Dhammapada Sutta
Paroles de vérité (Textes courts)
Tous les états mentaux ont l’esprit avant-coureur ; ils ont été créés par l’esprit. Si un homme parle ou agit avec un mauvais esprit, la souffrance le suit d’aussi près que la roue suit le sabot du bœuf tirant le char. Tous les états mentaux ont l’esprit avant-coureur ; ils ont été créés par l’esprit. Si un homme parle ou agit avec un esprit purifié, le bonheur l’accompagne d’aussi près que son ombre est inséparable.
« Il m’a vilipendé, il m’a maltraité, il m’a vaincu, il m’a volé ». Chez ceux qui accueillent de telles pensées, la haine ne s’éteint jamais.
« Il m’a vilipendé, il m’a maltraité, il m’a vaincu, il m’a volé ». Chez ceux qui n’accueillent jamais de telles pensées, la haine s’apaise.
En vérité, la haine ne s’apaise jamais par la haine, la haine s’apaise par l’amour, c’est une loi universelle. La plupart des hommes oublient que nous mourrons tous un jour. Pour ceux qui y pensent, la lutte est apaisée. Ceux qui prennent l’erreur pour la vérité et la vérité pour l’erreur, ceux qui se nourrissent dans les pâturages des pensées fausses, ceux-là n’arriveront jamais au réel.
Mais ceux qui prennent la vérité comme vérité et l’erreur comme erreur, ceux qui se nourrissent dans les pâturages des pensées justes, ceux-là, arriveront au réel.
De même que la pluie rentre dans une maison dont le chaume est disjoint, de même que la pluie ne rentre pas dans une maison bien couverte ainsi la passion pénètre un esprit non développé. De même, la pluie n’entre pas dans une maison bien couverte de chaume, ainsi la passion ne pénètre pas un esprit bien développé.
L’être bienfaisant se réjouit dans ce monde et se réjouit dans l’autre. Dans les deux états, il se réjouit. Il est content et extrêmement heureux quand il voit ses actes purs.
La vigilance (appamâda)
La vigilance est le sentier de l’immortalité. La négligence est le sentier de la mort. Ceux qui sont vigilants ne meurent pas. Ceux qui sont négligents sont déjà morts.
Comprenant bien cette idée, les sages vigilants qui suivent la voie des nobles, se réjouissent dans la vigilance.
Ceux qui sont sages, méditatifs, persévérants sans relâche, atteignent au Nibbana qui est la félicité suprême.
De celui qui est énergique, attentif, pur en ses actions, qui agit d’une manière réfléchie, se contrôle, vit avec droiture, qui est vigilant, la bonne renommée s’accroît.
Par sa diligence, sa vigilance, sa maîtrise de soi, l’homme sage doit se faire une île que les flots ne pourront jamais submerger. Les insensés par leur manque de sagesse, s’abandonnent à la négligence. Le sage garde la vigilance comme la richesse la plus précieuse. Ne vous laissez pas aller à la négligence, ni aux plaisirs des sens. Celui qui est adonné à la méditation obtient la grande joie. Vigilant parmi les négligents, éveillé parmi les somnolents, le sage avance comme un coursier laissant derrière lui la haridelle.
Par la vigilance, Indra, s’est éveillé, s’est élevé au plus haut rang des dieux. On loue la vigilance, on blâme la négligence. Le bhikkhu qui s’attache à la vigilance et qui redoute la négligence, avance comme le feu, brûlant ses entraves grandes et petites. Le bhikkhu qui s’attache à la vigilance et qui redoute la négligence ne peut plus déchoir. Il s’approche du Nibbana. Le sage redresse son esprit instable et incertain. De même que celui qui fabrique des flèches veille à ce qu’elles soient bien droites, de même le sage redresse son esprit instable et incertain, difficile à garder, difficile à contrôler. De même qu’un poisson rejeté hors de l’eau, notre esprit tremble quand il abandonne le royaume de Mara (le domaine des passions).
L’esprit est difficile à maîtriser et instable. Il court où il veut. Il est bon de le dominer. L’esprit dompté assure le bonheur. Que le sage reste maître de son esprit car il est subtil et difficile à saisir et il court où il veut. Un esprit contrôlé assure le bonheur. Errant au loin, solitaire, sans corps et caché très profondément, tel est l’esprit. Ceux qui parviennent à le soumettre, se libèrent des entraves de Mara. Chez celui dont l’esprit est inconstant, qui ignore la vraie loi et manque de confiance, la sagesse n’atteint pas la plénitude.
Celui dont l’esprit n’est pas agité ni troublé par le désir, celui qui est au-delà du bien et du mal, cet homme éveillé ne connaît pas la crainte. Quoi qu’un ennemi puisse faire à son ennemi, quoi qu’un homme haineux puisse faire à un autre homme haineux, un esprit mal dirigé peut faire pire. Ni père, ni mère, ni aucun proche ne nous fait autant de bien qu’un esprit bien dirigé.
Soyez plutôt conscients de vos propres actes. Que le sage vive en son village comme l’abeille recueille le nectar sans abîmer la fleur dans sa couleur et dans son parfum.
Ne vous occupez pas des fautes d’autrui, ni de leurs actes, ni de leurs négligences. Soyez plutôt conscients de vos propres actes et de vos propres négligences. Semblable à une belle fleur brillante et sans parfum, la belle parole de celui qui ne la suit pas est sans fruit. Semblable à une belle fleur brillante et parfumée, la belle parole de celui qui la suit est fructueuse. Il n’y a pas de camaraderie avec un insensé. Longue est la nuit pour celui qui veille ; longue est la route pour celui qui est las de marcher ; long est le cycle des naissances et des morts pour les insensés qui ne connaissent pas la vérité sublime. Si un chercheur ne trouve pas son supérieur ou son égal ; qu’il continue résolument son chemin solitaire ; il n’y a pas de camaraderie avec un insensé.
« Ces enfants sont à moi, ces richesses sont à moi » Ainsi pense l’insensé et il est tourmenté. Vraiment on ne s’appartient pas à soi-même. De même pour les enfants, de même pour les richesses. L’insensé qui reconnaît sa sottise est sage en cela. Mais l’insensé qui se croit sage est à juste titre un fou. Si un insensé est associé à un homme sage, même toute sa vie, il reste ignorant de la vérité, comme la cuillère ignore le goût de la soupe. Si un homme intelligent est associé même une seule minute à un homme sage, il connaîtra promptement la vérité, comme la langue perçoit les saveurs de la soupe. Les insensés, les fous, se conduisent vis-à-vis d’eux-mêmes comme des ennemis, faisant de mauvaises actions dont le fruit est amer. L’acte dont on se repent après, dont on éprouve le résultat avec des regrets ou des remords, cet acte n’est pas bien fait. Cet acte est bien fait quand il n’apporte aucun regret et quand le résultat est accueilli avec délice et satisfaction.
« C’est aussi doux que le miel », ainsi pense l’insensé du mal qui n’a pas encore porté ses fruits ; mais quand le mal a fructifié, alors l’insensé vient à en souffrir ».
Vraiment, la connaissance d’un insensé le mène à sa ruine. Elle détruit son bon côté en brisant sa tête. Recherchez l’amitié des meilleurs parmi les hommes. On doit s’associer avec celui qui fait voir les défauts comme s’il montrait un trésor. On doit s’attacher au sage qui réprouve les fautes. En vérité fréquenter un tel homme est un bien et non un mal. Ne prends pas comme amis ceux qui font le mal ou ceux qui sont bas. Fais ta compagnie des bons, recherche l’amitié des meilleurs parmi les hommes.
Celui qui boit à la source de la doctrine, vit heureux dans la sérénité de l’esprit. Le sage se réjouit toujours de la doctrine enseignée par le ariya. Les constructeurs d’aqueducs conduisent l’eau à leur gré ; ceux qui fabriquent les flèches les façonnent ; les charpentiers tournent le bois, les sages se contrôlent eux-mêmes.
De même que le rocher solide n’est pas ébranlé par le vent, de même les sages restent inébranlés par le blâme ou la louange. Comme un lac profond, limpide et calme, ainsi les sages deviennent clairs, ayant écouté la doctrine. Il est peu d’hommes qui passent sur l’autre rive. La plupart vont et viennent sur cette rive.
Mais ceux qui suivent la doctrine bien enseignée, franchissent le domaine de la mort, difficile à traverser. Tranquilles sont les pensées de celui qui est libéré complètement Il n’est pas de fièvre des passions pour celui qui a terminé son voyage, qui est libre de tout souci, qui s’est libéré de toutes parts, qui a rejeté tous ses liens. Les dieux eux-mêmes envient celui dont les sens ont été domptés, comme l’est un cheval par son cavalier, qui s’est débarrassé de tout orgueil et libéré de convoitises.
Comme la terre, un homme constant et cultivé ne s’offense pas ; il est semblable à un pilier, transparent comme un lac sans limon ; pour lui, le cycle de naissances et de morts n’existe plus.
Tranquilles sont les pensées, les paroles et les actes de celui qui, avec la connaissance juste, est libéré complètement, parfaitement paisible et équilibré. Que ce soit dans un village, dans une forêt, dans la plaine ou sur une colline, là où vivent les hommes dignes, cet endroit est charmant. Délicieuses sont les forêts où la foule ne se réjouit pas ; les hommes libres de passions y trouvent la joie parce qu’ils ne recherchent pas les plaisirs des sens.
On peut vaincre des milliers d’hommes, mais on n’a rien conquis si on ne s’est pas dominé soi-même. Meilleur que mille mots privés de sens, est un seul mot raisonnable, qui peut amener le calme chez celui qui l’écoute. Meilleur que mille versets privés de sens est une seule ligne de verset pleine de sens qui peut donner le calme à celui qui l’écoute. On peut conquérir des milliers et des milliers d’hommes dans une bataille ; mais celui qui se conquiert lui-même, lui seul est le plus noble des conquérants.
Un seul jour vécu dans la vertu et la méditation vaut mieux que cent années passées dans le vice et les débordements. Un seul jour vécu en comprenant la vérité suprême, vaut mieux qu’un siècle vécu dans l’ignorance de la vérité suprême. Faire le bien, éviter le mal. Hâte-toi vers le bien, garde ton esprit du mal. L’esprit de celui qui est lent à faire le bien, se réjouit du mal. Si quelqu’un commet le mal, qu’il se garde de recommencer. Qu’il ne s’y complaise. Douloureuse est l’accumulation du mal. Si quelqu’un fait le bien, qu’il persévère, qu’il s’en réjouisse. Heureuse est l’accumulation du bien. Un être malfaisant peut être heureux tant que sa mauvaise action n’a pas mûri, mais quand elle est mûre, le malfaisant connaît le malheur. Un être bienfaisant peut avoir de mauvais jours, tant que sa bonne action n’a pas encore mûri ; mais quand elle est mûre, le bienfaisant connaît d’heureux résultats.
Ne traite pas légèrement le bien en te disant : “il ne viendra pas sur moi”. Le pot s’emplit goutte à goutte, ainsi le sage, peu à peu, s’emplira de bien. Comme un marchand qui transporte d’abondantes richesses et n’a qu’une faible escorte, évite une route dangereuse, et comme un homme qui aime la vie se garde du poison, – ainsi doit-on s’éloigner du mal. Quiconque offense une personne pure, innocente et sans souillure, s’expose au retour du mal, comme si l’on avait jeté de la poussière contre le vent. Ni dans les airs, ni au milieu de l’océan, ni dans les antres des rochers, nulle part dans le monde entier, il n’existe une place où l’homme trouverait un abri contre ses mauvaises actions. Ni dans les airs, ni au milieu de l’océan, ni dans les antres des rochers, nulle part dans le monde entier, il n’existe une place où l’homme trouverait un abri contre la mort.
Le moine véritable
Tous tremblent devant le châtiment ; tous craignent la mort. Comparant les autres avec soi-même, on ne doit pas tuer, ni faire tuer.
Tous tremblent devant le châtiment ; à tous la vie est chère. Comparant les autres avec soi-même, on ne doit pas tuer, ni faire tuer.
Quiconque, en cherchant son propre bonheur, blesse les créatures qui désirent le bonheur, ne l’obtiendra pas dans l’autre monde.
Quiconque, en cherchant son propre bonheur, ne blesse pas de créatures qui désirent le bonheur, l’obtiendra dans l’autre monde.
Ni la coutume d’aller nu, ni celle des cheveux tressés, ni celle de répandre de la poussière sur son corps, ni le jeûne, ni le sommeil sur le sol, ni le fait de se recouvrir de cendres, ni les prosternations, aucune de ces choses ne purifie le mortel qui n’a pas dépassé le doute. Quoique vêtu avec raffinement, si un homme cultive la tranquillité d’esprit, s’il est calme, contrôlé, promis à l’émancipation de conduite, pur, s’il ne fait le mal à aucune créature, il est brahmane, il est ascète, il est bhikku. Il est temps de chercher la lumière.
Quelle hilarité, quelle allégresse peut-il y avoir quand tout est en feu ? Vous qui êtes enveloppés de ténèbres, ne chercherez-vous pas une lumière ? Les pompeux chars royaux sont détruits par l’usure. Le corps aussi va vieillir mais l’enseignement du sage ne vieillit pas. Ainsi les saints hommes le communiquent aux bons. L’homme ignorant vieillit à la manière du bœuf ; son poids augmente, mais non pas sa sagesse. Les hommes qui n’ont pas mené la vie pure et qui n’ont pas recueilli de richesses durant leur jeunesse, dépérissent comme de vieux héron près d’un lac sans poissons. La pureté et la souillure sont en nous-même
Commence par t’établir toi-même dans le droit chemin, puis tu pourras conseiller les autres. Que l‘homme sage ne donne aucune occasion de reproches. Si l’on se forme soi-même suivant les conseils qu’on donne aux autres, alors, bien dirigé, on peut diriger autrui. En effet, il est difficile de se maîtriser. En vérité, on est le gardien de soi-même ; quel autre gardien y-a-t-il ? En se maîtrisant soi-même, on obtient un gardien difficile à gagner.
Le mal fait par soi-même, engendré en soi, venant de soi, écrase le faible d’esprit comme le diamant broie une gemme. Il est aisé de se faire du tort et du mal. Ce qui est bon et bénéfique est très difficile à accomplir. L’insensé qui, appuyé sur des vues fausses, méprise l’enseignement des Êtres Nobles, des hommes dignes, des hommes droits, – celui-là produit des fruits (de ses actions) pour sa destruction, comme le bambou (qui produit le fruit pour sa destruction).
L’homme se souille par le mal qu’il a fait et il se purifie en l’écartant. La pureté et la souillure sont en lui-même ; personne ne peut purifier un autre. La voie qui guérit. Celui qui, après avoir été négligent, devient vigilant, illumine la terre comme la lune émergeant des nuées. Celui dont les bonnes actions effacent le mal qu’il a fait, illumine la terre comme la lune émergeant des nuées. Le monde est aveugle ; rares sont ceux qui voient. Comme les oiseaux s’échappant du filet, peu nombreux sont ceux qui vont vers le séjour céleste. La voie des Bouddhas S’abstenir du mal, cultiver le bien et purifier l’esprit : tel est l’enseignement des Bouddhas.
La meilleure des pratiques ascétiques est la patience. Le Nirvana est l’état suprême, disent les Bouddhas. Il n’est pas un reclus, celui qui fait du mal aux autres, il n’est pas un ascète, celui qui moleste autrui. Vivre sans haine. Parmi ceux qui haïssent, heureux sommes-nous de vivre sans haine. Au milieu des hommes qui haïssent, demeurons libres de haine. Parmi ceux qui souffrent, heureux sommes-nous de vivre sans souffrir. Au milieu des hommes qui souffrent, demeurons libres de souffrance. Parmi ceux qui sont inquiets, heureux sommes-nous de vivre sans inquiétude. Au milieu des hommes inquiets, demeurons libres d’inquiétude. Heureux en vérité sommes-nous, nous à qui rien n’appartient. Nous serons nourris de joie ainsi que les dieux rayonnants.
Le vainqueur engendre la haine. Le vaincu gît, étendu dans la détresse. L’homme paisible se repose bien, abandonnant à la fois la victoire et la défaite. Il n’y a pas de feu plus ardent que la concupiscence. Pas de plus grand malheur que la haine. Il n’y a pas de misère comparable à celle que procurent les éléments d’existence ; pas de béatitude plus haute que la paix du Nirvana. La santé est le plus grand gain, le contentement est la plus grande richesse. Un ami fidèle est le meilleur parent, mais la plus haute béatitude est le Nirvana. Ayant goûté aux douceurs de la solitude et de la paix, un homme s’affranchit de la souffrance et du mal ; il boit la douceur de la vérité. Vaincre le désir. Du désir des sens vient le chagrin, du désir des sens vient la crainte. Si l’on s’affranchit du désir des sens, on ne connaît ni le chagrin, ni la crainte.
De l’avidité vient le chagrin, de l’avidité vient la crainte. Si l’on s’en affranchit, on ne connaît ni chagrin, ni crainte. Vaincre la colère. Quiconque retient la colère montante, comme on arrête un char lancé, – je l’appelle un conducteur. Les autres ne font que tenir les rênes. Vaincre la colère par l’amour, le mal par le bien. Conquiers l’avare par la générosité et le menteur par la vérité. Dis la vérité, ne t’abandonne pas à la colère ; donne du peu que tu possèdes à celui qui te sollicite ; par ces trois qualités, l’homme peut se rapprocher des dieux. Ce n’est pas d’aujourd’hui mais depuis bien longtemps que sont critiqués ceux qui restent assis en silence, et ceux qui parlent avec profusion, et ceux qui parlent avec modération. Il n’est nul être au monde qui échappe à la critique. Il n’existe point, il ne fut jamais, il n’y aura jamais un individu qui est exclusivement blâmé ou loué. Les sages dont les actions sont contrôlées, dont les paroles sont contrôlées, dont les pensées sont contrôlées, en vérité, ceux-ci sont bien contrôlés.
Convoitise, haine, illusion et désir sont les causes de nos souffrances. Ainsi que l’orfèvre raffine l’argent brut, peu à peu et d’instant en instant, l’homme sage se purifie de ses impuretés. Quand la rouille apparaît sur le fer, le fer même est rongé. De la même manière, les mauvaises actions de l’homme le conduisent à l’état de souffrance. La vie est facile à l’être sans vergogne, à l’imprudent comme un corbeau, au malicieux, au fanfaron présomptueux, à l’impur. La vie est toujours dure au modeste, à celui qui recherche toujours la pureté, au désintéressé, à l’humble, à l’homme de vie droite et de jugement clair. Il n’y a pas de feu comparable à la convoitise, pas d’étreinte telle que la haine, pas de filet comme l’illusion. Il n’y a pas de fleuve comme le désir. Facile à découvrir est la faute d’autrui, mais notre faute est difficile à percevoir. On trie les fautes d’autrui comme la paille du blé ; mais on cache les siennes comme le tricheur dissimule un coup malchanceux.
Le sage.
On n’est pas sage parce qu’on parle beaucoup. C’est l’homme compatissant, amical, sans malice, qu’on appelle un sage. Un homme n’est pas un Thera (un ancien) parce que sa tête est grise. Il est seulement mûr par l’âge, et on peut dire qu’il a vieilli sans profit. Celui qui possède la vérité, la droiture, la non-violence et la maîtrise de soi, qui est sage et sans souillure, on peut en vérité l’appeler un Thera. Un homme ne devient honorable ni par la parole délié, ni par une belle apparence, s’il est envieux, avare et faux. Celui chez qui de telles dispositions d’esprit sont détruites, déracinées, cet homme sage délivré des passions est appelé honorable. La tête rasée ne fait pas un ascète de l’homme qui reste indiscipliné et menteur. Plein de désir et d’avidité, comment peut-il être un ascète ?
Celui qui s’est libéré de tout mal, petit et grand, on peut l’appeler un ascète, car il a surmonté tout mal. Un homme qui maltraite des créatures vivantes n’est pas un Ariya (être noble). Celui qui est compatissant pour toutes les créatures mérite d’être appelé un Ariya. Le Sentier qui libère. Le meilleur des sentiers est l’Octuple Sentier ; la meilleure des Vérités est les Quatre Vérités ; la meilleure des conditions est le détachement, le meilleur des hommes est celui qui voit et qui comprend. En vérité, ceci est le sentier ; il n’en est pas un autre qui mène à la purification de la vision. Suivez ce sentier et cela sera la confusion de Mâra (lamort).En suivant ce sentier, vous verrez la fin de la souffrance. Ce sentier, je l’ai déclaré, ayant connu comment extirper les flèches de la douleur. Vous devez faire l’effort vous-même ; les Tathâgata (Bouddhas) ne font qu’enseigner le sentier. Les pratiquants méditatifs arrivent à se délivrer des entraves de Mâra. “Toutes les choses conditionnées sont impermanentes” : une fois qu’on voit cela par la sagesse, on est dégoûté de la souffrance.
Ceci est le sentier de la pureté. “Toutes les choses conditionnées sont chargées de souffrances” : une fois qu’on voit cela par la sagesse, on est dégoûté de la souffrance.
Ceci est le sentier de la pureté. “Tous les dhamma (tous les phénomènes – conditionnés ou non) sont sans Soi” : une fois qu’on voit cela par la sagesse, on est dégoûté de la souffrance.
Ceci est le sentier de la pureté. Quand le moment est venu d’être actif et d’agir, quiconque étant jeune et fort, ne fait pas son devoir, s’adonne à la paresse, se montre faible, apathique, inerte dans sa volonté, celui-là ne trouvera pas le chemin de la sagesse. Veiller sur la parole, contrôler l’esprit, s’abstenir des actes mauvais : qu’on se purifie par ces trois moyens d’action pour atteindre le sentier déclaré par les sages.
Vues fausses, vues justes.
Le menteur va en enfer et aussi celui qui, ayant agi, nie son acte. Dans l’avenir, tous deux, hommes d’actions basses, partagerons le même sort. Mieux vaut ne pas faire la mauvaise action ; car après, la mauvaise action tourmente celui qui l’a commise. Mieux vaut faire la bonne action qui, accomplie, ne causera nul tourment à celui qui l’a commise.
Ceux qui ont honte de ce qui n’est pas honteux et ceux qui n’ont pas honte de ce qui est honteux, ces êtres adonnés aux vues fausses, vont dans un état malheureux.
Ceux qui ont peur de ce qui n’est pas à craindre, et ceux qui n’ont pas peur de ce qui est à craindre, ces êtres adonnés aux vues fausses, vont dans un état malheureux.
Ceux qui voient le mal où il n’y en a pas et ceux qui ne voient pas le mal où il se trouve, ces êtres adonnés aux vues fausses, vont dans un état malheureux.
Reconnaissant le mal comme le mal, et le bien comme le bien, les êtres qui embrassent les vues justes, vont dans un état heureux. Ce qui est bon. Comme l’éléphant de combat reçoit la flèche jaillie de l’arc, ainsi supporterai-je patiemment l’insulte. Certes, la plupart des gens sont vicieux.30/ 346Sutras essentiels du canon bouddhique – Gratuit – Ne peut être vendu. L’éléphant discipliné est conduit à la bataille. Le roi le monte. Le meilleur parmi les hommes est celui qui, discipliné, supporte l’insulte. Excellents sont les mulets dressés, et les chevaux pur-sang du Sindh, et aussi les grands éléphants de combat. Meilleur encore est l’homme qui s’est contrôlé lui-même. Il est bon d’avoir un ami secourable. Il est bon d’être satisfait de tout ce qui arrive.
Il est bon, à l’heure de la mort, d’avoir accompli de bonnes actions. Il est bon d’abandonner tout chagrin derrière soi. Il est bon de pratiquer la vertu tout au long de la vie. Il est bon de garder une confiance solide. Il est bon d’acquérir la sagesse. Il est bon de ne faire aucun mal.
Le détachement
Comme un arbre coupé pousse encore si ses racines demeurent intactes et fortes, ainsi la souffrance jaillit encore et toujours, tant que l’on n’a pas aboli la convoitise. Traqués par la convoitise, les hommes courent en tous sens comme des lièvres poursuivis. Saisis par les entraves, ils connaîtront longtemps encore la souffrance. Ce qui est fait de fer, de bois ou de chanvre n’est pas un lien fort, mais l’attachement aux joyaux et aux parures, aux enfants et aux épouses, est certes un lien puissant, déclarent les sages ; et c’est un lien fort dont il est pénible de se débarasser. Cependant certains le coupent et choisissent la vie sans foyer ; ils abandonnent les plaisirs des sens sans regarder derrière eux. Il en est qui s’emprisonnent dans leur propre filet d’acharnement au plaisir, comme l’araignée dans sa toile. Les sages abandonnent même cela, sans se retourner, et laissant tout souci derrière eux. Le don de la Vérité surpasse tout autre don ; la saveur de la Vérité surpasse toute autre saveur ; la joie de la Vérité surpasse toute autre joie ; l’extinction du désir vainc toute souffrance. Concentration et sagesse. Il est bon de contrôlé l’oeil. Il est bon de contrôler l’oreille. Il est bon de contrôlé le nez. Il est bon de contrôler la langue. Il est bon de contrôlé le corps. Il est bon de contrôler la parole. Il est bon de contrôlé l’esprit. Dans tous les cas le contrôle est bon.
Le bhikkhu qui se contrôle de toute façon est affranchi de toute souffrance. Le bhikkhu qui contrôle sa langue, mesuré dans ses paroles, qui n’est pas bouffi d’orgueil, interprète la Doctrine en l’éclairant. Et ses paroles sont douces. Observateur de la Doctrine, faisant sa joie de la Doctrine, méditant sur la Doctrine, se souvenant de la Doctrine, le bhikkhu agissant ainsi restera toujours fermement établi en elle. Le bhikkhu qui vit dans un état d’amour bienveillant, qui se délecte de l’Enseignement de l’Eveillé, ce bhikkhu atteint la paix du Nirvana, la fin tranquille et bienheureuse de l’existence conditionnée. Il n’y a pas de concentration pour celui qui manque de sagesse ; il n’y a pas de sagesse pour celui qui manque de concentration. Il est vraiment près du Nirvana, celui en qui se trouvent la concentration et la sagesse. Le bhikkhu qui, dans une demeure solitaire, tranquillise son esprit, goûte une joie surhumaine dans la claire vision de la Doctrine. Quand il reflète comment les agrégats de l’existence naissent et disparaissent, il goûte le bonheur et la joie. C’est le nectar des sages. On est son propre protecteur. Qui d’autre pourrait être le protecteur ? Donc, contrôle-toi comme le marchand maîtrise son cheval impétueux. Empli de joie, transporté par le message du Bouddha, le bhikkhu atteint l’é-tat tranquille, l’apaisement heureux des conditionnés. Même un jeune bhikkhu qui se consacre à la Doctrine du Sublime Eveillé, illumine ce monde comme la lune émergeant des nuées.
Sources: Compilation proposée par Gilles PRIN
Ce travail qui nous permet d’accéder aux textes en français est un ensemble de sutras parmi les plus importants afin de pouvoir les étudier sans recourir à plusieurs livres. Merci Gilles pour ce partage.