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La nature des choses et des phénomènes
…/… Dans la façon dont nous avons de percevoir les phénomènes, il y a très souvent une différence entre la nature des choses, et comment elles nous apparaissent.
Bien sûr dans certains cas, on voit les choses telles qu’elles sont, mais la plupart du temps nous voyons les choses différemment, c’est-à-dire que la façon dont elles nous apparaissent n’est pas en harmonie ou en accord, n’est pas conforme à leur nature véritable.
On voit très souvent les êtres humains mais aussi les animaux, commettre des erreurs et observer qu’ils prennent une chose pour une autre. Il y a toutes sortes de méprises qui se produisent constamment dans l’existence et qui nous trompent, qui nous induisent en erreur. Ça c’est pour nos perceptions ordinaires, comme de voir une forme et de penser que c’est autre chose et donc ce genre de confusion se produit très souvent. Mais il y en a d’autres qui sont plus subtiles. Par exemple les phénomènes sont impermanent par nature jusqu’au niveau le plus subtile. Aucun phénomène ne peut demeurer identique à lui-même deux instants successifs, ça c’est pour la nature des choses.
La façon dont nous percevons est bien souvent comme quelque chose de permanent. Un objet, nous pensons qu’il existe, qu’il est permanent, qu’il semble solide, alors qu’en fait il change à chaque instant. Donc là il y a de nouveau une non-conformité dans la façon dont les choses nous apparaissent, et la façon dont ces choses sont. Ou encore il y a des choses qui nous semblent très attrayantes, qui nous semblent être source de bonheur, et qui en fait sont source de conflits, de troubles et de tourments. Donc elles nous apparaissent comme étant extrêmement attrayantes alors que leur nature sont en fait sources d’ennuis et de souffrances.
Un autre exemple, comme l’altruisme, le fait d’être très concerné par autrui, de chérir autrui, peut apriori ne pas sembler nécessaire à notre bien être personnel et donc, il nous apparait que de nous occuper simplement de nous, c’est la meilleure façon d’être heureux. Alors qu’en réalité on ne peut être heureux qu’au travers du bonheur des autres au travers de la compréhension de l’interdépendance que nous avons avec tout ce qui nous entoure et donc celui qui est centrer essentiellement sur lui-même et pense ainsi qu’il est heureux, il y a donc un manque de conformité entre la façon dont les choses sont et la façon dont ces choses nous apparaissent.
Pareillement nous avons ce sentiment d’un moi qui semble être le seigneur de notre être, le centre même de notre être, et nous pensons bien qu’il existe, mais ça c’est la façon dont nous percevons les choses. En réalité si on cherche le moi nous ne le trouverons ni dans le corps ni dans le flot de la conscience et donc il n’existe pas en lui-même. Là de nouveau il y a une différence entre la façon dont nous percevons les choses et dans la façon dont elles sont.
En bref, ces fausses perceptions sont de percevoir la permanence dans ce qui est impermanent, de percevoir comme une source de bonheur ce qui n’est très souvent qu’une source de souffrance, de percevoir qu’il y a un soi ou une entité personnelle là où il n’y en a pas, et de ne pas comprendre que l’altruisme est à la racine même de notre bonheur, de penser au contraire, que c’est en nous préoccupant de nous-même que nous serons heureux.
Donc il y a toutes sortes d’exemples à des niveaux extérieurs ou à des niveaux de plus en plus subtils dans lesquels il y a ces différences entre la façon dont les choses sont et dans la façon dont elles nous apparaissent.
Et cela est clairement apparent dans le phénomène de la perception. Par exemple si nous voyons une forme avec l’organe de la vision qu’est l’œil, et bien la conscience va commencer par enregistrer simplement cette perception telle qu’elle est, avant que des concepts ne viennent interférer. Nous parlons du premier instant et cela ne dure qu’un seul instant, il y a une perception simultanée à l’objet lui-même et qui n’est pas conceptuelle, qui n’est pas mélangée avec l’élaboration intellectuelle et dans lequel l’objet est perçu tel qu’il est, sans aucun concept qui ne soit attaché. Et là, donc c’est une conception pure disons directe et instantanée.
C’est l’instant d’après que la pensée va venir en jeu. Il va y avoir une image mentale de cet objet qui va se créer dans le flot de notre conscience. Cette image mentale va tout de suite être mélangées avec des concepts et nous allons voir cet objet et nous allons nous dire : « tiens, j’ai vu cet objet hier ! ». Donc la pensée de la permanence se mélange à cette perception. Nous tombons de nouveau dans une différence avec ce qui nous apparait et ce qui est.
si nous voulons avoir une connaissance juste des phénomènes, nous devons connaître deux choses. Tout d’abord la base des phénomènes tels qu’ils apparaissent, des phénomènes extérieurs qui déclenchent toutes ces perceptions, tous nos sens, mais aussi nous devons connaître la nature de l’agent du sujet qui connait ces phénomènes. De quelle façon notre perception fonctionne et de quelle façon notre conscience travaille et fonctionne. Donc nous en venons à comprendre que la principale raison qui fait que nous n’avons pas une connaissance juste de notre esprit et que nous ne sommes pas capable de maîtriser notre esprit afin d’atteindre à la plénitude et au bonheur, c’est parce que nous ne sommes pas conscient, nous n’avons pas connaissance de la nature ultime et profonde de la conscience.
Et pour cela, il y a aussi plusieurs aspects. Il y a la nature sur la vérité conventionnelle de la conscience, il y a la nature de la conscience du point de vue de la vérité absolue. Donc au sein de cette conscience il devient clair que ce qui nous empêche de maîtriser la compréhension de notre esprit ce sont les facteurs mentaux obscurcissant qui voilent les notions de cet esprit. C’est ce que l’on appelle les « claysha », « les toxines mentales » ou « les poisons mentaux ».
Et donc puisqu’ils sont, non seulement les causes qui nous empêchent de maitriser notre esprit et qui par conséquence induisent de la souffrance, il est important de savoir comment ces facteurs mentaux, ces « claysha » se forment. Car à ce niveau, si nous ne comprenons pas cela, il est sûr que ce qu’il va se passer, ce qu’il va être vécu ce sera la souffrance. Donc analyser la nature de ces facteurs mentaux obscurcissant, comment ils se forment, comment peut-on les éliminer est au cœur de la quête de la voie pour éliminer la souffrance et ainsi voir, regarder la nature profonde des choses et des phénomènes car le but ultime de chacun d’entre nous est d’accéder au bonheur.
C’est donc un ensemble que compose la façon dont nous voyons ces choses et ces phénomènes et nous ne pouvons pas ignorer toutes ces composantes, les interdépendances qui forme la façon dont notre esprit travaille et fonctionne. Nous devons épousseter ou peut être même faire un grand ménage pour que nous comprenions, pour que notre vision de la nature des choses et des évènements soit la moins altérée possible et soit la moins conceptualisée possible.
Regarder dans la subtilité de notre être, c’est à dire dompter ou maîtriser l’esprit qui est le notre, cesser ce brouhaha intérieur car l’esprit grossier est comme un enfant turbulent, afin de faire surgir l’aisance et l’harmonie intérieure . Cela passe obligatoirement par la compréhension mais aussi par la vision claire et le repos calme de notre esprit puis de tourner le regard sur le comment nous allons mettre en œuvre l’élimination de la souffrance.
Pour cela nous devrons voir le flot continuel de notre esprit et poser une analyse, une réflexion ou méditer sur la façon que nous avons de saisir chaque pensée, chaque mouvement de notre esprit et de le prendre pour soi. Ainsi nous pourrons voir avec précision l’une des manières que nous avons de créer notre souffrance, l’une des manières que nous avons de nous créer des émotions et qui ne nous appartiennent pas.
NDLR : Shiné ou Shamata : Le repos calme de l’esprit / Vipassana : La vision claire
Hervé
Lesintuitions.com
lesenergies.fr
Ref : Inspiré par l’enseignement de SS le 14eme DALAÏ LAMA Tenzin Gyatso donné en Italie en 2005 / Enseignements