésor de la doctrine.

– Excellent, Bhaishajyasena, il est excellent que tu penses à questionner l’Ainsi-allé sur ce point.

– Vainqueur transcendant, pour quelle raison les Ainsi-allés apparaissent-ils dans le monde ?

– Bhaishajyasena, ceux qui possèdent un vaste savoir, ces savants connaissent l’apparition des Ainsi- allés. Connaissant l’apparition des Ainsi-allés, ils savent que leur apparition donne lieu au bonheur. Et, lorsque les Ainsi-allés apparaissent dans le monde, les êtres connaissent toutes les doctrines. Habiles dans la méthode, ils connaissent les phénomènes, ils connaissent tous les phénomènes mondains et supramondains, ils connaissent les sagesses fondamentales mondaines et supramondaines.

– Ayant acquis ces connaissances, comment comprennent-ils le nirvana ?

– Bhaishajyasena, ils connaissent la doctrine elle-même. Sachant résumer la sublime doctrine, ils développent la première obtention. Appréhendant la doctrine telle qu’ils l’ont entendue, ils obtiennent la possession de la doctrine. Bhaishajyasena, c’est comme si un homme, un marchand avait rassemblé son or et celui d’autres personnes pour en charger mille autres, et qu’il se préparait à partir en voyage d’affaires. Au moment de partir, ses parents lui dirent :

– Fils, écoute ! Puisque tu as rassemblé ton or et celui d’autrui pour le faire transporter par mille autres personnes, tu dois veiller attentivement sur cet or et ne rien en gaspiller. Après l’avoir bien fait fructifier, mets-le en lieu sûr.

Ceci dit, le fils prit l’or et s’en alla. Mais, par négligence, le marchand gaspilla l’or jusqu’à en perdre la totalité en un mois. Il réfléchit intensément et, consterné, honteux, le coeur transpercé par les flèches du chagrin, il n’osait plus rentrer chez lui. Apprenant que tout l’or avait été dilapidé par leur fils, ses parents devinrent désespérés.

Le coeur transpercé par les flèches du chagrin, ils déchiraient leurs vêtements, se lamentaient et sanglotaient en gémissant : “Le fils, né dans notre foyer est un mauvais fils. Il nous a tous ruinés. Il nous a ôté l’espoir, faisant de nous des esclaves et des serviteurs.” Et les parents de cet homme, le coeur empli d’angoisse, moururent désespérés. Lorsque le fils apprit que ses parents étaient morts de chagrin, il mourut, lui aussi, dans le même état.

A ce propos, Bhaishajyasena, l’Ainsi-allé explique que ceux qui n’ont pas confiance en son enseignement, mourront dans le désespoir, le coeur transpercé par les flèches du chagrin. Comme ces parents qui, désespérés par la perte de l’or – le leur et celui d’autrui –, pleuraient, se lamentaient, le coeur transpercé par les flèches du chagrin. L’esprit accablé de détresse et de souffrances infligées par les flèches du chagrin, ainsi, se lamenteront ceux qui n’ont pas confiance dans mon enseignement. Tourmentés, quand surviendra la mort, ils endureront de grandes souffrances. Ceux qui ont gâché les mérites des actes accomplis antérieurement et ne réalisent pas ultérieurement de mérites associés à un champ favorable, y épuisent leur mérites, voient à l’heure de la mort, le coeur transpercé par les flèches du chagrin, les redoutables et terrifiantes naissances dans les enfers, dans des matrices animales et dans le monde de Yama.

Il leur vient alors cette pensée : “Qui sera mon protecteur, qui ôtera de ma vue les contrées des enfers, des animaux, des esprits avides, et le royaume de Yama, pour que je n’y endure pas de terribles souffrances.”

Ecoutant le délire de ce fils qui se rapprochait de l’autre monde, ses parents lui disent : “Cher fils, que pouvons nous faire ?”

Les parents :

– La grande peur de la maladie Ne peut s’emparer de toi. Fils, la mort n’est pas pour toi. La peur de la mort est pour les malades. Tu seras libéré du danger et de la terreur de la maladie. Fils, sois ferme et tu vaincras !

Le fils :

– Ma conscience est comprimée, Mon corps souffre atrocement, Tous mes membres sont endoloris. Je vois ma propre mort. Mes yeux sont aveugles, Et mes oreilles sont sourdes. Plus jamais je n’entendrai. Mon corps est totalement impuissant. Mes membres me font mal. Tels des morceaux de bois, ils sont inertes. Mère, console-moi, dis-moi :

“Ta mort n’est pas venue.”

La mère :

– Mon fils, je t’en prie, ne parle pas ainsi. Ne m’emplis pas de peur. Ton corps est gagné par la fièvre Et tu vois diverses formes.

Le fils :

– En mon corps, je ne perçois ni fièvre, Ni maladie, ni douleur. Je vois la redoutable mort. Mon corps en subit les violentes attaques. Je vois tout mon corps Accablé de souffrance. En qui trouverai-je refuge ? Qui sera mon sauveur ?

Les parents :

– Fils, la colère des dieux est contre toi. En offrant un sacrifice aux dieux, Tout ira bien, dirent les parents.

Le fils :

Je vous en prie, faites-le pour moi, Afin que tout se passe bien, Faites vite, Appelez le prêtre !

Arrivés au temple, les parents offrent de l’encens. Puis le prêtre, offrant lui même l’encens au dieu, dit :

– Le dieu est en colère contre vous. Comme offrande, vous devez accomplir un sacrifice. Il vous faut immoler une victime. Il vous faut tuer un homme, et votre fils sera délivré de la fièvre.

– Qu’allons-nous faire ? Nous sommes pauvres. Si les dieux sont mécontents, notre fils mourra. S’ils sont satisfaits, nous serons exaucés. Aussi, malgré notre pauvreté, nous apporterons une victime humaine. Ils se précipitent chez eux, vendent tout ce qu’ils possèdent pour acheter une victime. S’adressant à une certaine personne, ils disent :

– Si cela est possible, monsieur, nous voudrions emprunter de l’or, nous pensons pouvoir vous le rendre le dixième jour du mois. Sinon, nous deviendrons tous deux vos esclaves et travaillerons à votre service. Après avoir pris l’or, ils partent se procurer une victime, achètent un homme qui ne savait pas qu’on allait lui prendre la vie. Obscurcis, les parents ne retournent pas chez eux, mais se rendent au temple et disent au prêtre :

– Hâtez-vous d’accomplir le rituel !

Les parents se chargent de tuer la victime et privent cet homme de sa vie. Le prêtre embrase le feu avec l’oblation de graisse et commence le rituel d’offrande. Alors, un dieu descend et annonce :

– J’ai accepté votre fils.

Transportés de joie, comblés de bonheur, les parents déclarent :

– L’important est la survie de notre fils, même si nous sommes réduits à l’esclavage ! Puis, après avoir honoré le dieu, les parents s’en retournent mais, une fois arrivés chez eux, ils découvrent que leur fils est décédé. En proie à une grande détresse, le coeur transpercé par les flèches du chagrin, ces parents meurent désespérés. Ainsi, il ne faut pas s’en remettre à de mauvais compagnons.

– Vainqueur transcendant, ces êtres, où sont-ils nés ?

– Silence, Bhaishajyasena, ne me le demande pas !

– Je veux savoir, Vainqueur transcendant. Je veux savoir, Allé en félicité.

– Bhaishajyasena, la mère est née à Raurava (le grand enfer des Larmes), le père est né à Samghata (le grand enfer de Destruction en Masse), le fils est né à Tapana (le grand enfer chaud), le prêtre est né à Avici (le grand enfer Sans Répit).

– Vainqueur transcendant, où est né cette innocente victime ? Quelle fut sa destinée ?

– Bhaishajyasena, sache que cet innocent partage la destinée des dieux Trente-trois.

– Vainqueur transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison qui a fait que cet innocent partage la destinée des dieux Trente-trois ?

– Bhaishajyasena, écoute ! Au moment de mourir, alors qu’on le privait de sa vie, cet homme, plaçant sa confiance dans l’Ainsi-allé, prononça une seule fois les paroles suivantes :

“Je rends hommage au Vainqueur transcendant, le Destructeur-de-l’ennemi, l’Eveillé parfaitement accompli.” Par cette racine de bien, Bhaishajyasena, il jouira du bonheur des dieux Trente-trois pendant soixante périodes cosmiques. Il se souviendra des vies passées pendant quatre-vingts périodes cosmiques. De naissance en naissance, il sera libéré de tous les chagrins. Dès sa naissance, toutes ses souffrances seront effacées. Pouvoir les éliminer totalement n’est certainement pas à la portée de tous les êtres.

– Vainqueur transcendant, comment tous les êtres se rendront-ils capables de passer complètement au- delà des peines ? demanda le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena.

– Bhaishajyasena, il faut s’y appliquer avec persévérance.

– Vainqueur transcendant, qu’est-ce que l’application à la persévérance ?

– Bhaishajyasena, écoute ! La persévérance est appelée “l’exposition des fruits”. Autrement dit, le fruit de l’entrée-dans-le-courant est un stade de persévérance. Le fruit du retour unique est un stade de persévérance. Le fruit du non-retour est un stade de persévérance. Le fruit de l’état de Destructeur-de-l’ennemi et la cessation du fruit de Destructeur-de-l’ennemi sont un stade de persévérance. Le fruit d’éveillé-pour-soi et la connaissance du fruit d’éveillé-pour-soi sont un stade de persévérance. Le fruit de bodhisattva et le stade de réalisation sont un stade de persévérance. Bhaishajyasena, voilà ce qu’on appelle les stades de persévérance.

– Vainqueur transcendant, comment celui qui entre-dans-le-courant et le fruit d’entrée-dans-le-courant sont-ils exposés ?

– Bhaishajyasena, c’est ainsi : par exemple, un homme a planté un arbre. Le jour même où cet arbre a été planté, apparaît une pousse. Le jour même où cette pousse apparaît, elle croît d’une longueur d’un yojana vers le bas. Un autre homme plante également un arbre ce même jour mais, agité par le vent, celui-ci ne développe aucune pousse. Alors, cet homme déracine son arbre et s’en prend au premier ; il l’interpelle et le frappe. “Pourquoi as-tu creusé sur mon terrain ? A ce moment, le roi entend dire que deux hommes se querellent et se frappent.

Le roi envoie alors un messager.

– Ramenez ces deux hommes, ordonne-t-il.

– Bien, sire, il sera ainsi fait, dit le messager qui se précipite et dit aux deux hommes.

– Vous êtes tous deux convoqués par le roi. A ce moment-là, l’un des deux hommes s’effraye et s’inquiète, mais l’autre ne ressent ni crainte ni inquiétude. Ils sont conduits devant le roi qui s’adresse à eux :

– Pourquoi vous êtes-vous querellés et frappés ?

Les deux hommes se lèvent et le premier dit au roi :

– Majesté, écoutez ! Nous ne possédons pas de terre. Sur une parcelle empruntée, un arbre a été planté. Le jour même où il fut planté, apparurent pousses, feuilles, fleurs et fruits. Le même jour sur ce lopin de terre, un autre arbre a été planté par ce deuxième homme. Aucune pousse, feuille, fleur ou fruit n’apparurent car cet arbre était agité par le vent. Majesté, les racines de cet arbre ne descendirent pas d’un seul yojana. Aussi cet homme se querelle avec moi, disant que c’est de ma faute. Majesté, examinez par vous- même, mais sachez que je n’ai commis aucune faute !

Le roi fait appel à trente millions de ministres qui se rassemblent.

– Que se passe-t-il, Majesté ? demandent-ils. Sur quoi devons-nous nous exprimer ?

– Avez-vous vu ou entendu dire que le jour même où un arbre est planté, pouvaient apparaître une pousse avec des feuilles, des fleurs et des fruits. Messieurs, à vous de sceller cette question en sept ou quatorze jours.

Les ministres se levèrent alors de leur siège et dirent au roi :

– Majesté, sur cette question, ce n’est pas à nous qu’il appartient de trancher ; nous n’en avons pas l’aptitude. Majesté, ceci tient du prodige ; il faudrait questionner cet homme davantage.

– Parle, homme, ce que tu dis est-il vrai ?

– Majesté, c’est la vérité.

– Je n’ai jamais vu ni entendu dire, comme tu le prétends, que le jour même où un arbre est planté, il ait poussé et donné des feuilles, des fleurs et des fruits. Je trouve tes paroles bien difficiles à croire.

Les mains jointes, l’homme s’adresse alors au roi :

– Je vous en prie, Majesté, plantez vous-même un arbre et vous verrez une pousse croître. Après avoir fait emprisonné ces deux hommes, le roi sort avec les trente millions de ministres et plante lui-même un arbre. Mais l’arbre ne donne ni pousse, ni feuille, ni fleur, ni fruit.

En colère, le roi s’écrie :

– Qu’on m’apporte immédiatement des haches pour fendre le bois. Dès qu’on les lui apporte, furieux, il abat l’arbre que l’homme a planté et sur lequel feuilles, fleurs et fruits étaient apparus. Lorsque cet arbre est tombé, douze arbres apparaissent. Ces douze arbres sont alors abattus et vingt-quatre autres apparaissent avec racines, feuilles, fruits et pousses en sept substances précieuses. Puis, de ces vingt-quatre arbres apparaissent vingt-quatre oiseaux avec crête et bec en or, les ailes en sept substances précieuses. En proie à la colère, le roi se saisit d’une hache et cogne sur l’arbre. Un nectar en jaillit.

L’esprit agité, le roi ordonne :

– Qu’on libère les deux prisonniers !

– Votre Majesté, il sera fait ainsi. On se précipite, les deux hommes sont aussitôt relâchés et conduits à l’endroit où se trouvait l’arbre.

Le roi leur demande :

– Comment se fait-il que, lorsqu’il a été abattu, l’arbre unique que tu avais planté s’est multiplié jusqu’à devenir vingt-quatre, et que l’arbre par moi planté n’a donné ni pousse, ni feuille, ni fleur, ni fruit ?

– Majesté, les mérites que j’ai ne se trouvent pas en vous.

Les trente millions de ministres, plaçant les deux genoux au sol, disent à cet homme :

– C’est à toi de gouverner. L’ancien roi n’en est pas apte.

L’homme s’adresse alors aux ministres par ces vers :

– Je n’ai nul besoin de souveraineté, Ni de richesses, ni de grains. Par ma confiance en les Eveillés. Puissé-je devenir le meilleur des bipèdes Et me rendre dans la sphère paisible Là où demeure l’Ainsi-allé. Puissé-je vous enseigner la doctrine Qui conduit au foyer de l’au-delà des peines.

Assis, les jambes croisées, il se confesse ainsi :

– Dans le passé, à cause des fautes, J’ai séjourné dans la prison du roi. En raison de mes prières, Mes actions se sont épuisées. Puis, de leur bec adamantin, deux cent quarante millions d’oiseaux font retentir les cymbales. A ce moment-là, trente-deux mille pavillons apparaissent, chacun s’étendant à vingt-cinq yojanas. Dans chacun des pavillons apparaissent vingt-cinq coqs avec le bec en or, la crête en or et le visage en or. Tous parlent une langue humaine :

– Roi, tu as mal agi Lorsque tu abattis cet arbre. Parmi cent millions d’arbres, Vingt-quatre se trouvaient devant lui. L’être qui a planté cet arbre, Tu ne sais pas ce qu’il est. A cause des actions négatives Tu consommeras des fruits non souhaités.

Le roi :

– Je ne sais rien sur ce sujet.

Grand ascète, explique-moi.

Les oiseaux :

– Il illuminera le monde, Il sera le guide, Qui, de la prison de l’existence, Libèrera tous les êtres.

Le roi :

– Qui était-ce le deuxième homme

Dont l’arbre n’a pas poussé ?

Quelles mauvaises actions a-t-il commises ?

Oiseaux, expliquez !

Les oiseaux :

– Celui dont l’arbre n’a pas poussé Est ce sot de Devadatta. Comment son arbre pourrait-il pousser S’il n’a pas fait la moindre action positive ? A ce moment, à cette époque, les trente millions de ministres, qui avaient entendu cette instruction, devinrent tous des bodhisattvas établis aux dix terres et obtinrent chacun la connaissance intuitive. Ce roi, établi aux dix terres, comprit la vertueuse doctrine.

Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, dit alors au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, ces trente millions de ministres obtinrent chacun la connaissance intuitive et furent tous établis aux dix terres, quelle en est la cause, quelle en est la raison ?

– Bhaishajyasena, écoute, je vais expliquer. Alors le Vainqueur transcendant sourit. Et, à ce moment, quatre-vingt-quatre mille rayons de couleurs multiples et variées, plusieurs centaines de milliers de couleurs, bleues, jaunes, rouges, blanches, arc-en-ciel, cristallines, argentées émanèrent de la bouche du Vainqueur transcendant. Après avoir illuminé les mondes sans mesures ni limites, ils revinrent, circumambulèrent trois fois le Vainqueur transcendant et se résorbèrent dans sa tête.

Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, se leva de son siège, se couvrit l’épaule de sa robe supérieure, posa le genou droit au sol et, joignant les mains en direction du Vainqueur transcendant, s’adressa à lui :

– Vainqueur transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison de votre sourire ? Ce n’est pas sans cause, ce n’est pas sans raison, que les Ainsiallés, les Destructeurs-de-l’ennemi, les Eveillés pleinement accomplis sourient.

– Bhaishajyasena, vois-tu tous ces groupes de gens qui, depuis les mondes des quatre directions, viennent en ma présence ?

– Non, Vainqueur transcendant, je ne les vois pas.

– Bhaishajyasena, scrute bien et tu verras une multitude de gens. Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, scruta et, à l’est, il vit apparaître un arbre de sept mille yojanas d’envergure. Sur un côté, se tenait un groupe de vingt-cinq milliards de personnes qui ne parlaient ni ne conversaient, ne discutaient ni ne bavardaient, ne se levaient ni ne marchaient, mais attendaient en silence. Au sud, apparut un arbre du sept mille yojanas d’envergure où étaient assemblées vingt-cinq milliards de personnes qui ne parlaient ni ne conversaient, ne discutaient ni ne bavardaient, ne se levaient, ni ne marchaient, mais attendaient en silence. A l’ouest, apparut un arbre de sept mille yojanas d’envergure où étaient assemblées vingtcinq milliards de personnes qui ne parlaient ni ne conversaient, ne discutaient ni ne bavardaient, ne se levaient ni ne marchaient, mais attendaient en silence. Au nord, apparut un arbre de sept mille yojanas d’envergure où étaient assemblées vingt-cinq milliards de personnes qui ne parlaient ni ne conversaient, ne discutaient ni ne bavardaient, ne se levaient ni ne marchaient, mais attendaient en silence. Au zénith, apparut un arbre de sept mille yojanas d’envergure où étaient assemblées vingt-cinq milliards de personnes qui ne parlaient ni ne conversaient, ne discutaient ni ne bavardaient, ne se levaient ni ne marchaient, mais attendaient en silence. Au nadir, apparut un arbre de sept mille yojanas d’envergure où étaient assemblées vingt-cinq milliards de personnes qui ne parlaient ni ne conversaient, ne discutaient ni ne bavardaient, ne se levaient ni ne marchaient, mais attendaient en silence.

Puis, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena s’adressa au Vainqueur transcendant :

– Je souhaiterais demander au Vainqueur transcendant, l’Ainsi-allé, le Destructeur-de-l’ennemi, l’Eveillé parfaitement accompli, d’apporter une réponse à une certaine question.

Le Vainqueur transcendant répondit au bodhisattva, au grand être Bhaishajyasena :

– Bhaishajyasena, demande tout ce que tu veux et je comblerai tes pensées en expliquant chacun des points.

Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena demanda alors au Vainqueur transcendant :

– Comment se fait-il qu’une multitude de personnes soient venues des mondes des quatre direction et restent dans ces arbres ? Comment se fait-il qu’une multitude de personnes, au nombre de cinquante milliards, soient venues de l’espace entre le zénith et le nadir, et restent dans ces arbres ? Quelle en est la cause, quelle en est la raison ?

– Bhaishajyasena, va et demande toi-même aux Ainsi-allés d’où sont venues ces personnes.

– Vainqueur transcendant, par quel pouvoirs surnaturels dois-je m’y rendre ?

– Bhaishajyasena, utilise tes propres pouvoirs surnaturels. Alors, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, tourna par trois fois autour du Vainqueur transcendant et disparut sur le champ. Quatre-vingt-seize millions de mondes par delà celui-ci, se trouve un monde appelé Chandrapradipa (Illumination de la Lune), où demeure, existe et vit l’Ainsi-allé, le Destructeur-de-l’ennemi, l’Eveillé pleinement accompli, appelé Chandravatikshetra (Champ avec Lune). Il expose la doctrine face à quatre-vingt milliards de bodhisattvas, de grands êtres qui l’entourent. Alors, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena se rendit dans le champ de l’Ainsi-allé Chandravatikshetra.

Se tenant devant l’Ainsi-allé, il s’inclina à ses pieds et, les mains jointes, il s’adressa à lui :

– Vainqueur transcendant, je suis allé au delà de quatre-vingt-seize milliards de mondes et jamais je n’ai vu autant d’êtres que là-bas. Vainqueur transcendant, pour quelle raison, dans l’univers Endurance, d’innombrables personnes venues des dix directions se sont-elles rassemblées, en présence de l’Ainsi-allé Shakyamuni ? Je n’en vois pas autant demeurer ici.

– Bhaishajyasena, elles vont là-bas et y demeurent.

– Vainqueur transcendant, comment ?

– Comme des êtres nés d’arbres inertes, répondit le Vainqueur transcendant.

– Vainqueur transcendant, qui a vu, qui a entendu que des gens naissent d’arbres inertes ?

– Bhaishajyasena, n’as-tu pas vu, n’as-tu pas entendu que des gens naissent d’arbres inertes ?

– Non, Vainqueur transcendant, je ne l’ai ni vu ni entendu.

– Bhaishajyasena, si tu veux le voir, je te le montre tout de suite.

– Oui Vainqueur transcendant, je le veux ! Oui Allé en félicité, je le veux !

Alors, à ce moment, l’Ainsi-allé Chandravatikshetra tendit un bras embelli de cent mérites, et de ce bras apparurent cent milliards de groupes de personnes. Chaque groupe de personnes ayant tendu cent bras, ceux-ci répandirent différents parfums, fleurs et onguents sur l’Ainsi-allé. Le Vainqueur transcendant Chandravatikshetra s’adressa au bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena.

– Bhaishajyasena, vois-tu ce groupe de personnes répandre parfums, fleurs et onguents variés sur l’Ainsi- allé ?

– Oui Vainqueur transcendant, je le vois ! Oui Allé en félicité, je le vois !

– Ainsi apparaissent les groupes de gens insensibles, dit le Vainqueur transcendant. Ainsi naissent les hommes insensibles. Les cent bras de chacun des cent milliards de groupes de personnes s’étaient ouverts.

Ayant vu cela, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena demanda au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, pourquoi cela ? Allé en félicité, pourquoi cela ?

Cent bras de ces personnes se sont ouverts un seul instant. Si ces êtres à cent bras ne sont pas libérés, comment ceux qui n’en ont que deux pourraient-ils l’être ?

– Bhaishajyasena, comme des êtres insensibles naissent, des êtres insensibles cessent. Bhaishajyasena, sache que leur corps aussi est insensible. Bhaishajyasena, parmi eux il y a des êtres jeunes, il y en a aussi d’âgés.

– Vainqueur transcendant, quels êtres sont jeunes, quels êtres sont âgés ?

– Ceux qui en ce moment ont les bras ouverts sont âgés. Ceux qui naissaient des arbres sont jeunes.

– Vainqueur transcendant, je souhaiterais voir les jeunes. Alors, l’Ainsi-allé Chandravatikshetra tendit la paume de la main droite et, des dix directions, arrivèrent cent milliards de groupes de personnes. Du nadir et du zénith arrivèrent cinq millions de groupes de personnes. Une fois arrivés et après avoir honoré de leur tête les pieds du Vainqueur transcendant, ces groupes de personnes ne s’entretenaient ni ne discutaient avec l’Ainsi-allé mais restaient sans parler.

Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena dit alors :

– Vainqueur transcendant, pourquoi ces êtres ne s’entretiennent-ils pas, ne discutent-ils pas avec l’Ainsi- allé, et restent là sans parler ?

– Bhaishajyasena, ne sais-tu pas que dans un lieu terrestre, les êtres insensibles ne parlent ni ne discutent ; ils ne connaissent pas le corps de la doctrine ? Pour quelle raison ?

– Bhaishajyasena, ici, certains jeunes, même s’ils en ont été témoins ne connaissent pas la naissance, la cessation, le déclin, la maladie, la peine, les lamentations, la séparation d’avec les amis, la rencontre avec les ennemis, la mort et la mort prématurée. Ils ne comprennent pas toutes ces intolérables souffrances et, même quand ils les ont perçues, comment les connaîtraient-ils puisqu’ils n’en sont pas perturbés ? Bhaishajyasena, il faut les leur enseigner sans cesse.

Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena s’adressa alors au Vainqueur transcendant :

– D’où viennent ces jeunes qui ne connaissent pas la doctrine ? Où sont-ils morts ? Où renaîtront-ils ?

– Bhaishajyasena, écoute ! La forme humaine qu’ils prennent n’est pas l’oeuvre d’un joaillier, elle n’est pas l’oeuvre d’un forgeron, elle n’est pas l’oeuvre d’un menuisier, elle n’est pas l’oeuvre d’un potier, elle n’est pas créée par la peur du roi. Elle est produite par l’action négative d’un homme et une femme en union. Sans cesse, on enseigne des métiers à ces êtres, et une infinité de souffrances insupportables en résultent quand mûrissent les actions néfastes qu’ils ont commises antérieurement. Bhaishajyasena, ces jeunes qui ne se lèvent pas et qui ressentent pareilles souffrances, sont venus en ce lieu même. C’est pour cette raison, Bhaishajyasena, qu’ils ne parlent ni ne discutent entre eux. Aussi, Bhaishajyasena, ces jeunes qui ne connaissent pas le bien, ne connaissent pas la naissance et ne connaissent pas la cessation : ils n’obtiendront pas un corps humain. Ainsi, Bhaishajyasena, ces êtres sont appelés “jeunes”.

– Vainqueur transcendant, ces jeunes, comment naissent-ils et comment meurent-ils ?

– Bhaishajyasena, comme un homme qui plonge un bâton dans le feu. Peu à peu, ce morceau de bois s’enflamme. De façon analogue, Bhaishajyasena, le corps humain a une origine et, dès qu’il est né, il a des sensations.

– Vainqueur transcendant, qui ici a une bonne naissance ? Qui est passé

dans la plénitude de l’au-delà des peines ?

– Bhaishajyasena, l’Eveillé lui-même a eu une bonne naissance. L’Ainsi-allé lui-même est passé dans la plénitude de l’au-delà des peines. Imagine un roi qui fait enfermer un homme dans le cachot d’une maison. Entrant dans ce gîte, l’homme perçoit le ténébreux cachot. Voyant cela, un autre homme qui avait, lui, déjà enduré de terribles souffrances, pense : “Cet homme est perdu ! Il n’a jamais connu la souffrance, son courant vital sera donc tranché.” Il apporte de la braise en ce lieu, allume un petit feu à l’intérieur du cachot. Le prisonnier voit les flammes, cette vue le réconforte et il reprend courage. Pour une raison quelconque, le feu devient brasier qui se communique à tout l’édifice et calcine le prisonnier. Apprenant que cet homme a péri dans l’incendie, le roi peiné songea : “Plus jamais je n’emprisonnerai quiconque sur mon territoire.” Et, s’adressant aux habitants de son pays, il leur dit : “Ne craignez rien, n’ayez aucune peur, vous serez en sécurité. Dans ce pays, il n’y aura plus de châtiment corporel ni d’emprisonnement. Je n’ôterai la vie à aucun être.” Quand il eut dit : ”Braves gens ! Soyez sans crainte !”, ils furent soulagés. Bhaishajyasena, de façon analogue, l’Ainsi-allé a brûlé toutes les afflictions mentales, apaisé toutes les maladies. De même que le corps de cet homme fut brûlé dans l’incendie de la maison, l’Ainsi-allé oeuvre au profit et au bonheur des êtres : il les délivre de leurs chaînes et de leurs liens. Etant libre des souillures de l’attachement, de l’aversion et de l’ignorance, il apparaît dans le monde comme une lumière qui libère tous les êtres – jeunes et vieux – des enfers, des corps d’animaux, d’esprits avides et de dieux jaloux.

Ces strophes émanèrent alors de la voûte céleste :

Merveilleux est le champ du Vainqueur, Le champ excellent Où les graines plantées Ne périssent pas. Pur est le champ du Vainqueur, La parole louée de l’Eveillé ! Pour soutenir tous les êtres, Le Maître oeuvre avec méthode. Même s’il demeure dans la sphère du nirvana, On le voit sur cette terre. Ayant à jamais apaisé le monde entier, L’Eveillé purifie les supports de don. Il libère les jeunes Et il libère les vieux. Ayant libéré tous les êtres des trois mondes, Fermé les portes des enfers, Libéré les animaux et les esprits avides. Il répand le calme dans ce monde Et le bonheur dans le suivant.

Alors, l’Eveillé sourit et dit :

– Excellente est la vision des excellents ! Voir les Eveillés est excellent ! Bon est le champ d’excellences de la Doctrine ! Voir l’assemblée du Sangha est excellent ! Excellent est l’exposé de Sanghata Qui annihile tous les maux !

Alors, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, joignant respectueusement les mains devant le Vainqueur transcendant, s’adressa à lui :

– Vainqueur transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison de votre sourire ?

– Fils de la lignée, vois-tu ces jeunes ?

– Oui Vainqueur transcendant, je les vois. Oui Allé en félicité, je les vois.

– Bhaishajyasena, aujourd’hui même, ils deviendront tous des bodhisattvas établis dans les dix terres. Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena demeurait alors à une hauteur  de quatre-vingt mille yojanas dans le ciel, d’où quatre-vingt milliards de fils de dieux répandirent une pluie de fleurs sur le Vainqueur transcendant. Tous les jeunes, joignant les mains, lui rendirent hommage. Alors qu’il était debout dans le ciel, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, prononça ces paroles d’une voix qui emplissait le trichilio mégachiliocosme. Les êtres qui étaient nés dans les trente-deux grands enfers entendirent cette voix. Les trente- deux groupes de dieux entendirent aussi cette voix. Le trichilio mégachiliocosme trembla de six manières. Dans le grand océan, quatre-vingt mille esprits-serpents s’agitèrent. Trente milliards de rakshasas vinrent dans notre monde. Vingt-cinq milliards d’esprits avides, yakshas et rakshasas en provenance de la métropole d’Adakavati se présentèrent devant le Vainqueur transcendant et formèrent une grande assemblée. Le Vainqueur transcendant enseigna alors la doctrine à ces jeunes, et les bodhisattvas de cent milliards de mondes des dix directions utilisèrent chacun leurs propres pouvoirs miraculeux pour venir y participer. Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, joignant respectueusement les mains en direction du Vainqueur transcendant, s’adressa alors à lui :

– Nombreux, Vainqueur transcendant, nombreux, Allé en félicité, sont les bodhisattvas ici assemblés et assis ensemble. Vainqueur transcendant, nombreux sont les dieux et les esprits-serpents ici assemblés et assis ensemble. Nombreux aussi sont les rakshasas et les esprits avides, en provenance de la métropole d’Adakavati, ici assemblés et assis ensemble afin d’entendre la doctrine. Le Vainqueur transcendant s’adressa alors au bodhisattva, au grand être Bhaishajyasena :

– Fils de la lignée, approche.

Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, utilisant ses pouvoirs miraculeux pour descendre des hauteurs, joignit respectueusement les mains devant le Vainqueur transcendant et lui demanda :

– Vainqueur transcendant, si l’agrégat de la doctrine est appelé “agrégat de la doctrine”, Vainqueur transcendant, que recouvre ce qu’on appelle “agrégat de la doctrine” ?

– Fils de la lignée, “agrégat de la doctrine” concerne celui qui pratique la pureté et en pratiquant la pureté s’abstient de toutes fautes. Fils de la lignée, vois-tu ? Il ne fait aucun doute qu’en s’abstenant de la non-pureté, il détiendra les pouvoirs des dharanis et sera pourvu de toutes les doctrines.

– Vainqueur transcendant, par quel moyen tant d’êtres se sont-ils assemblés pour entendre l’agrégat de la doctrine ?

Le Vainqueur transcendant répondit au bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena :

– Bhaishajyasena, la plupart des êtres n’entendent pas que naître est souffrance, que vieillir est souffrance, que la maladie est souffrance, que la peine est souffrance, que les lamentations sont souffrance, que la séparation d’avec les êtres chers est souffrance, que l’association avec des ennemis est souffrance. Quant à la mort, pour causer toutes les souffrances, elle ravit le corps et la vie. Bhaishajyasena, on la nomme “toute misère”.

Après avoir entendu les instructions, les jeunes, joignirent alors respectueusement les mains devant le Vainqueur transcendant et s’adressèrent à lui :

– Vainqueur transcendant, nous devrons nous aussi mourir !

– Vous, et tous les êtres, devrez effectivement mourir, répliqua le Vainqueur transcendant.

– Vainqueur transcendant, ce moment de la mort, comment arrive-t-il ?

– Fils de la lignée, au moment de la mort, lorsque la dernière conscience intervient, trois vents – un vent appelé “cessation de la conscience”, un vent appelé “distraction de la conscience” et un vent appelé “perturbation de la conscience” – dérangent, remuent et perturbent la conscience finale du moment de la mort.

– Vainqueur transcendant, quels sont les trois vents qui détruisent le corps au moment de la mort, lorsque la conscience finale cesse ?

– Amis, ceux qui détruisent le corps s’appellent “coupant”, “perçant” et “blessant”.

– Vainqueur transcendant, comment appelle-t-on “le corps” ?

– Vainqueur transcendant, on l’appelle “celui qui se consume”, “celui qui demeure dans le feu”, “celui qui produit la lymphe”, “celui qui libère les mucosités”, “celui qui se rend au cimetière”, “l’inférieur”, “le lourd fardeau”, “celui qui souffre de naissance”, “celui qui s’agite dès la naissance”, “celui qui perd totalement la vie”, “celui qui meurt”, “celui qui quitte ses proches”. Amis, tels sont les noms que l’on donne au corps.

– Vainqueur transcendant, qu’est-ce qui meurt et qu’est-ce qui vit ?

– Amis, ce qui est appelé “conscience” meurt, ce qui est appelé “mérite” continue à vivre. Amis, ce qui meurt est “le corps” : il est maintenu par des millions de nerfs, pourvu de quatre-vingt-quatre mille pores, lié par douze mille membres et soutenu par trois cent soixante os. Quatre-vingt-quatre familles d’insectes y vivent à l’intérieur. La mort et la cessation qui représente la mort sont le lot de tous les êtres qui respirent. Et cela les désespèrent. Lorsqu’une personne meurt, à l’intérieur de tous les êtres qui respirent, l’agitation du vent poussent ceux-ci à s’entre dévorer. Puis, ils éprouvent de grandes souffrances. Certains souffrent en raison de leur fils, certains souffrent en raison de leur fille, certains souffrent en raison de leurs proches. Tous sont transpercés par les flèches des tourments et commencent à s’entre dévorer. Lorsque les êtres qui respirent se sont entre dévorés jusqu’aux deux derniers, ces deux-là se battent encore durant sept jours et, à la fin du septième jour, l’un des deux triomphe et l’autre s’enfuit. Etres dotés de vie, qu’appelle-t-on “doctrine ” ? Qu’en pensez-vous ? De même que tous les êtres qui respirent sont morts en se combattant mutuellement, les êtres ordinaires se querellent et se battent. Ils ne craignent pas la naissance, le vieillissement, la maladie, la mort. De même que ces deux êtres qui respirent et se battent, les êtres ordinaires se battent. Au moment de la mort, des êtres vertueux leur demandent alors :

– Pourquoi donc êtes-vous si sûrs de vous ? Pourquoi ne percevez-vous pas la moindre imperfection ? Ne voyez-vous pas la souffrance de la naissance ? Ne voyez-vous pas la souffrance du vieillissement ? Ne voyez-vous pas la souffrance de la maladie ? Ne voyez-vous pas la souffrance de la mort ?

– Etres dotés de vie, nous voyons bien la souffrance de la naissance, nous voyons bien la souffrance du vieillissement et de la maladie. Nous voyons aussi la souffrance de la mort, la dernière de toutes.

– Alors, pourquoi n’avoir pas créé de racines de bien ? Pourquoi n’avezvous pas créé ces racines de bien, cet agrégat de la doctrine qui accroît le bonheur dans les deux mondes ? Amis, une seconde fois, je vous le demande, pourquoi n’avez-vous pas créé une provision de vertus pour vous libérer de la naissance et de la mort ?

Pourquoi n’avez-vous pas réfléchi à l’application correcte ? Comment n’avez-vous pas entendu les battements du tambour résonner sur la Terre ?

N’avez-vous pas vu les gens distribuer des aumônes et planter les graines de vertu dans le champ de l’Ainsi-allé ? Ne les avez-vous pas vus offrir à l’Ainsi-allé, parfum ou guirlandes de fleurs, lampes ou nourritures solides ou liquides ? N’avez-vous pas vu les quatre groupes qui s’en remettent aux enseignements – moines et moniales, laïcs et laïques – en être comblés.

Ainsi parlent-ils pour son bien.

– Roi, tu n’as rien accompli ! Homme, venu sur Terre, tu as mal agi !

Le roi de la doctrine prononça alors des paroles d’exhortation à l’intention du défunt :

– Ayant vu l’avènement de l’Ainsi-allé Et entendu le roulement du tambour, Tu as aussi entendu l’exposé de la doctrine, Qui conduit à la paix, à l’au-delà des peines.

L’homme répondit alors :

– Mon esprit puéril Est tombé sous la coupe de mauvais compagnons. L’esprit perturbé par le désir, J’ai commis de mauvaises actions. Me laissant guider par le désir, J’ai tué des êtres vivants, Gaspillé ce qui appartenait au Sangha, Et d’abominables fruits me reviennent. L’esprit animé de malveillance, J’ai démoli des stoupas. Proféré des mots durs Et tourmenté ma mère. Je suis conscient des imperfections de mon corps. Et je vois ma naissance Dans le redoutable enfer Maharaurava (Grandes Lamentations). Après avoir enduré les souffrances de Samghata (Destruction en masse) Et celles de Tapana (Chaleur), Je subirai les intolérables tourments Du grand Avici (Sans répit). Dans l’enfer Mahapadma (Grand Lotus), Je serai en proie à d’extrêmes souffrances. Par cent fois, je renaîtrai Dans la grande peur de Kalasutra (Lignes noires). La conscience en enfer, une fois les êtres tués, Par la suite aussi vit dans la terreur. De cent yojanas, encore et encore, Ils tombent, terrifiés. Ne trouvant pas d’issue, Ils plongeront encore dans d’épaisses ténèbres, Dans l’enfer Kshura (Couteaux), Mille couteaux apparaîtront à la conscience. Un milliard (d’assaillants) brandiront des couteaux Et me trancheront les membres A cause de mes mauvaises actions, Mon corps ils tailleront en pièces. D’effroyables tempêtes Le détruiront entièrement. Telles sont les souffrances continuelles Que je devrai endurer dans les enfers. Et tous les êtres verront mon corps En proie à des souffrances extrêmes. Je me suis accaparé, pour usage domestique, Les biens qu’autrui ne m’avait pas donnés.

De même, mes mauvaises actions, M’ont fait abuser fils et filles, Frères et soeurs, Père et mère, Une multitude de parents, De domestiques, serviteurs et employés, Bétail et animaux familiers. Vaisselle en or et en argent, Fins vêtements également, Pour les obtenir et monter mon ménage Je me suis égaré par de vils propos. Le ménage monté et bien aménagé, Hommes et femmes sont venus l’animer.  La musique du luth A ravi mon esprit insoumis. Embaumant mon corps d’eau parfumée, Je n’en avais aucune conscience. Corps inanimé, à cause de toi, Je me suis fourvoyé ! Aucun protecteur n’est là pour moi, Et personne ne le sera à l’avenir. Mon corps est tourmenté Par les gigantesques tourbillons de la tempête. Ma langue aussi goûtait en abondance Tant de délicieuses saveurs. Ma tête était ornée De merveilleuses guirlandes de fleurs. Mon oeil, alors sans protection, S’est laissé abuser par la forme. J’ai vu que le regard est source de fautes. D’autres actions furent aussi Causées par l’oreille. Mes bras ornés de diamants, Portaient des bracelets, J’avais des bagues aux doigts Des rangées de perles autour du cou, De magnifiques chaînes d’or Aux deux jambes Une variété de gemmes Et de lanières dorées sur le corps. Jouissant d’immenses richesses, Mon esprit devint ravi. Ayant goûté à la sensation de douceurs suprêmes, Je devins envieux De tapis et parures de lit. Je m’ébattais au gré de ma fantaisie, Baignant mon corps d’eaux de toilette raffinées, L’embaumant de parfums subtils de camphre ou de santal. Imprégnant l’air de divines fragrances. Après avoir élaboré de riches couleurs, Je m’imbibais de musc et d’huiles délicates De jasmin, de champaka et autres.

Puis, je me parais de fines étoffes en kashika Et enfilais des vêtements blancs. A peine descendu du dos de l’éléphant, Je désirais monter à cheval. Je me prenais pour un roi, Et, devant moi, tout le monde fuyait. Je fréquentais aussi les courtisanes Expertes dans le chant et la danse. Je tuais quantité d’animaux Qui pourtant ne faisaient aucun mal. Ainsi, ignorant l’autre monde, Je commettais des fautes. Je mangeais la chair d’autrui, Et, de ce fait, cette implacable souffrance Est venue jusqu’à moi. Je ne savais rien de la mort. Mon esprit était ignorant Et mon corps s’en nourrissait. Maintenant que le mort est proche Je n’ai vraiment aucun protecteur. Vous tous, mes parents, Pourquoi me dévisagez-vous ? Pourquoi déchirez-vous vos vêtements ? Pourquoi pleurez-vous ? Pourquoi ces lamentations ? Pourquoi vous arrachez-vous les cheveux ? Pourquoi faites-vous couler le sang ? Pourquoi vous mettez-vous des cendres sur la tête ? Pourquoi vous frappez-vous la poitrine ? J’ai vécu dans la faute et la souffrance, Pourquoi se cramponner à un parent auquel on devrait renoncer ? Mon corps sera dévoré par les loups, les chiens, Les corbeaux, les oiseaux. A quoi bon le maintenir en vie ! L’homme naîtra toujours avec en lui, Le serpent de la mort. Pour se libérer de cette peur, Il faut appliquer des remèdes particuliers. Ceux que m’a donné le médecin Me sont inutiles. Qu’on me donne, à présent que la mort s’en vient, Les remèdes de la doctrine Qui délivrent du serpent des passions. Ne me donnez pas de viande Pour nourrir ce corps Qui va manifestement mourir. Pourquoi offrir de la souffrance ? Pourquoi recevoir une masse de fautes ? Quoi que très bien nourri, Ce corps accomplit des activités scélérates. Pourquoi, fils et filles, Me regardez-vous avec de tels yeux ? Protégez-moi de cette maladie, Pourquoi être inconséquent ?  Fils et filles,A présent ne faites pas le mal. Pour vous maintenir en vie, J’ai volé les possessions d’autrui. Maintenant l’heure de la mort a sonné, Pourquoi les espoirs sont-ils brisés ? La naissance et une destinée indésirable font très peur Et la mort elle aussi regorge de souffrances. Sensations, consciences, formations Et contact sont vivement ressentis. En raison de la soif, les puérils errent Et rencontrent des effets intolérables. Naître dans une mauvaise famille Nous enchaîne à la souffrance. Me souciant peu des mérites, J’ai fait souffrir les autres. La générosité et l’éthique altérées, J’ai tourné le dos à la doctrine. Comme je ne comprenais pas la naissance, Le serpent des passions m’a taraudé. Par ignorance, les puérils Errent, privés de la délivrance. Ne connaissant pas le sens du salut, Je me suis fourvoyé et j’ai commis des fautes. Emporté sottement par les passions, L’esprit s’en trouve toujours complètement perturbé. Entravé par toutes sortes de chaînes, le corps Flambe et se consume dans le brasier. Dans une complète illusion, Ne sachant où il est, Le corps vagabonde là où l’on ne trouve aucun bonheur, Le bonheur est offert dans le champ d’Eveillé. La roue de la doctrine est le remède suprême. L’éthique, la vérité de l’éthique, Ceci est la voix pure de l’Ainsi-allé.

Puis le Vainqueur transcendant s’adressa au bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena :

– Bhaishajyasena, de façon analogue, au moment de la mort, les êtres se lamentent sans aucun autre protecteur que le mûrissement des fruits d’actions méritoires.

Après avoir dit cela, le Vainqueur transcendant s’exprima également en vers :

– Pour avoir commis des fautes, Les êtres chutent dans les enfers Où ils s’habillent de linges brûlants Et boivent du métal en fusion. Des braises enflammées leur tombent dessus ; Les brûlures en sont insupportables. Grande est la peur dans les enfers, Où les corps sont brûlés à l’extrême. Sans connaître de plaisir, Sans même connaître la doctrine. Les puérils, entraînés par ce qui n’est pas la doctrine, Ne trouveront aucun bonheur. Celui qui a la foi et une parfaite éthique, Qui a la sagesse et un grand ascétisme, Qui s’appuie sur les amis spirituels, Deviendra vite un Ainsi-allé. L’Eveillé apparaît dans le monde Pour soutenir tous les êtres Qui s’entraînent à la persévérance suprême Et aussi pour exposer la doctrine des actes vertueux, Avec un esprit aimant. Bhaishajyasena, toi qui es établi dans la conduite pure et sublime, Puisque tu as écouté ces paroles, Réalise le plus splendide des accomplissements, Vois la libération totale et l’Eveillé, Le guide à la voix éloquente. Il est le père et la mère du monde, On l’appelle l’esprit de l’éveil. Celui qui révèle cette doctrine dans le monde, Est le meilleur ami spirituel si difficile à trouver. Ceux qui écoutent avec respect l’enseignement de l’Eveillé Deviendront de suprêmes Eveillés, Allés en félicité. Tous les êtres qui respectent les enfants incomparables de l’Eveillé, Seront libérés et deviendront des protecteurs du monde. Puis, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena demanda au Vainqueur transcendant :

– Pourquoi le flanc de cette montagne tremble-t-il ?

Le Vainqueur transcendant répondit alors au bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena.

– Bhaishajyasena, regarde attentivement !

Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena regarda donc et vit la terre se fendre aux quatre directions. Des crevasses, là où la terre s’était fendue, apparurent vingt millions d’hommes au nadir et vingt millions d’hommes au zénith.

Ayant vu cela, les jeunes demandèrent au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, qui sont ces gens qui naissent ici ?

– Avez-vous vu ces masses de gens ? demanda le Vainqueur transcendant.

– Oui Vainqueur transcendant, nous les avons vues.

– Ces masses de gens sont nées pour votre bonheur, répondit le Vainqueur transcendant.

– Ces gens mourront-ils également ?

– Amis, il en sera ainsi ! Tous ces êtres mourront également.

Les jeunes précédemment cités suivirent ces gens qui étaient nés, puis, joignant respectueusement les mains devant le Vainqueur transcendant, ils déclarèrent :

– Vainqueur transcendant, nous ne supportons plus de voir la naissance et la mort.

– Souhaitez-vous obtenir la force de la persévérance ? demanda le Vainqueur transcendant.

Ils répondirent :

– Nous avons vu l’Ainsi-allé en personne, Puis, avec ravissement, nous avons entendu la doctrine que nous avions souhaité entendre. Nous avons vu la Sangha, l’assemblée des disciples de l’Ainsi-allé. Nous avons vu les puissants pouvoirs miraculeux du bodhisattva. Aussi, Vainqueur transcendant, nous ne supportons plus de voir la naissance et la mort. Puis, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, et les cinq cents autres bodhisattvas qui l’accompagnaient se levèrent de leur siège et, grâce à leurs pouvoirs miraculeux, montèrent dans le ciel. Ils s’assirent jambes croisées et entrèrent en absorption méditative. De leur corps apparurent lions, tigres, serpents et éléphants. Leurs pouvoirs miraculeux leur permirent ainsi maintes transformations. Ils s’assirent jambes croisées au sommet de montagnes hautes de vingt yojanas et se transformèrent en dix milliards de soleils et de lunes qu’ils firent descendre (du ciel). Alors ces jeunes demandèrent au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison de ces grands rayons lumineux et de ces grandes manifestations miraculeuses apparus dans le monde ?

– Enfants de la lignée, répondit le Vainqueur transcendant. Avez-vous vu ces soleils et ces lunes ?

– Oui, Vainqueur transcendant, nous les avons vus ! Oui, Allé en félicité, nous les avons vus !

– Ces rayons lumineux et ces transformations magiques émanent d’un corps de bodhisattva. Après les avoir déployés, il exposera la doctrine pour le profit de nombreux êtres, pour le bonheur de nombreux êtres, par compassion pour le monde ; pour le profit et le bonheur de la grande assemblée des êtres, des dieux et des hommes. Ici, après avoir montré des corps d’hommes et la vigueur de la force physique, ils manifesteront des pouvoirs analogues.

– Vainqueur transcendant, veuillez enseigner la doctrine afin que se manifestent ces rayons lumineux.

Le Vainqueur transcendant s’adressa alors au bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena :

– Bhaishajyasena, as-tu vu le trichilio mégachiliocosme trembler de six façons différentes ?

– Oui Vainqueur transcendant, je l’ai vu ! Oui Allé en félicité, je l’ai vu ! Et j’ai pensé interroger l’Ainsi- allé sur un certain point ?

– Bhaishajyasena, demande ce qu’il te plaît, j’exaucerai tes souhaits en répondant à tes questions. Bhaishajyasena, j’expliquerai clairement tout ce qui concerne le passé, le présent et le futur.

– Vainqueur transcendant, veuillez enseigner pour dissiper mes doutes.

Vainqueur transcendant, je vois l’Ainsi-allé entouré de quatre-vingt-quatre mille fils divins, de quatre-vingt-quatre milliards de bodhisattvas, de douze milliards de rois nagas, de dix-huit milliards de yakshas et de vingt-cinq milliards d’esprits avides et de sorcières bariolées.

Le Vainqueur transcendant répondit :

– Bhaishajyasena, ces êtres sont ici pour entendre la doctrine que j’enseigne. Sinon, pour quelle autre raison seraient-ils assis ensemble ?

Bhaishajyasena, aujourd’hui, ils transcenderont le samsara. Souhaitant le profit de tous les êtres, aujourd’hui même, ils seront établis aux dix terres. Après avoir été établis aux dix terres, ils accéderont à la sphère de l’au-delà des peines.

Pour dépasser le vieillissement et la mort, il faut accomplir des actes positifs. Après avoir défait le noeud du désir-attachement, on est installé dans la doctrine de l’Eveillé.

– Vainqueur transcendant, comment se fait-il que tant d’êtres de diverses origines soient apparus ici et demeurent autour du Vainqueur transcendant ?

– Bhaishajyasena, écoute : (Pour) les êtres obscurcis, ignorants, Où est la libération ? Aujourd’hui, de nombreux jeunes Obtiendront des dharanis. Afin d’accéder aux dix terres, Ils connaîtront toutes les doctrines. Ils accèderont aux dix terres, Et accompliront les activités d’un Eveillé.

Ils mettront en mouvement la roue de la Loi Et déverseront une pluie d’enseignements. Ainsi, les êtres qui se sont réunis Seront ravis de mon exposé. Les dieux, les esprits-serpents, les esprits avides, Les dieux jaloux, les très irrités, Demeurant aux dix terres, Feront retentir la voix du dharma, Frapperont le tambour de la doctrine, Et souffleront dans la conque de l’enseignement. Ces jeunes posséderont aussi Le pouvoir de la persévérance Et deviendront identiques à l’Ainsi-allé. Aujourd’hui, ils obtiendront la doctrine. Puis, environ cinq mille jeunes s’étant levés de leur siège, joignirent respectueusement les mains devant le Vainqueur transcendant et s’adressèrent à lui :

– Pourquoi ne chercherions-nous pas dans le samsara à mettre un terme à la mort ? Vainqueur transcendant, le corps est un fardeau lourd, insupportable et empli de peurs. Si la voie n’est pas pleinement comprise, Ce n’est pas vraiment la voie. Aveugles, nous ne voyons aucun protecteur ; Aussi, nous vous implorons tous ensemble. Nous vous supplions de nous donner du courage. Guide, veuillez nous expliquer la doctrine. Nous sommes nés avec si peu de sagesse, Mais ne désirons pas les plaisirs. Exposez-nous la doctrine !

Délivrez-nous de cette intolérable souffrance. Où que nous naissions, Puissions-nous voir l’Eveillé. Puis, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena se rendit sur les lieux où se trouvaient les jeunes et s’adressa à eux :

– Mangez cette nourriture !

Savourez ce merveilleux breuvage ! Puis, devenus sans crainte, Ecoutez la doctrine d’absence de peur.

Ils répondirent :

– Noble aîné, qui êtes-vous ? Nous ne vous connaissons pas. Nous voyons en vous une grande beauté, Une forme sereine et renommée. Comme un être libéré Des grandes peurs dans le monde des esprits avides, Des enfers et des animaux, Toutes vos fautes sont apaisées. Vous tenez dans la main un réceptacle Composé des sept substances précieuses. Sur le corps, vous portez des fils d’or Et nous voyons la masse de lumière qui vous pare. Aux paroles calmes que vous avez prononcées, Nous sommes incapables de répondre. Nous n’avons pas besoin de nourritures Ni de boissons succulentes. La nourriture devient excrément Et les boissons, urine. Les liquides alimentent le sang Et le sang, la chair. Ce mélange de nourriture et de boisson Ne nous est pas nécessaire. Soieries, lainages et fins vêtements Sont inutiles. Bracelets en or ne sont pas nécessaires, Colliers de perles Et bagues ne le sont pas non plus. Toutes ces choses sont de nature impermanente. Nous sommes de misérables créatures Qui ne souhaitons pas perpétrer la vie. Pour obtenir le bonheur des dieux Et les dons de la doctrine, Seuls les amis spirituels sont nécessaires ; Même les monarques universels ne le sont pas. Quittant le continent des plaisirs extrêmes, Le monarque universel devra aussi mourir. Ses fils ne le suivront pas, Ni ses compagnes, ni ses filles. Les sept sortes de substances précieuses Jamais ne le suivront. Les nombreuses assemblées Jamais ne partiront à sa suite. A ce moment, le précéder Ne sera guère possible non plus. La vie des rois est impermanente Et s’écoule inutilement. Ayant commis de nombreuses actions négatives, Ils chutent ensuite dans l’enfer Lamentations. Dans les quatre continents, ils étaient certes entourés Des pouvoirs miraculeux des sept substances précieuses.

Mais lorsque le mûrissement de Lamentations a lieu Où vont ces pouvoirs miraculeux ?

Ils n’ont pas la moindre terre, Il n’est pas possible d’engendrer des pouvoirs miraculeux depuis la mort. Aîné, écoutez-nous ! Allez là où réside l’Ainsi-allé. Il est pour nous comme un père et une mère. Faites en sorte de le voir. Car nous n’avons ni mère, Ni père, ni frère. L’Ainsi-allé, le maître du monde, Est vraiment le père et la mère, Le soleil et la lune. Il montre la voie du bonheur. Il ne renaîtra plus. Il libère les êtres du samsara. Il est le radeau qui sauve De la grande peur qu’est la rivière des passions. Il fait traverser les êtres Pour qu’ils ne reviennent jamais. Il enseigne la pure doctrine Et montre l’éveil sublime. Peu nous importe la nourriture, Et nous ne voulons pas du fruit mondain. Nous ne voulons pas nous diriger vers les enfers terrifiants Ni vers le monde des dieux. La vie des êtres humains est une vie heureuse Où apparaissent les omniscients. La vie est courte et ils l’ont gaspillée. Ils ont commis des actions négatives avec leur corps. Ils ne savent pas ce qu’est la mort, Ils ne connaissent que les jouissances mondaines. Trompés par la naissance et par la mort, Ils sont sans peur, les ignorants.

Leur esprit est perturbé et changeant, Ils ne connaissent pas les propos subtils, Ne font aucune action positive, Ne connaissent pas la sphère de la sérénité. Sans aucune tristesse face à la naissance, Ils renaîtront sans cesse, Endureront longtemps les souffrances. Ayant toujours été punis et battus, Ils seront capturés, Ligotés et tués. Escortés par leurs fautes passées, Ils seront liés par les cinq chaînes.

Leurs espoirs seront brisés Et ils subiront douleurs et misères. Au moment où cesse la conscience, Les lamentations seront poignantes :

“Qui me protégera ? J’offrirai toutes mes possessions, Or, argent et cristaux. Je deviendrai un esclave Et j’agirai comme tel, Faisant toutes les corvées.

Je ne veux pas de jouissances mondaines ; Peu m’importe richesses et grains. Je ne veux pas de ce corps Qui ne se libère pas en commettant des fautes.” Aîné, peu nous importe la nourriture, A nous aussi. Ces rois qui mangent des mets délicieux Devront aussi mourir. Les dieux qui boivent de savoureuses boissons Devront aussi mourir. Les rois consomment des nourritures et des boissons Dépourvus de toute substance. Les rois si obsédés par les goûts Commettent tant de fautes. Pourquoi s’attacher à des saveurs Impermanentes et dénuées de toute substance ?

Nous ne voulons pas de nourriture, La nourriture ne nous importe absolument pas. Comment nous délivrerons-nous de la souffrance ? La nature de l’existence ne nous importe pas davantage. Nous voulons nous libérer des attaches, Nous voulons nous libérer des passions. Afin de nous libérer de toute attache, Nous voulons prendre refuge en l’Eveillé. Le grand sage, le protecteur du monde, Nous voulons lui rendre hommage. Vous qui voyez la souffrance des êtres, Nous ne connaissons pas votre nom, Veuillez nous le dire !

Bhaishajyasena répliqua :

– Comme tous les êtres, vous aussi Souhaiteriez entendre ce nom. L’Ainsi-allé est entouré Par un milliard de jeunes.

Ils déclarèrent :

– Vous êtes un disciple de l’Eveillé. Votre nom est profond et illustre. Tous les êtres pareillement, Souhaitent entendre votre nom.

Il répondit :

– Mon nom est Bhaishajyasena. Je suis le remède des êtres, Et, entre tous, je vous en exposerai Le meilleur. Les êtres, souffrant de maladie, Seront guéris de tous leurs maux. La maladie du désir-attachement Est une grande maladie effroyable Qui ravage le monde. La puissante maladie de l’aveuglement Egare les êtres sans jugement Et les conduit dans les enfers, Les mondes des animaux ou des esprits avides. Les puérils, saisis par l’aversion, Seront pareillement pacifiés. Ils déclarèrent :

– L’écoute de la sainte doctrine Nous libère de toute souffrance. Les puérils, ignorants, Délivrés de toute souffrance, Abandonneront toute action négative. Toute action négative abandonnée, Les effroyables peurs le seront aussi :

Nous entendons l’offrande de la doctrine. Le médicament, le roi des remèdes, Apaise toute maladie Guérit toute souffrance. Nous verrons bien vite l’Eveillé. Aîné, partez vite ! Allez rendre hommage à l’Eveillé! Respectueusement, rapportez nos paroles Au maître du monde, Et apaisez cette maladie ! Notre corps tout entier est en feu Il brûle sans répit. Apaisez cet effroyable feu. Le fardeau du corps est un grand fardeau, Une charge épouvantable, un aiguillon. Envers nous que la douleur tourmente Soyez compatissant, sublime ascète !

Les êtres, perpétuellement opprimés, Portent le fardeau de l’ignorance et de l’aversion, Sans savoir comment s’en libérer. Ils le portent continuellement, Sans connaître la voie de la libération, Sans voir la voie de la libération, Mais sans pourtant avoir peur du moment Où la conscience de la mort apparaît. Nous imaginons que la mort jamais ne survient Illusionnés, (nous pensons) ne pas mourir.

Même ayant vu la mort, Nous n’en avons pas conscience. De notre père même nous n’avons pas le souvenir, (Nous sommes) continuellement frappés par la maladie Et troublés par les passions. Comme de la nourriture absorbée, Des chaînes de la douleur nous sommes inconscients Et notre fatigue est inutile. De telles souffrances

Reposent sur l’ignorance, La conscience, la notion et la sensation. Grandes sont les peurs du lourd fardeau Pour ceux qui n’ont pas conscience de la doctrine. Errant avec stupidité et désir, Tourner dans le monde avec le fardeau du corps C’est être né inutilement. Qu’adviendra-t-il de ce corps Qui a besoin de bains, d’onguents, De vêtements propres et extrêmement fins, De nourritures savoureuses ?

Les oreilles entendent les sons plaisants Des cinq sortes d’instruments. Les yeux s’attachent aux formes Produites par les sept substances précieuses. La langue, elle aussi, goûte A toutes les saveurs délicieuses. Le corps ressent toujours Le contact doux et délicat. Ce corps achevé à partir de la joie De deux chairs, Né insensible, Qui le contentera ?

“Je donne du confort à ses jambes, Par des chaussures et des vêtements, Mais au moment de la mort, Vêtements et onguents ne le protégeront pas. Si le corps n’est pas non plus un refuge, Que dire alors des vêtements et onguents ?

Ce corps dit humain Reçoit la grande force de la respiration, Le pouvoir de l’écoute et du discernement. Ce corps possède de grandes dispositions. Jadis, entouré de chevaux et d’éléphants, Il jouait et vagabondait Sans connaître la doctrine de l’émancipation. A quelles actions négatives étais-je attaché  ?

Sans connaître le monde ultérieur, Je m’engageais dans des frivolités nuisibles. Je renaissais sans cesse, Et sans cesse la mort venait. Sans cesse je vois la misère, Je vois mourir des mères Qui se lamentent, Je vois mourir des pères, des parents, Des fils et des filles. Je vois aussi mourir des épouses. Puisque toute formation est vide, A quel être animé s’attacher ? L’esprit tenu par le désir, Sur qui convient-il de m’appuyer ? On ne peut prendre plaisir à mourir. L’esprit souillé par le désir, Je n’ai donné aucune offrande. Aucune faute n’égale le désir (Pourtant) à présent, je ne m’en détourne pas.”

Nous sommes nés avec toutes les erreurs. Tous les êtres vivants entendent Le son des richesses et des biens, Mais ils ne saisiront pas la pure doctrine. Le corps ne portera jamais la charge De chercher et de contempler la libération. Pour le bien du monde, que viennent Les Seigneurs des migrants, les Maîtres, les Eveillés !  L’Eveillé est le père et la mère du monde L’Eveillé montre la voie Et fait tomber une pluie de gemmes Partout dans notre monde. Les puérils ne savent pas A quoi ressemble l’agrégat de la doctrine. En dirigeant son esprit vers l’éveil, On obtiendra l’agrégat de la doctrine. Tous les facteurs composés sont vides, Jouir des biens est également vide. Le soi doit aussi être perçu comme étant vide. L’ayant vu, on doit être sans désir. Bhaishajyasena l’Aîné, Vous écoutez nos paroles. Aux bodhisattvas, nous souhaiterions

Que vous transmettiez ce message : “Se souvenant des maux du samsara, Les bodhisattvas ne sont jamais las. Ils possèdent enthousiasme et grand  ascétisme, Ils sont le creuset de toutes les qualités.”

Allez où réside l’Instructeur L’Instructeur bienheureux et éveillé, Le Vainqueur sans lassitude aucune.

Implorez-le pour nous :

“Vous avez triomphé de Mara Et annihilé son pouvoir. Vous avez promptement fait briller la doctrine Qui se saisit de tous les êtres.”

Cette doctrine qui fait les Eveillés. Nous ne l’avons pas entendue Pour notre profit, Introduisez-nous au plus vite ! Nous n’avons pas vu l’Ainsi-allé Pourvu des trente-deux marques, Ainsi, n’avons-nous pas traversé. Avec respect, nous le saluons tous.

Bhaishajyasena répondit :

– Levez les yeux un bref instant et voyez ! Ils levèrent les yeux et virent Trois mille cinq cents pavillons Ornés des sept types de gemmes Et magnifiquement décorés d’un lacis de bijoux. Le centre en était jonché de fleurs, Et parsemé de substances divines et d’encens.

Les jeunes demandèrent alors à l’Aîné :

– Pourquoi voyons-nous apparaître Ces pavillons ornés de bijoux entrelacés Et disposés comme les étamines d’un lotus ?

Bhaishajyasena déclara :

– Ces habitations sont pour vous, Pour vous permettre de voir l’Eveillé, D’aller où se trouve le Maître qui a transcendé le monde, Là où réside la Lumière du Monde.

Ils dirent :

– Nous ne connaissons pas le chemin Et ne voyons pas l’Ainsi-allé. Nous ne savons pas où est la voie. Où faut-il aller pour lui rendre hommage ?

Bhaishajyasena répondit :

– De même qu’on ne peut réellement atteindre l’espace infini, On ne peut pas aller Rendre hommage à l’Instructeur Qui octroie l’immortalité. Là où se trouve le Mont Sumeru, L’instructeur demeure aussi. L’Eveillé est semblable au Mont Sumeru Et au grand océan si profond. En nombre égal aux minuscules grains de poussière du trichilio mégachiliocosme, les bodhisattvas, venus des dix directions, Ne sachant où l’Eveillé était apparu, Vénèrent la Lumière du Monde.

Ils répliquèrent :

– Exaucez nos souhaits Nous voulons en esprit rendre hommage Au maître, puis atteindre les fruits.

Bhaishajyasena dit :

– Celui qui délivre du conditionné, Et appréhende la cause des êtres N’est pas attaché à l’encens, Aux guirlandes de fleurs ni aux onguents. Prenez refuge en l’Eveillé, Dont l’esprit est maîtrisé. Le mara le plus redoutable Ne le combattra pas. Ainsi, sera vite obtenu le dharani Qui empêche la soumission à la mort. L’esprit, devenu très fervent, Verra alors l’Instructeur. Puis le Vainqueur transcendant, l’Ainsi-allé, fit un sourire aussi doux que le chant du coucou. Alors, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena se leva de son siège et, joignant respectueusement les mains devant l’Ainsi-allé, s’adressa à lui :

– Vainqueur transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison du sourire manifesté par le Vainqueur transcendant et des quatre-vingt-quatre mille rayons de lumière qui apparurent de la bouche du Vainqueur transcendant ? Le trichilio mégachiliocosme fut empli par ces rayons lumineux, les trente-deux grands enfers en furent également emplis, même les trente-deux domaines des dieux brillèrent. Ces rayons aux couleurs variées – bleues, jaunes, rouges, blanches, coquelicots, irisées, argentées et autres – émanèrent de la bouche du Vainqueur transcendant, attisèrent le bonheur des êtres dans tous les univers du trichilio mégachiliocosme ; ils revinrent pour tourner par sept fois autour du Vainqueur transcendant, avant de se résorber au sommet de sa tête. Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena dit encore au Vainqueur transcendant :

– Si l’occasion m’en était donnée, j’aimerais poser une question au Vainqueur transcendant, l’Ainsi-allé, le Destructeur-de-l’ennemi, l’Eveillé parfaitement accompli.

Le Vainqueur transcendant répondit alors au bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena :

– Bhaishajyasena, pose les questions que tu souhaites. J’y répondrai, et mon explication réjouira ton esprit.

– Vainqueur transcendant, lorsque les trente milliards de jeunes eurent compris les subtilités de l’enseignement du Vainqueur transcendant, ils dirent aux anciens :

“Anciens, vous ne connaissez pas la doctrine. Toujours vous vous attachez à ce qui n’est pas la doctrine et à la non-vertu. Ainsi, vous ne considérez pas qu’on y trouve des subtilités et vous critiquez les autres.” Vainqueur transcendant, pourquoi prononçaient-ils des mots si plaisants et agréables ?

– Bhaishajyasena, ne sais-tu pas pourquoi ils s’exprimaient par ces mots. Ils adressaient ces mots doux et plaisants à l’Ainsi-allé. Bhaishajyasena, en entendant la doctrine, ils garderont à l’esprit le sens des toutes les doctrines, seront pourvus de toutes les qualités et comprendront les dharanis. Ils s’établiront ultérieurement dans les dix terres. Aujourd’hui, ils feront retentir le grand tambour de la doctrine. Aujourd’hui, ils posséderont le système de la grande doctrine. Bhaishajyasena, vois-tu ces pavillons ?

– Oui Vainqueur transcendant, je les vois ! Oui Allé en félicité, je les vois !

– Bhaishajyasena, aujourd’hui, après avoir pénétré dans ces pavillons, ces jeunes obtiendront une compréhension claire de la doctrine. Aujourd’hui même, ils deviendront pleinement accomplis en toutes les qualités vertueuses.

Aujourd’hui, ils feront retentir le grand tambour de la doctrine. Aujourd’hui, de nombreux dieux recevront une compréhension claire de la doctrine. Après avoir entendu l’exposé de la parfaite sagesse de l’Eveillé, de nombreux êtres qui on chuté chez les êtres des enfers détruiront le samsara et seront victorieux. A ce moment-là, les quatre-vingt-dix milliards d’anciens obtiendront le fruit de l’entrée dans le courant. Ils détiendront tous la doctrine.

Bhaishajyasena, ils abandonneront pleinement la souffrance.
Bhaishajyasena, ils accompliront la vision de l’Ainsi-allé.
Bhaishajyasena, tous détiendront aussi le son de la grande doctrine.
Bhaishajyasena, regarde aux quatre directions.

Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, observa les directions. Venant de l’est, il vit des bodhisattvas en nombre égal aux grains de sable de cinquante millions de fleuves Gange. Venant du sud, il vit des bodhisattvas en nombre égal aux grains de sable de soixante millions de fleuves Gange. Venant de l’ouest, il vit des bodhisattvas en nombre égal aux grains de sable de soixante-dix millions de fleuves Gange. Venant du nord, il vit des bodhisattvas en nombre égal aux grains de sable de quatre-vingt millions de fleuves Gange. Venant du nadir, il vit des bodhisattvas en nombre égal aux grains de sable de quatre-vingt-dix millions de fleuves Gange. Venant du zénith, il vit des bodhisattvas en nombre égal aux grains de sable de cent millions de fleuves Gange. Arrivés en présence du Vainqueur transcendant, ils s’installèrent de part et d’autre du Vainqueur transcendant.

Alors le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena demanda au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, quelles sont ces formes rouge et noire qui apparaissent là, dans le ciel ?

– Bhaishajyasena, ne sais-tu pas ce que sont ces formes rouge et noire ?

L’Ainsi-allé le sait. Bhaishajyasena, il s’agit des maras. Bhaishajyasena, veux-tu les voir ?

– Oui Vainqueur transcendant, je le veux ! Oui Allé en félicité, je le veux !

– Bhaishajyasena, pareillement, des bodhisattvas en nombre égal aux grains de sable de cent millions de fleuves Gange sont arrivés.

– Vainqueur transcendant, par quelle cause, pour quelle raison, ces bodhisattvas sont-ils arrivés ?

– Bhaishajyasena, ils sont venus en raison de ces jeunes. Tous ces êtres posséderont la doctrine de la méditation. Bhaishajyasena, vois-tu ces nombreuses masses d’êtres qui sont arrivées jusqu’ici, bénies par la force de divers pouvoirs miraculeux ?

– Je vois des bodhisattvas en nombre égal aux grains de sable de cent millions de fleuves Gange, et des bodhisattvas en nombre égal à cent mille milliards de fleuves Gange, demeurant dans les pouvoirs miraculeux, demeurant dans diverses formes, diverses couleurs et divers aspects. Et je vois que ces bodhisattvas demeurent dans l’état de la noble doctrine, et que ces bodhisattvas sont établis dans la doctrine en compagnie de leur entourage.

Le Vainqueur transcendant s’étant ainsi exprimé, le grand être Sarvashura, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, tous les bodhisattvas anciens et jeunes, et tous ceux qui étaient présents avec leur entourage :

dieux, hommes, dieux jaloux et musiciens célestes se réjouirent et louèrent les paroles du Vainqueur transcendant. Ainsi s’achève le noble Discours de Sanghata, composition de la doctrine.

Sources: Compilation proposée par Gilles PRIN
Ce travail qui nous permet d’accéder aux textes en français est un ensemble de sutras parmi les plus importants afin de pouvoir les étudier sans recourir à plusieurs livres. Merci Gilles pour ce partage.

 













Ce blog est un espace d'intégration et de recherche. Si vous n'avez pas vécu au plus profond de votre être c'est à dire intégré les fondements de ces articles ou de ces enseignements, vous ne pouvez pas les enseigner ou les transmettre mais simplement vous pouvez les pratiquer. Pour les pratiquer, Il ne s'agit pas de lire, il ne s'agit pas de citer, mais...
Vous devez entrer dans une pratique quotidienne !! dans tous vos instants.
Outre le fait qu'une bonne partie de ces articles font l'objet d'une méditation profonde, d'une reliance avec un flux certain d'énergie, il n'en est pas moins des courants de pensés, des pistes, des chemins à creuser pour le bien-être, la sérénité de votre corps, de votre esprit et de votre subtilité.




D'autre part, et selon les articles 10 de la Convention européenne des droits de l’Homme du 4 novembre 1950 et 11 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne de 2000 : « Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontières… » En conséquence, le site lesintuitions.com ne remplace en aucune façon une consultation médicale ou les conseils de tout autre professionnel de santé. Seul votre médecin généraliste ou spécialiste est habilité à l’établissement d’un diagnostic médical et à l’établissement du traitement adapté qui en découle.




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